« Donner des perspectives à l’agriculture ornaise ». C’était le thème choisi lors de l’assemblée générale de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles), lundi 11 avril, à Alençon. Un moyen de redonner de l’espoir à une profession en crise ?
« On se bat depuis un an, mais je sens les agriculteurs désemparés, désespérés. Sans perspectives, on ne peut avancer. D’autant que l’on se sent abandonné : les aides de la PAC (Politique agricole commune) diminuent, les quotas laitiers ont disparu. On doit réinventer nos rapports avec les entreprises. La FDSEA a donc décidé d’inviter les acteurs majeurs de la profession : Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export céréales ; Serge Moly, directeur des approvisionnements lait chez Lactalis, et Michel Oriac, directeur des productions animales chez Agrial. Je n’imagine pas ces entreprises sans vision à long terme. Nous, agriculteurs, souhaitons partager cette vision ».
Plus de 300 personnes étaient massées dans la halle aux Toiles. Du jamais vu pour une AG de la FDSEA ?
« En effet, l’événement n’avait encore jamais attiré autant de monde. Mais, dans un contexte de crise, nos membres attendent qu’on leur donne « des clés » pour l’avenir. C’est ce que nous avons tenté de faire avec une liste d’intervenants jouant des rôles stratégiques dans le domaine agricole. Et puis notre président national, Xavier Beulin, a fait le déplacement ! La période difficile que nous traversons fédère également les adhérents : ils ont apprécié toutes les actions – visibles et invisibles – menées depuis un an par notre syndicat. Ils se sont sentis épaulés, soutenus. Certains sont venus nous remercier pour cette implication ».
Les différentes mobilisations ont-elles été utiles ? Quels combats reste-t-il à mener ?
« Elles n’ont pas été vaines : nous avons obtenu, entre autres, un allégement des charges sociales, et l’étiquetage de l’origine de la viande par les opérateurs français. Mais la mobilisation continue. Sur l’origine des produits, justement, nous veillerons à ce que chacun joue le jeu. On veut aussi plus de transparence sur la composition des prix. Nous demandons également au gouvernement et à nos élus d’être davantage attentifs au contexte européen : il est primordial d’acquérir un équilibre entre pays. Nous devons être assujettis aux mêmes charges, aux mêmes normes environnementales… La priorité de notre fédération est de sauver nos agriculteurs, d’être à leurs côtés. L’année 2016 va être compliquée : des exploitations ont été mises à rude épreuve en 2015, et ont jusqu’alors tenu en puisant dans les bas de laine… ».
« Établir une relation gagnant-gagnant »
C’est le message délivré par Xavier Beulin, président de la FNSEA :
« On a besoin de leaders, dans nos filières animales. Avoir des acteurs majeurs, comme par exemple dans la volaille, est réjouissant. Cela permet des solutions industrielles efficaces, des schémas compétitifs. Nos grandes filières ont besoin d’être tirées par ces leaders, et c’est un non-sens, que d’opposer les systèmes entre eux, de positionner les maillons de la chaîne les uns contre les autres. Nous devons avoir une vision partagée, commune à un schéma de filière. Trouver une combinaison intelligente pour valoriser tous les segments de marché ».
Pas question, non plus, d’opposer « marché national et international », ou « bio et classique ». Y’a-t-il un « profil idéal » d’exploitation ?
« Non, et c’est justement la diversité de nos modèles qui assurera le succès de demain. La ferme des 1 000 vaches peut cohabiter avec la petite ferme savoyarde. C’est cet ensemble, qui fait la richesse du marché français », répond Serge Moly, directeur des approvisionnements lait chez Lactalis.