Quelques jours avant la course, Marc Fournier s’attendait à regarder ses coéquipiers de la FDJ participer au Circuit de la Sarthe, à quelques kilomètres de sa ville natale, Alençon. « À la base, je ne devais pas participer », confirme le jeune coureur de 21 ans. « Mais un de mes coéquipiers est tombé malade et j’ai dû le remplacer. »
Le destin, diront certains. Car vendredi 8 avril, sur la ligne d’arrivée à Arnage, c’est bien l’Alençonnais qui terminait la course avec le maillot jaune sur les épaules et une première victoire de marque dans sa très jeune carrière professionnelle.
« J’ai senti que j’avais les jambes »
Passé pro en novembre 2015, Marc Fournier débutait par une blessure. Un poignet fracturé qui l’obligeait à se faire opérer. Quelques mois plus tard, sa participation inattendue au Circuit de la Sarthe-Pays de la Loire devait lui permettre « de reprendre le rythme, d’apprendre aux côtés de coureurs aguerris et d’engranger de l’expérience ».
Mais dès la première étape, Marc Fournier se sent pousser des ailes :
« Remporter une victoire aussi rapidement a été une surprise. Mais pendant la première étape, j’ai senti que j’avais les jambes pour aller au bout. Lorsqu’on avait 17 minutes d’avance, je me suis dit qu’il y avait un coup à jouer car j’ai des qualités de coureur. »
Au Château-du-Loir, le Français l’emporte avec 2 minutes et 26 secondes d’avance sur son poursuivant et enfile le maillot jaune. Il ne le lâchera plus.
La tâche s’annonçait pourtant difficile. Dès le lendemain, le contre-la-montre dans la cité angevine était son premier obstacle. Il l’a franchi avec brio, réalisant le 5e chrono « avec seulement 8 secondes de retard sur le vainqueur. Là, je me suis dit que j’avais de super jambes et j’ai commencé à croire à la victoire finale », avoue-t-il.
« Une équipe exceptionnelle »
Lors de la 3e étape, Marc Fournier a passé le deuxième obstacle qui se dressait devant lui : le Mont des Avaloirs et ses bosses redoutables.
« Beaucoup pensaient que j’allais perdre mon maillot à Pré-en-Pail. »
Pour le conserver, il « a tout donné. Et grâce au travail exceptionnel de mon équipe, je n’ai perdu que quelques secondes (27 précisément) sur le deuxième du classement général », le Français Jérôme Coppel.
« L’arrivée de cette 3e étape a vraiment été une délivrance, un soulagement », admet-il. Car la victoire finale lui tendait désormais les bras.
Pour l’ultime étape, le maillot jaune a une nouvelle fois pu compter sur le soutien de ses équipiers pour « passer une étape tranquille et rester au chaud ».
« Un joli clin d’œil de gagner ici »
« Pour moi, néo-pro, blessé il y a encore quelques semaines, remporter une telle victoire est assez exceptionnel », savoure-t-il. D’autant plus exceptionnel qu’il l’a réalisé à quelques kilomètres de sa région d’origine.
« Le circuit de la Sarthe, comme les Boucles de la Mayenne, est une course qui me tient à cœur. Je suis né à Alençon, mon frère gère un restaurant à Saint-Léonard-des-Bois dans les Alpes Mancelles. C’est un joli clin d’œil de gagner ici. »
Après quelques jours dans sa famille, le coureur qui a naturellement remporté le classement espoirs avec 3 minutes et 40 secondes d’avance sur le second meilleur jeune, va rejoindre son équipe pour le Grand Prix de Denain jeudi 14 avril. Puis il prendra part au Tour du Finistère dès le week-end suivant.
Le rythme d’un cycliste de haut niveau qui « rêve depuis toujours de participer au Tour de France ». S’il considère qu’il est beaucoup trop tôt pour envisager une participation sur la Grande Boucle, le jeune titré espère y prendre le départ « d’ici 2 ou 3 ans, sans griller les étapes ». À cette allure-là, l’occasion pourrait bien se présenter plus vite qu’il ne le pense.