Villedieu-les-Poêles a eu le privilège de fondre une cloche pour la cathédrale Notre-Dame de Paris ! « Cité du Cuivre… et des Chaudrons ! », cette cité a acquis sa renommée grâce à son grand savoir-faire en la matière et à son artisanat de ce métal jaune aujourd’hui confié à d’autres pays. Le petit village de la vallée de La Sienne s’appelait à l’origine : « Siennêtre ». Il se développa grâce à la fondation d’une Commanderie des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem par le Duc-Roi Henri 1er. Celui-ci offrit aux « Hospitaliers » le territoire de Saint-Chevreuil dont la cité faisait partie.
Première Commanderie en Langue de France et quasi “paradis fiscal”
En recevant ce pays, l’Ordre commença par bâtir un hôpital et y établit sa première commanderie de la « Langue de France ». Siennêtre prit d’abord le nom d’Hôpital : Hôtel-Dieu (Maison de Dieu en latin : « Villa Dei ») qui au fil du temps se transforma en Villedieu. A la suite de cette donation, la cité changea de juridiction.
L’Ordre de Malte avait ses coutumes et ses règles que la ville fit sienne. Elle échappa ainsi aux nombreux impôts qui frappaient les paroisses voisines. Même si on ne parle pas de « paradis fiscal », la ville possédait de nombreux privilèges qui eurent pour effet immédiat d’étoffer considérablement ses investissements et sa population.
Des constructions serrées
L’espace était restreint – environ 1 kilomètre – on construisit donc « compact, voire serré » en « puits d’air » et malgré les incendies qui eurent lieu au cours des siècles, ce souci d’agencement donna à Villedieu l’aspect qu’on lui connaît encore aujourd’hui !
Avec son clocher qui surpasse cet enchevêtrement de rues, toits, cours, jardins… Villedieu est une ville qu’on ne compare à aucune autre. La cité perdit ses privilèges lors de la Révolution.
Il faut voir
• les ateliers de fabrication et vente d’objets en cuivre qui subsistent et notamment ceux qui réalisent la fameuse « câne à lait » en cuivre du Cotentin. Cela constitue l’un des principaux attraits de cette cité.
• La « Commanderie »,
• Les cours :
- La « cour de la Luzerne »,
En son milieu, elle possédait un puits auquel les « Sourdins » venaient s’alimenter en eau potable,
- La « cour des Hauts-Bois »,
Elle est reliée aux lieux du même nom et située Route de Granville. On note sa tour munie d’un « modillon » sculpté d’inspiration égyptienne ou orientale.
- La « cour de La Bataille de l’Enfer »,
Elle s’appelle également l’ « enfer ». Cet endroit tient son nom du « bruit d’enfer » que faisaient les marteaux qui frappaient régulièrement les enclumes des nombreuses forges ou ateliers de chaudronnerie qui s’y trouvaient.
- La « cour aux Moines »,
Tirée du nom de Guillaume Le Moyne, grammairien, auteur d’un dictionnaire franco-latin et rédacteur d’une cinquantaine d’ouvrages. Il demeurait en ce lieu.
- La « cour du Foyer »,
Il convient de prononcer « fouiller ». Cette cour possède une particularité. En effet, une demeure médiévale porte, au haut de sa cheminée, une croix en fer qui était le signe de ralliement des Chevaliers de Malte et du bénéfice de la prérogative d’exemption. Il faut signaler que ces cours, pour la plupart, communiquaient entre elles comme en témoignent les anciennes « entrées » obstruées aujourd’hui.
Elles étaient closes par de lourdes portes dont certaines conservent les gonds.
On peut apercevoir également :
- La « cour du Lys »,
Elle possède l’originalité d’offrir beaucoup de façades de maisons portant des armoiries aux fleurs de lys, qui, je vous le rappelle, est la marque de la monarchie française.
- La « cour des 3 Rois »,
Dans ce lieu, muni d’une porte et d’un double « voussoir » se trouvait : « L’Auberge des 3 Rois »… d’où ce nom original !
Précisons que c’est dans la presqu’île du Cotentin que les Britanniques, dans les années 1980, ont acheté le plus grand nombre de maisons rurales pour les transformer en résidences secondaires. Un heureux temps qui n’est plus !
Gérard ROGER.