« C’est plus pratique pour moi parce que j’habite juste en face, au Champ-Perrier ! Et c’est agréable de pouvoir couper par un bel endroit. »
Deux sacs de provisions à bout de bras, cette Alençonnaise ne cache pas sa satisfaction d’emprunter quotidiennement le nouveau parc de la Providence. « J’ai hâte d’être au printemps, de sentir le parfum des fleurs. Dommage qu’il n’y ait pas plus d’arbres », signale une autre femme, usagère des bus qui, elle aussi, « coupe » désormais par la providence pour gagner le cœur de ville.
« Des berges dangereuses »
« C’est plus court, plus pratique et plus joli pour aller au centre-ville », note une Alençonnaise en attente d’un bus Alto au Champ-Perrier. « Par contre, le soir, après 18 h 30, je ne viens pas attendre le bus ici. C’est trop désert et trop sombre. Je pousse jusqu’à celui d’après, à Montsort où je me sens plus rassurée », ajoute-t-elle.
Sa voisine d’abribus aimerait voir les berges de la Sarthe, côté Champ-Perrier, s’aménager. « C’est dangereux pour les enfants et les animaux car il n’y a pas de protection. Il faudrait un grillage pour ne pas tomber dans la rivière ».
Des jeunes filles à proximité sourient. « Nous, on aime bien les mains qui représentent la langue des signes », déclarent-elles. Preuve qu’elles n’empruntent pas le chemin le plus court pour gagner le centre-ville. « On circule dans les allées. C’est joli ».

À brûle pourpoint, le parc de la Providence ravit assurément les usagers du bus. L’écho est néanmoins quelque peu différent de l’autre côté de la rivière, chez les commerçants de la Grande-rue.
Une navette électrique ?
« Le déplacement des bus a engendré une perte d’activité. Depuis qu’ils ne passent plus par la place La Magdeleine, la fréquentation a baissé. On n’a plus les clients qui venaient faire des achats entre deux bus. Et le samedi matin, certaines personnes ne viennent plus sur le marché. Le Champ-Perrier, ça fait trop loin », regrette Marie-Sophie Brard, la patronne de la Maison de la Presse qui aimerait « une navette électrique entre le Champ-Perrier et la place La Magdeleine ». Car selon elle, « ce n’est pas logique qu’on réaménage le centre-ville pour le rendre accessible aux personnes à mobilité réduite et, dans le même temps, on éloigne les bus ! »
Même remarque chez Ghima : « Il faut pouvoir rendre le centre accessible à toutes les catégories de personnes. Et là, ce n’est pas le cas ! J’ai une amie qui souffre d’insuffisance respiratoire et elle a eu des difficultés pour aller du Champ-Perrier au Passage. Sur le chemin du retour, elle s’est arrêtée à ma boutique car même si ce ne sont que 400 mètres de plus par rapport à l’ancien arrêt de La Magdeleine, c’est 800 m sur un aller-retour ! », signale Ghislaine Marié.
Pour d’autres commerçants de la Grande-rue, « il est encore trop tôt pour dresser un bilan » de la fréquentation du centre-ville depuis l’ouverture de la Providence même s’ils conviennent « que la rue est vide dès 18 h 30 alors qu’avant il y avait les gens qui attendaient le bus ».
Un marché couvert ?
Qu’en pensent les commerçants non sédentaires du marché ? « On fait de moins bons marchés depuis le début de l’année mais ce n’est pas dû à cela ! Quand les pommiers des jardins produisent bien, les gens n’en achètent pas sur le marché ! », sourit un producteur sarthois de pommes qui, depuis le Plénitre apprécie la vue sur la Providence. « Au moins c’est joli et très réussi ! »
Idem pour son confrère : « On ne mesure pas, tant le jeudi que le samedi, si l’affluence est meilleure ou pas. Moi, je ne vois rien de cela. Par contre, le parc est très réussi ! »
Une marchande de produits fermiers confirme : « C’est joli mais un marché couvert, ça aurait été mieux car depuis le début de l’année, il pleut tous les jeudis ! Au moins, le marché couvert ferait venir les gens plutôt que de braver le mauvais temps avec son parapluie pour faire ses courses ! »
Pour Flavie Mercier, fromagère, « le marché du samedi est moins bon ! C’est une drôle d’idée d’avoir supprimé le bus qui permettait aux gens, notamment ceux qui ont une mobilité réduite, de descendre au pied du marché place La Magdeleine ! Il faudrait rétablir une navette entre les deux sites, les jours de marchés au moins, car on a besoin de tout le monde ! »
Pour le boucher d’en face, « c’est le stationnement qui manque comme dans bon nombre de villes. Ce n’est pas facile de faire quelques mètres de marche avec des sacs chargés de provisions ! Ou alors il faut du transport collectif au pied des marchés. On le voit au Mans avec le tram. On a gagné en affluence ! »
Christian Roullier, maraîcher sarthois, constate, lui aussi, une diminution de fréquentation des marchés. « Il y a moins de monde le jeudi mais c’est carrément moins 50 % le samedi. ça se voit à vue d’œil ! » La cause, selon lui ? « Le stationnement. Il faudrait du parking gratuit sur une heure. ça laisse le temps de faire son marché sans redouter une contravention. Parce que les policiers sont là à chaque marché ! Du coup, les gens deviennent allergiques aux PV ! ça fait longtemps qu’on demande cela ! »
Stationnement gratuit en souterrain
À deux pas des étals, rue Becquembois, deux agents de sécurité de la voie publique veillent effectivement au bon stationnement des voitures. « On est là pour cela ! », sourient-ils. « Pour ne pas que la circulation des bus soit entravée par des voitures qui stationnent à cheval sur le trottoir ou même directement sur le trottoir comme c’est le cas ce jour, sur l’arrêt Plénitre qui dessert le marché ».
Ces deux agents ne sont pas favorables au stationnement gratuit. « Parce qu’il profiterait aux gens qui travaillent dans la ville et qui arrivent avant ceux qui viennent acheter sur le marché. Du coup, ça ferait des voitures tampon ! L’horodateur évite cela ». Et surtout, « la demi-heure gratuite existe à Alençon ! Dans le parking souterrain. Et ça fonctionne très bien car les jeudis et samedis matins, il est toujours plein ! Il a ses habitués du marché. »
« Travailler la liaison »
L’étude de stationnement devrait permettre de trouver une solution à l’éloignement des bus de La Madgeleine pour les personnes à mobilité réduite. « Mais le fait d’avoir libéré cette place des bus va permettre de l’occuper pour des animations qui ne pouvaient y avoir lieu jusqu’alors. Tout comme il n’était pas possible d’occuper la rue du Bercail plus de trois jours consécutifs ! Désormais, ça l’est ! »
Le maraîcher Christian Roullier, la buraliste Marie-Sophie Brard, la commerçante Ghislaine Marié et la fromagère Flavie Mercier constatent une baisse de fréquentation du centre-ville et des marchés et donc une baisse de leur activité depuis le déplacement des bus vers le Champ-Perrier, de l'autre côté de La Providence.DSC_1588.JPGDSC_1589.JPGDSC_1590.JPGDSC_1593.JPGDSC_1663.JPGDSC_1668.JPGDSC_1674.JPGDSC_1675.JPGDSC_1677.JPGDSC_1680.JPGDSC_1703.JPG