« Nous sommes les Robins des bois du cinéma », sourit Farid Benabi. « Mais avec de l’humilité et du travail, tout est possible », assure-t-il. Ce technicien-réalisateur de l’association Cinéworld en sait quelque chose.
De Dreux au festival de Cannes
Directeur d’un centre de loisirs à Dreux (Eure-et-Loir), il a eu l’idée de monter une association de réalisateurs amateurs, avec des jeunes de quartiers sensibles. C’était en 2007.
Quatre ans plus tard, invités par l’organisation Regards Jeunes sur le cinéma, ils foulaient le tapis rouge du festival de Cannes pour la première fois. Depuis, l’association envoie un groupe de jeunes chaque année, afin de réaliser un documentaire, rencontrer des professionnels et découvrir les coulisses du festival cinématographique le plus réputé au monde. « Nous voulons faire la même chose avec des jeunes alençonnais », projette-t-il.
Depuis ses débuts, l’association Cinéworld s’est forgée une solide réputation, en accumulant les bonnes places lors de festivals de courts métrages. Eugène, un format court réalisé en 2010, a notamment été primé dans plusieurs festivals. C’est lui qui a envoyé ses réalisateurs à Cannes.
« Susciter des vocations »
Mais l’invitation sur la Croisette n’était que « la cerise sur le gâteau ».
« L’objectif est surtout de fédérer des jeunes autour d’un projet commun, de les faire sortir de leur ville ou de leur quartier, et éventuellement de susciter des vocations »
Pourquoi le cinéma ?
« Parce qu’il permet aux jeunes de s’exprimer, les oblige à avoir un regard critique sur le monde pour le comprendre. Et surtout, il permet d’être entendu, écouté. Pour des jeunes qui se sont souvent sentis à l’écart pour diverses raisons, comme l’échec scolaire par exemple, le cinéma peut presque devenir un remède thérapeutique. »
Cinéworld débarque à Alençon
Ce remède, qui a fait ses preuves en Eure-et-Loir, Farid Benabi et Halima Bertal, sa collaboratrice originaire d’Alençon, veut le transposer à la Cité des Ducs.
« Qu’ils viennent de quartiers difficiles ou du monde rural, les jeunes ont le même dialogue et les mêmes envies. Ils ont besoin de rêver et ont tous une histoire à raconter »
« Les jeunes alençonnais que le monde du cinéma intéresse peuvent nous rejoindre. Il y a juste besoin d’y croire », encourage le directeur de centre de loisirs..
Le cinéma pas inaccessible
Écriture des scénarios, jeu d’acteurs, tournage, montage… L’association permet à ses membres de « découvrir tous les rouages du 7e Art et le panel de métiers qu’il peut offrir ». Loin des écoles de cinéma, dont « les portes sont fermées aux jeunes de zones urbaines sensibles », l’association permet aussi de faire ses premiers pas dans le monde du cinéma, réputé très sélectif « mais pas inaccessible », même pour des autodidactes.
Grâce à la nouvelle association, le monde de l’image s’ouvre à des adolescents et des jeunes adultes « qui n’ont peut-être jamais imaginé, du fait de leur situation géographique ou de leur origine sociale, pouvoir accéder à ce domaine », ajoute Farid Benabi, qui prend un exemple parlant : « Omar Sy est parti de rien ». Avec Cinéworld, devant ou derrière la caméra, les jeunes alençonnais peuvent rêver d’une trajectoire similaire.
L’association recherche un local
Afin d’accueillir les jeunes, l’association Cinéworld est à la recherche d’un petit local sur Alençon. Les personnes pouvant faire des propositions pour héberger l’association peuvent contacter ses membres au 07 76 69 24 81 ou directement Farid Benabi au 07 68 78 32 50.