![Jean-Charles Sentier, vice-président du syndicat mixte du Grand Bassin de l'Oust.]()
Jean-Charles Sentier, vice-président du syndicat mixte du Grand Bassin de l’Oust.
Le phénomène est connu depuis la fin des années 1980. Le développement des cyanobactéries dans le lac au Duc entre Ploërmel et Taupont (Morbihan), est un problème majeur. Le Grand bassin de l’Oust mène des expérimentations pour réduire leur expansion.
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Les interdictions de baignade ou de consommation de poisson sont courantes. Mis à part en 2019, où le niveau des cyanobactéries a permis une activité sans interruption. Jean-Charles Sentier, vice-président du Grand Bassin de l’Oust (GBO), indique :
On a seulement observé une remontée en septembre.
Le risque majeur qui préoccupe le syndicat mixte du Grand Bassin de l’Oust est la libération de toxines dangereuses pour l’homme que contiennent ces cyanobactéries. Jusqu’ici, cela ne s’est jamais produit.
Quelles causes ?
Ces organismes unicellulaires se développent notamment en raison du phosphore qui peut provenir de différents milieux, stations d’épuration, végétation qui se dégrade, selles d’animaux ou encore via les pratiques agricoles.
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Une larme d’eau peut contenir jusqu’à trois millions de cyanobactéries.
Quels risques ?
Chez l’homme, le contact ou l’ingestion de cyanobactéries peuvent causer des diarrhées, des gastro-entérites, des maux de tête mais également des irritations de la gorge et des oreilles ou encore cutanées.
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En cas de libération des toxines, les cyanobactéries peuvent être très dangereuses pour l’homme. Elles le sont tout autant pour la faune. En 2012, 4,8 tonnes de poissons morts avaient été ramassées en seulement trois jours dans le lac.
Quelles actions ?
À l’image de ce qui avait été fait dans les années 1990 pour réduire la concentration de nitrate, GBO veut agir dans le temps.
Depuis que le problème des cyanobactéries est connu, de nombreuses pistes ont été étudiées et quelques actions ont été mises en place.
Un gros tuyau — un bulleur — a été installé dans le lac à la fin des années 1990, afin d’oxygéner les bactéries. Mais les coûts d’entretien trop importants et la pratique des loisirs nautiques n’ont pas permis son utilisation sur le long terme. Jean-Charles Sentier confie :
Un jour ou l’autre, il est possible qu’on l’utilise à nouveau car il est toujours en place.
Pour limiter l’arrivée de terre dans le lac, un piège à sédiments avait été monté à Loyat à la fin des années 90. Mais il a été rempli tellement vite que l’idée a été abandonnée.
Il aurait fallu le curer tous les trimestres avec un coût important.
Puis, le traitement au sulfate de cuivre a été utilisé un temps, au début des années 2000. Enfin, en 2012, des tests au carbonate de calcium ont été menés sur la zone de baignade pour entraîner les cyanobactéries dans le fond du lac.
Et maintenant ?
Le conseil communautaire a approuvé, le 4 juin 2018, la participation de Ploërmel communauté au projet international InterregCPEs « Channe Payments for Ecosystem Services ».
Ce programme européen réunit différents partenaires : l’Université de Rennes, l’Inra, le CNRS, la junior entreprise d’Agrocampus, la chambre d’agriculture, le conseil régional… Chacun a une mission bien définie. En tout, les partenaires du projet investissent plus de 1,5 million d’euros pour le territoire.
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Aujourd’hui, le GBO souhaite poursuivre les travaux sur la maîtrise des flux de phosphore et mieux comprendre les proliférations des cyanobactéries et leur origine. Leur objectif est d’obtenir des résultats sur le long terme. Jean-Charles Sentier précise :
Les actions qui étaient menées avant, c’était du curatif, aujourd’hui on cherche des solutions durables dans le temps. On n’enlèvera jamais la totalité des cyanobactéries, mais on peut trouver un moyen de les limiter.
De ce fait, le SMGBO a défini une zone, à Guilliers, pour mener ses futures actions. 11 agriculteurs ont été mobilisés pour prendre part au projet et changer leurs pratiques en remettant du bocage ou des talus. Reste à leur assurer une garantie financière.
Pour cela, le GBO démarche les entreprises qui ont des obligations dans le cadre de leur fonds RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Jean-Charles Sentier explique :
De nombreuses entreprises locales ont ces obligations RSE, et nous allons les voir pour qu’ils mettent cet argent dans le territoire.
À ce jour, le syndicat a rencontré les dirigeants d’Yves Rocher, Vinci, Brézéo ou encore Liger. Ce sont plusieurs millions d’euros par an qui devront être trouvés. « C’est la partie la plus compliquée », admet Jean-Charles Sentier.
![Une étude sera peut-être menée autour de la cascade. Le brassage permettrait de modifier la température et une oxygénation naturelle.]()
Une étude sera peut-être menée autour de la cascade. Le brassage permettrait de modifier la température et une oxygénation naturelle.
D’autres pistes ?
Les pêcheurs ont remarqué que lorsque la cascade, située au niveau de la digue, coule plus tard dans l’année, le brassage permet de modifier la température et une oxygénation naturelle de l’eau.
En 2019, elle a coulé plus longtemps, cela a peut-être joué sur les bonnes conditions de l’an dernier. On va donc étudier pour voir s’il n’y a pas un travail à faire autour de cette cascade.
Des tests devaient être menés par l’Université Rennes 1 à l’aide d’ultrasons en 2019. Ces derniers avaient fait leur preuve aux États-Unis, mais le lac au Duc n’était pas assez profond.