« Quand j’entends dire qu’il n’y a pas de travail, ça me met hors de moi », s’étrangle Erika Prel, responsable de l’agence d’intérim Supplay, à Alençon. Des offres d’emplois, il y en a. Mais les profils correspondants manquent. Au sein de l’agence alençonnaise, le volume de postes vacants est non négligeable. « J’ai de nombreuses offres que je ne parviens pas à satisfaire », rapporte la responsable.
« Mauvaise orientation scolaire »
D’une façon générale, les métiers pénuriques sont des métiers « très qualifiés, ou très techniques ». Exemple : agent et/ou technicien de maintenance, mécanicien poids lourd, dessinateur 2D ou 3D – « J’en cherche trois, dont un CDI et un CDD longue durée », chargé de mission en comptabilité… Des offres parfois alléchantes, mais qui ne trouvent pas preneur. De fait : très peu de candidats ont les compétences requises, l’expérience souhaitée.
La cause est multifactorielle : difficulté d’accès à la formation, à la reconversion, et « mauvaise orientation » à l’école, énumère Erika Prel. « Les jeunes sont dirigés vers des filières bouchées. Comme la vente », déplore-t-elle.
Christelle Hersant, responsable de l’agence Samsic intérim, constate elle aussi que le nombre d’offres non pourvues augmente. Elle cherche des plombiers chauffagistes qualifiés (pouvant être autonomes sur un chantier), un peintre industriel sur mobilier (CDI), des agents de manutention « motivés et qui s’engagent à se présenter au travail à l’heure », des ouvriers en abattoirs (des notions en agroalimentaire sont requises), ainsi que des soudeurs (secteur de Gacé).
Les agences se mobilisent
Chez Randstad, on cherche activement des carreleurs (avec un minimum d’expérience), des techniciens de maintenance, des électromécaniciens, des régleurs sur presse à injecter, des comptables, des technico-commerciaux, des candidats bilingues et trilingues (maîtrisant l’anglais et l’allemand), des chauffeurs poids lourd (spécialité frigorifique et TP), et des ouvriers en agroalimentaire (conduite de ligne, agent de production, ouvrier d’abattoir).
Pour faire correspondre offre et demande, l’agence d’intérim a lancé un nouvel outil (fin 2015) : le « Big data ».
« Il permet aux entreprises de visualiser toutes les compétences disponibles chez Randstad. Et aux demandeurs d’emploi d’avoir connaissance des offres à pourvoir. Il permet de cibler, sur un territoire et un instant précis, les besoins. Cela favorise les opportunités », développe Aniella Buszko, responsable des agences d’Alençon et L’Aigle.
Le groupe Adecco a lui aussi mis en place de nouvelles actions pour pallier les pénuries, et trouver un emploi durable et porteur aux chômeurs. Il vient de créer (en septembre 2015), une « grande école de l’alternance ».
120 000 jeunes ciblés
Concrètement : « Chaque agence du groupe analyse les métiers en tension sur son territoire et engage des actions de formation », détaille Nathalie Gibierge, directrice de l’agence d’Alençon.
Une opération ciblant les jeunes (- de 25 ans) : « L’objectif national est de positionner 120 000 jeunes sur des emplois durables, dont 10 000 via l’alternance ».
Au pays d’Alençon, l’agence a identifié plusieurs métiers en tension : cariste, plombier, technicien de maintenance, mécanicien poids lourd, cuisinier, soudeur, dessinateur mécanique, régleur sur presse, comptable, gestionnaire de paie, et attaché commercial.
Dossier complet dans l’Orne Hebdo du 29 mars