En début d’année, il nous confiait que 2015 serait une année blanche. sans voyage, lui qui arpente le monde depuis sa retraite en 1998.Et qui a cumulé, depuis, sept années à découvrir 253 pays et territoires, et consigné des notes sur plus de 70 carnets.
2015 devait être l’année consacrée à ses livres-récits, par le mot et l’image, à parts égales. Ah oui, il s’y est attelé. Mais il a été rattrapé par un art, celui de bien user ses semelles.
Alors, il est reparti, cet été, en Espagne et au Maroc, en passant par Ibiza, les Açores et Madère, avant de rentrer via Madrid, Toulouse , Bordeaux et Lyon.
Se mouvoir et s’émouvoir
Puis il a retrouvé l’Orne profonde, aux antipodes des villes, ce monde qu’il parcourt inlassablement : « j’aime son ambiance, son atmosphère, découvrir les kilomètres de vitrines, l’architecture et tout ce qui peut m’émouvoir . Les gens et le spectacle de la rue me captivent. C’est dans les villes que je trouve le mieux le plaisir de voyager. Et d’être de ce monde ».
Se mouvoir et s’émouvoir, voilà le credo de cet homme de 77 ans qui avance lentement mais sûrement, inconnu passant inaperçu, le pied alerte et l’oeil agile, le regard aiguisé, le coeur effervescent et l’esprit aussi ouvert que curieux. Mais « je n’ai pas assez d’yeux pour regarder », confie cet homme d’apparence calme mais « chaud bouillant à l’intérieur ».
Et les vieilles pierres ? C’est plutôt « pour ceux qui ont le temps ». Lui privilégie son projet de fin de vie.
Tenir la distance
Sept ans cumulés de voyages lui permettent de savoir comment est jugé le Français : « bureaucratique, impoli, arrogant, chauvin, sexiste, super-chic côté mode, sale ». Et « un mot revient souvent : bolshy ». Au sens d’incivique ?
A moins que ce soit au sens d’insoumis, comme l’est Raymond Joret, « hors du moule », mal vu dans son village car globe-trotteur fréquentant les étrangers, donc étrange… Friqué obligatoirement. Eh bien non : le voyageur se déplace en bus, en train, un peu en avion, et beaucoup à pied.
Des voyages qui lui permettent de multiplier les distances et de prendre de la distance avec le futile. Une question le taraude : « qui annonce un cap ou des pistes pour atténuer l’angoisse existentielle ? ».
Cette angoisse, Raymond Joret ne la connaît pas : l’homme a des projets. Ses livres (une vingtaine de tomes), son prochain périple (en Amérique du sud, jusqu’à Ushuaia, en février-mars). Et les suivants… L’Ancien a de l’avenir, ne serait-ce que parce que le monde est son pays.
JMF
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