Juin 1993. Rue Mazeline, à Alençon, un magasin d’un nouveau genre ouvre : Biotope ne référence que des produits issus de l’agriculture biologique. Sur une surface de 150 m2, son fondateur, Armin Weber, peine à remplir tous les rayons. « On nous avait taxés de magasin de pays communiste, tellement les étals étaient vides », se souvient-il. Mais l’Alençonnais d’origine allemande, intimement persuadé de l’intérêt de consommer autrement, ne s’était pas trompé.
Vingt-trois ans plus tard, Biotope est toujours là. L’enseigne indépendante a migré dans des locaux plus grands (400 m2, toujours rue Mazeline) dont les rayons sont maintenant tous bien fournis (épicerie sucrée, salée, fruits, légumes, huiles, vrac…). Six personnes y travaillent.
« Qu’est-ce qu’on nous fait manger ? »
En deux décennies, le marché du bio a trouvé sa clientèle. S’est imposé comme une évidente alternative aux pesticides, conservateurs et additifs de synthèse. Comment la prise de conscience a-t-elle éclos ? « Il y a eu d’abord la crise de la vache folle, en 96, puis celle de la grippe aviaire. Et, plus récemment, les lasagnes à la viande de cheval », énumère Chantal Weber. Une série de scandales sanitaires qui a fait office d’électrochoc : « Qu’est-ce qu’on nous fait manger ? se sont demandés les gens ».
« Consommer bio, pour soi »
Pour leur « santé » et pour retrouver le « plaisir gustatif », de nombreux consommateurs ont opté pour l’agriculture biologique. Et la préservation de la Terre ? Le respect de l’environnement ? « Ce ne sont plus des raisons pour lesquelles les clients consomment bio. C’est avant tout pour eux », répond Chantal Weber.
En quête d’une certaine hygiène de vie, d’aliments sains, beaucoup ont banni les édulcorants, émulsifiants et autres exhausteurs de goût.
Et le bio s’est adapté à cette nouvelle demande de masse : « Il existe aujourd’hui des nuggets biologiques ! », informent Chantal et Armin Weber. Les bonbons à la gélatine ont aussi leur version labellisée AB. Mais les produits stars restent les huiles, la farine, les fruits et légumes et le vrac.
Sur ce marché florissant, Biotope n’est plus seul.
400 Biocoop en France
Rue d’Alençon, à Condé-sur-Sarthe, un autre supermarché 100 % bio a ouvert ses portes, en février dernier : Biocoop. Un réseau de magasins indépendants très étoffé (400 adresses en France) qui continue de tisser sa toile (30 à 40 ouvertures par an sont comptabilisées depuis deux ans). « Malgré l’offre déjà présente sur Alençon, il y avait une place à prendre », indiquent Damien Chivialle et Caroline Marchais, gérants. L’étude de marché avait vu juste. Six mois après l’ouverture, Biocoop s’est constitué une clientèle et continue de glaner de nouveaux acheteurs. « Nous sommes plus que conformes, par rapport à notre prévisionnel », se réjouissent les patrons qui mettent l’accent sur la communication.
Chaque jour, des dégustations sont organisées, l’occasion de découvrir des produits originaux (exemple : le tartare d’algues). Et une carte à l’entrée du magasin permet de répertorier tous les producteurs locaux, collaborateurs précieux : « Nous travaillons avec 45 d’entre eux ».
« Faire ses produits maison »
Les produits phares ? « L’huile de coco, récemment mise en valeur dans la presse ». Mais aussi tout ce qui touche à la mode du DIY (Do it yourself / Faites-le vous-même), comme le bicarbonate de soude ou le savon, utiles à la fabrication de produits ménagers faits maison.
Les produits sans gluten, sans lactose, sans additifs sont également prisés par un nombre croissant d’intolérants. Idem au rayon « cosmétiques », où les sujets à eczéma et maladies de peau trouvent leur bonheur avec des produits simples.
Lire le dossier complet sur le bio dans l’Orne Hebdo du 26 juillet