« C’était en juillet, il faisait beau. Je me suis dit « Qu’est-ce que tu fous ici, dans une salle ? Déjà que tu passes la journée dans un bureau… Fais autre chose ».
C’était un vendredi. « Le lundi suivant, j’ai commencé à courir ».
Âgé de 40 ans depuis mars, Mickaël Cutté est un Alençonnais pur jus.
L’ancien élève de Saint-François-de-Sales est comptable chez Maisons France Confort depuis bientôt deux décennies.
Du sport, il en a toujours fait : tennis puis boxe française. Et là, patatras. Genou en vrac. Rupture des ligaments croisés. C’était il y a vingt ans. Il embraye sur la musculation.
Et puis « c’était en juillet, il faisait beau… Le lundi suivant… » (bis).
« Je m’entraînais mal »
10 kilomètres d’emblée. Rebelote le mercredi et le vendredi. Il est vrai que Mickaël Cutté n’était pas un néo-sportif. Et il est doté d’un pouls de dauphin.
Trente bornes par semaine, durant deux ans. Un coup d’œil sur la presse spécialisée : « je m’entraînais mal. Je ne faisais pas de fractionné ».
Il rencontre Thierry Louste qui l’invite à rejoindre le « groupe du mardi ». Et là il s’attelle au fractionné : « ça m’a fait tout drôle ». Puis Allain Lebossé lui fait découvrir le trail en Ecouves : « j’ai accroché et, grâce à Thierry Jacquet, j’ai beaucoup progressé ».
435 km cette année
Et voilà comment on passe à « quatre ou cinq séances par semaine » avec une idée en tête : « rattraper le temps perdu ».
À nouveau opéré fin décembre 2015 (ablation de deux agrafes sur le tendon rotulien), Mickaël Cutté décide alors de mettre la gomme en 2016 : 80 km de l’Eco-trail de Paris en mars, 30 km à Athis en avril, marathon de Poitiers, 61 km d’Ecouves et 50 km de la Barjo en trois semaines, 10 km à Gesnes-le-Gandelin en juillet, Hesloup et Galopades en septembre avant les 100 km de Millau, une semaine avant les 20 km de Mahéru, puis les 30 km de la Roche d’Oëtre en octobre… Rien depuis… jusqu’à la SaintéLyon, dimanche 4 décembre, bouclée en 11h12.
La SaintéLyon est une épreuve un peu mythique : six décennies d’âge, 72 bornes et 1 970 mètres de D+ avec départ à… zéro heure de Saint-Etienne pour arriver à Lyon après huit heures passées de nuit, sous un ciel variable et sur un chemin au revêtement divers, alors que l’automne tire à sa fin.
Pourquoi lever le pied ?
Cela fait 435 kilomètres de compétition cette année : « je supporte la douleur musculaire et je récupère bien ». Et puis « le chirurgien et les kinés ont bien bossé. Le genou tient ».
Jusqu’à quand ? « Selon le chirurgien, jusqu’à l’âge de 45 ans ». Il lui reste donc quatre bonnes années de courses. Autant dire que ça trotte dans sa tête.
Pour 2017 : marathons de Marrakech fin janvier, de Barcelone à la mi-mars et de Paris en avril, le 61 d’Ecouves début juin, les 105 km du Beaufortain en juillet, le Tour du Mont-Blanc s’il est tiré au sort, Hesloup, les Galopades, les 100 km des Templiers, le marathon de Cognac… et rien, pour l’instant, en décembre.
Mais pourquoi ne pas y aller mollo afin de courir plus longtemps ? « Qu’en sera-t-il dans cinq ou dix ans ? ». Allusion au cancer ou à l’accident qui peut balayer. Non : il préfère « en profiter tant que je peux ». Avec un autre objectif : « finir par un ironman ». Après, il lèvera… le pied.
Pour son père
En attendant, l’an prochain Mickaël Cutté pourrait totaliser plus de 600 km en compétition.
Un peu fou ? « Non. C’est un plaisir », répond-t-il calmement, en évoquant « la beauté des paysages : on oublie tout, on est libre ». Mais à quoi bon courir en pleine nuit, entre Saint-Etienne et Lyon ? « Ça sollicite d’autres sens ». Dimanche, son ambition était de « terminer. Je ne fais jamais de pronostic de chrono ».
Mais à quoi devait-il penser durant ce périple nocturne ? « A mon père ». Un homme, ancien haltérophile, qui n’est plus de ce monde : « il m’a donné la force de me battre. Il est avec moi. Chaque fois que je franchis une ligne d’arrivée, je lève les yeux au ciel et j’envoie un bisou ».
JMF
Taille : 1,70 m. Poids : 68 kg. Fréquence cardiaque au repos : 40