Souvent sur « des terres de gauche »
Alençon, Saint-Céneri, Putanges, Damigny… C’est du nomadisme électoral ?
« Le terme est impropre, utilisé pour me nuire. J’ai toujours trouvé ce reproche archaïque et injuste. Certains départements ont su jouer de leurs élus, pour mieux tirer leur épingle du jeu. La Corrèze avec deux Présidents de la République. Même si J. Chirac était maire de Paris et député de Corrèze. Ce reproche a été souvent plus utilisé par mes « amis » que mes concurrents.
Je me suis toujours présenté sur des terres de gauche. On était bien content de me trouver pour faire le job »
Oui mais Putanges ?
«C’était pour garantir la stabilité de la présidence du Conseil Général. Et j’ai été élu à Saint-Céneri pour achever mon mandat de président de la Communauté Urbaine, comme promis. Là où je suis passé, j’ai laissé des réalisations qui jamais n’auraient pu aboutir sans un élu national ».
Cerné en 2004
La fronde de 2012 (des conseillers généraux, essentiellement UMP, voulaient sa démission)…
“Une équipée improvisée par des tireurs de ficelles dissimulés derrière des protagonistes manipulés. Un épisode classé”.
Le combat le plus difficile ?
“Les cantonales de 2004, avec 26 voix d’écart. J’étais membre du Gouvernement, autrement dit un animal cerné dans un chamboule-tout ».
Mars 2001 : vous êtes réélu triomphalement maire d’Alençon. Quinze jours plus tard, Moulinex annonce la fermeture de l’usine d’Alençon. Vous saviez ?
« Non : qui aurait pu prévoir le dépôt de bilan d’une société cotée en Bourse ? »
Comment remédier au décalage entre votre conception du rôle d’un élu de premier plan et ce qu’attend la population (un élu-assistante sociale présent aux cocktails et comices agricoles, coupeur de rubans, etc.) ?
“Les coureurs de cocktails et de comices agricoles n’atteignent jamais les rôles de premier plan. Aux électeurs de choisir leur type d’élu. Les fêtes, foires et cérémonies ne sont d’ailleurs pas les meilleurs moments, pour être à l’écoute de la population. J’en apprenais plus dans mon étude (notariale) que dans ces rencontres où les officiels mangent éloignés des autres invités ».
Comme Fillon et compagnie, n’auriez-vous bénéficié des avantages du système politique ?
“Comme tous les parlementaires, j’ai bénéficié d’un prêt à faible taux d’intérêt (cependant plus élevé que ceux d’aujourd’hui) pour acquérir un appartement proche du Sénat. Carte de transport gratuite. Quant aux assistants, à mon époque, la tradition était de les mutualiser au sein du groupe auquel j’appartenais”.
Fillon, Macron
Votre candidature aux législatives à Paris en 2012, dans la circonscription de… Fillon, une erreur ?
« Oui ».
Pourquoi ?
« C’était la pagaille à l’UMP. Et on travaillait en vase clos pour la campagne de F. Bayrou. J’ai manqué de recul ».
Ne pas avoir connu la défaite au suffrage universel, c’est une bonne ou une mauvaise chose ?
« C’est la marque d’une relation intime avec son électorat, indépendante des partis ».
Emmanuel Macron ?
« Je le connais. Même s’il a beaucoup de talent, il est trop inexpérimenté pour la fonction. Le plus intelligent n’est pas forcément le plus apte à gouverner ».
Fillon, c’est mieux ?
« Je fais partie des moutons : je n’entrerai pas en dissidence, notion que je connais avec son lot de déboires moraux. C’est un job de quadra ».
Révolutionnaire ou conservateur ?
De quoi Lambert est-il le nom ?
“D’un électron libre allergique à l’embrigadement idéologique”.
L’Orne perd des habitants…
“Oui, mais l’analyse des causes montre que cette perte est liée au départ des 18-25 ans (pour études) plutôt qu’à la perte d’emplois, d’où notre effort en faveur de l’enseignement supérieur”.
Les Ornais, vous les voyez comment ?
“Comme des personnes fidèles aux valeurs du monde rural : solidarité, entraide, attachement à l’authenticité, indifférence à l’apparence. Avec une tendance à la résignation par manque de confiance en soi”.
Un temps franc-maçon
Les accusations à votre encontre dans le projet de GDE à Nonant-le-Pin : un épisode douloureux ?
“Pire : indigne. Abject. Méprisable ».
Vous êtes tout blanc ?
« Oui ».
Lambert démagogue ?
“Les discours flatteurs ne sont pas mon genre. Cela n’irait guère avec l’autoritarisme dont on me taxe par ailleurs ».
Lambert franc-maçon ?
“Par curiosité, j’ai essayé , mais ce n’était pas mon truc ».
Lambert machiavélique ?
“Tout le contraire. Direct et transparent”.
Lambert : révolutionnaire ou conservateur ?
“Entre les deux, donc progressiste ».
Plutôt conservateur, comme tout notaire ?
« Je ne me suis jamais habitué à l’ordre établi, préférant l’innovation et l’expérimentation ».
Juppé, Fabius et leurs neurones
Un élu “de droite » et un élu “de gauche » qui vous plaisent : pourquoi ?
“De tous ceux que j’ai rencontrés, et avec lesquels j’ai travaillé, les deux vraiment très au-dessus de tous sont Juppé pour la droite et Fabius pour la gauche. Ils m’ont intimidé : leurs neurones vont deux fois plus vite que les miens ».
France bashing et Orne bashing : une fatalité ?
“Pas une fatalité, mais la marque d’une vulnérabilité. Pour être respecté, il faut être fort et avoir de l’audace ».
Pourquoi n’y a-t-il pas une seule Chambre de commerce et d’Industrie dans l’Orne, comme c’est votre souhait ?
“À cause de M. Aguirregabiria, président de la CCI de Flers-Argentan, qui s’est vu président de la CCI ouest-Normandie (Flers-Argentan et toute la Manche)”.
L’hélicoptère attaché à l’hôpital d’Alençon a été en péril ?
« Oui. J’ai menacé de supprimer la subvention annuelle du Département : 556 500 € pour l’hélicopère et le Centre 15. Et certains ont été étonnés…. ».
La vieillesse ?
“Une source d’inquiétude”.
La mort ?
“Une fin inévitable”.
Votre testament politique ?
“Avoir de l’audace. Anticiper pour voir loin. Jouer collectif. Et croire dans sa bonne étoile ».
Qu’est-ce qu’une vie réussie ?
“Avoir transmis ce que l’on a appris».
JMF
En 15 dates
- Juillet 1946 : naissance à Alençon
- Mars 1983 : devient conseiller municipal d’opposition à Alençon
- Mars 1985 : élu conseiller général d’Alençon 3
- Mars 1989 : élu maire d’Alençon
- Septembre 1992 : élu sénateur, quitte le Conseil général
- Juin 1995 : réélu maire d’Alençon
- Mars 2001 : réélu maire d’Alençon
- Mai 2002 : nommé ministre du Budget, quitte le Sénat
- Mars 2004 : réélu conseiller général d’Alençon 3, quitte le Gouvernement
- Octobre 2004 : réélu sénateur
- Décembre 2007 : élu président du Conseil général
- Février 2009 : élu conseiller général de Putanges
- Octobre 2010 : nommé (exfiltré par Sarkozy) à la Cour des Comptes, cesse d’être sénateur
- Avril 2012 : soutient Bayrou (après Sarkozy en 2007)
- Mars 2014 : élu conseiller général de Damigny