Il s’en est fallu de peu pour que la ville d’Alençon ne se retrouve jamais sur la carte d’identité d’Agnès Raharolahy.
Au moment de sa naissance, ses parents ne vivaient pas dans la Cité des Ducs ornaise, mais dans une ville qui porte le même surnom : Nantes. C’est sa grand-mère qui vit depuis longtemps à Alençon. La mère d’Agnès, qui a passé toute sa jeunesse dans l’Orne, n’était donc que de passage lorsqu’elle a accouché à l’hôpital alençonnais.
La finale mythique de Zurich
Une drôle d’histoire qui permet tout de même à Alençon de compter dans ses rangs une nouvelle championne. Car Agnès Raharolahy en est une. Une vraie championne d’athlétisme.
Elle a notamment glané deux titres européens au 4×400m dont un lors d’une finale mythique à Zurich en 2014, où sa partenaire Floria Gueï, a qui elle a transmis le témoin, a effectué une remontée fantastique au dernier relais.
En attendant d’en vivre d’autres, la championne reconnaît que :
« Pour le moment, ces titres sont mes meilleurs souvenirs sportifs »
« Celui de Zurich et celui de Prague en salle [en 2015] sont complètement différents l’un de l’autre. Mais tout aussi beau à vivre. » Entre les deux victoires, Muriel Hurtis, l’une des plus grandes championnes de l’athlétisme français qu’Agnès « regardait à la télé avant de courir à ses côtés », avait arrêté sa carrière. Un départ qui n’a pas perturbé le relais féminin donc.
Avec les championnes de France
Dans quelques jours, un autre souvenir magique viendra s’ajouter à ces deux-là. Agnès s’apprête à vivre son rêve. Celui que tout athlète de haut niveau espère atteindre un jour : une participation aux Jeux Olympiques.
À Rio, elle prendra de nouveau le départ du relais 4×400m tricolore. Ce sera le samedi 20 août pour les qualifications et peut-être le lendemain, dernier jour des JO 2016, pour décrocher une médaille lors de la finale.
Sa sélection pour les Olympiades, celle qui s’entraîne au club de Nantes Métropole Athlétisme, l’a apprise le 13 juillet dernier. « La Fédération avait indiqué qu’elle prendrait les deux championnes de France du 400 m [Floria Gueï] et du 400 m haies [Phara Anacharsis]. Ensuite, ce sont les quatre meilleures suivantes du championnat de France Élite qui devaient être sélectionnées », précise-t-elle. Avec le quatrième chrono de la finale du 400 m [52''68], Agnès a donc gagné son billet pour Rio.
« C’est évidemment un immense plaisir d’apprendre que l’on va participer aux JO. Cela récompense le travail de plusieurs années. »
Un financement participatif pour les JO
L’athlète l’avait tout de même anticipé en lançant un financement participatif sur internet. Si les frais de déplacement pour les grandes compétitions sont pris en charge par la Fédération, les athlètes doivent se débrouiller seuls pour toutes les autres, pourtant indispensables pour décrocher sa qualification.
« Ce n’est pas facile de financer toute cette préparation seule. Encore plus pour les coureurs de relais qui n’ont souvent pas de sponsors. »
Encore étudiante en Master de l’Enseignement, Agnès a donc fait appel à la générosité en demandant 5 000 € aux internautes pour un projet au nom évocateur : « Rio, partageons ensemble un rêve de JO ». La cagnotte a atteint 5 700 €.
Uniquement sur le relais… pour le moment!
Avant de partir, samedi 6 août, pour la ville brésilienne, elle confiait :
« Je ne me rends pas encore tout à fait compte de ce qui m’arrive. Je crois que je m’en rendrais compte quand je serais dans l’avion. »
Après les Jeux, elle s’est déjà fixé « un grand objectif ». Celui de décrocher une nouvelle qualification, en individuel cette fois, pour les JO 2020. Cette année, son meilleur chrono [52''43] ne lui a pas permis d’atteindre le temps nécessaire de 51”30. « J’étais blessé en début de saison en extérieur donc je savais que ce serait difficile », reconnaît-elle.

En attendant de savoir si elle sera titulaire au sein du relais français, Agnès va découvrir « une ambiance particulière ». Le village olympique, le Club France, lieu de vie de tous les sportifs français, la surmédiatisation d’un sport qui n’en a pas l’habitude… Pour « ne pas se mettre trop de pression », elle fait « la chasse au Pokémon » avec la nouvelle application pour smartphone. Un rare moment de détente entre les entraînements, souvent loin de sa famille.
Après la folie des Jeux, Agnès pourrait aussi venir se ressourcer à Alençon pendant les vacances, comme elle l’a toujours fait étant petite.