L’amour de l’arbre est une seconde nature chez Ghislaine Ratier. Tout a dû commencer à l’ombre d’un if multiséculaire, à Saint-Pierre-la-Vieille, aux portes de la Suisse Normande, côté Calvados.
« Enfant, j’ai passé des heures à admirer l’écorce et c’était là notre terrain de jeu », confie celle qui, à cette époque déjà, dessinait et peignait.
Logiquement, elle a « fait » les beaux-arts à Caen, avant de devenir professeur de dessin à Sées, Argentan et Alençon.
Artisane artiste
Et puis elle a quitté l’enseignement pour ouvrir un atelier de décoration au pied de la cathédrale de Sées : « je peignais des meubles, des objets et même directement sur les murs ». L’aventure a duré trois décennies, s’achevant il y a (déjà) dix ans. Beaucoup n’ont pas oublié « La charrette », l’enseigne de l’échoppe.
La retraite venue, Ghislaine Ratier n’a pas remisé les pinceaux. L’artisane demeure artiste.
Et si celle qui a admiré Manet et Renoir a débuté « à la manière impressionniste », elle est passée à l’art naïf. En partie par le biais de la gravure.
Un style a donc émergé.
Fusion de styles
Janus de la peinture, elle utilise l’encre de Chine pour dessiner des arbres en noir et blanc, et elle a donc glissé vers le naïf haut en couleur.
Mais peu à peu l’arbre devient omniprésent dans les tableaux naïfs et les deux formes d’expression s’épousent : « j’aime raconter des histoires, avec une vision libre et poétique du réel ». Résultat : « un monde d’évasion, de rêve, de douceur ».
Ghislaine Ratier a donc « une patte ». Repérée, elle est invitée : hier en Allemagne, en Pologne, en Colombie, en Belgique, au Danemark… Demain à Condé-sur-Sarthe, Gacé, Démouville, Gorron, Macon, Nécy, Sorèze, à nouveau en Belgique…
Mais pourquoi peint-elle ? « Mais c’est ma raison de vivre ! C’est un besoin journalier ».
Comment naissent les œuvres ? « En regardant la rue ou la télé, dans un bouquin, ou suite à un rêve. Ça vagabonde ».
Des croquis sont alors jetés sur un calepin. Puis la toile prendra forme, avec un arbre qui y prend racine. Arbre dans lequel Gh. Ratier plante des scènes et des saynètes, le végétal pouvant se couvrir de jardins : exotiques, de délices, d’amour…
Mais quelle est sa couleur préférée ? « Vert ! ». Chez elle, dans son antre de Condé-sur-Sarthe où elle vit désormais après trente ans vécus à Aunou-sur-Orne, même les chaises de la cuisine sont vertes. Et c’est là qu’elle mijote des œuvres d’art que l’on savoure des yeux.
JMF
Exposition de 22 toiles à la mairie de Condé-sur-Sarthe, du 6 février au 3 mars 2017, du lundi au vendredi de 9h à 12 h 30 et de 14h à 17 h 45. Entrée libre. Les deux tiers des tableaux sont en vente, entre 200 et 650€.