Licencié à l’A3 Alençon depuis ses 6 ans « parce que mon frère ne voulait pas en faire seul, du coup ma sœur et moi nous sommes également inscrits », Tangui Tranchant est aujourd’hui le seul du trio qui n’a pas lâché l’athlétisme. « Cela m’a tout de suite plu », confie l’intéressé qui a commencé par le cross -la base de l’athlétisme- jusqu’en poussins, avant de progressivement basculer vers le triathlon (une course ; un saut ; un lancer) car « je voulais tester les épreuves combinées », discipline pourtant si particulière et peu pratiquée à l’A3, faute d’infrastructures suffisantes.
L’athlétisme est longtemps resté un complément pour l’élève en 3e au collège Balzac à Alençon, préférant jusqu’en 2016 canaliser sa fougue dans le handball qu’il pratique à l’EASG depuis son entrée en 6e. Mais ses récentes performances athlétiques lui ont fait prendre conscience de sa capacité à briller sur le tartan. Le 14 décembre 2016, il s’envole à 1,90 m à la hauteur à Mondeville, un saut lui permettant d’être le meilleur minime français de l’année chez les minimes, mais surtout de devenir recordman de Normandie indoor dans sa catégorie. « Mon meilleur souvenir », confie sans hésiter l’intéressé, et une simple étape dans sa progression.
2e Français
L’hiver venu, il a continué sur sa lancée, établissant la deuxième performance française minime en pentathlon derrière Jean-Rémy Edzang Akue, du Stade Sottevillais 76, un « client ». Puis, en mars dernier, le jeune Tranchant a pleinement contribué à la victoire de l’équipe normande lors des interligues d’épreuves combinées. Une compétition qu’il ne voulait a priori pas disputer, préférant se consacrer au saut en hauteur, discipline que pratique son « idole », le Qatari Barshim, deuxième meilleur performeur de l’histoire (2,43 m). Il s’est finalement avisé et bien lui en a pris puisque « Jean-Rémy et moi terminons 1er et 2e, que demander de mieux ? » s’enthousiasme le jeune homme.
C’est donc avec ambition qu’il s’est présenté sur la piste de Bernay le 27 mai dernier, pour son second octathlon de la saison après sa victoire à Hérouville Saint-Clair fin avril. Battant sept de ses records personnels sur huit épreuves, il y a établi la deuxième référence française de l’année (4 608 points) dans sa catégorie, uniquement devancé par… Edzang Akue.
Décathlon l’an prochain
La suite de la saison s’annonce palpitante pour le combinard qui participait du 6 au 9 juin 2017 aux championnats de France UNSS Excellence d’athlétisme à Cergy avec le collège Balzac. Il disputera dans le Val d’Oise le 100 m haies, la hauteur et le javelot, soit ses principaux points forts en épreuves combinées. L’objectif à court terme est « de faire un podium aux pointes d’or en juillet à Angoulême », compétition réunissant les meilleurs minimes sur 3 épreuves.
Puis il sera temps d’envisager le passage chez les cadets avec le décathlon se substituant à l’octathlon, le 400 m et la longueur venant se greffer et le 1 500 m prenant la place du 1 000 m. Là encore, Tranchant se veut prudent : « finir dans le top 10 pour ma première année cadet serait bien ». Un objectif parfaitement atteignable tant sa marge de progression semble suffisamment grande pour celui qui s’entraîne trois fois par semaine « en essayant de varier », sous les yeux de Janik Lemaire et de son père, Patrick, ancien président de l’A3. L’accent est surtout mis « sur le demi-fond et le sprint l’hiver », tandis que les épreuves plus techniques sont davantage travaillées le printemps venu.
En pôle espoirs
La médaille olympique en décathlon à Rio en 2016 puis les titre et record d’Europe en heptathlon en salle en 2017 du Français Kevin Mayer ont fini par convaincre ce jeune de Saint-Nicolas-des-Bois de mettre toutes les chances de son côté afin de faire carrière dans les épreuves combinées.
Tranchant a fini par trancher, et s’est résolu à se focaliser uniquement sur l’athlétisme en septembre prochain. Une suite qu’il envisage en sport études au sein du Pôle espoirs athlétisme de Rennes-Métropole, au lycée de Cesson-Sévigné. Pas question pour autant de quitter l’A3, « ce que je souhaitais pourtant au départ. Mais c’est un peu bête de faire 5h de route pour lancer 3 javelots au fin fond de la Bretagne », concède-t-il après réflexion.
S’il est accepté, cette structure régionale lui offrira des conditions optimisées d’entraînement et d’études afin de mener à bien son double projet. La tête sur les épaules, la priorité reste néanmoins « le lycée, avant tout ». Mais avec, dans un coin de la tête, le rêve d’être « finaliste olympique » en décathlon. Faire partie des huit meilleurs mondiaux sur dix épreuves dans l’Hexagone, en 2024 ? Il n’y a pas que Paris qui entre en Jeux.
Albin FOUBERT
Nota. Afin de mener au mieux son projet sportif, Tangui est à la recherche de sponsors et subventions, notamment pour le financement des déplacements et nombreux équipements nécessaires à la pratique du décathlon à haut niveau.
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