La première fois que leur projet avait été évoqué, c’était en 2011. À l’époque, Florence et Vincent Vicaigne, domiciliés à Aunay-sous-Bois, avaient fait la Une de l’Orne Hebdo : leur projet de construction d’un centre routier était stoppé car la CUA (Communauté urbaine d’Alençon) s’était opposée au lieu d’implantation initiale (zone d’activités de Valframbert). Depuis, un accord avait été trouvé : c’est au lieu-dit « La pointe de la palette », à Cerisé, que le centre routier doit voir le jour. Les Vicaigne sont devenus propriétaires du terrain en octobre 2014, et le permis de construire a été accordé le 3 novembre de cette même année.
“Absence de réponse”
Les travaux auraient dû commencer dans la foulée, et l’aire de repos « tout confort » (parking, sanitaires, restaurant, salle de détente…) accueillir ses premiers chauffeurs poids lourd fin 2015. Pourtant, le terrain est toujours vierge. Le premier coup de pelle se fait attendre.
Ce qui bloque, cette fois-ci : la permission de voirie pour travaux. Elle n’a pas été signée par le Conseil départemental. Pourtant, tout aurait été validé en amont :
« À l’époque, les services du Conseil général habilités à la voirie avaient été saisis, et ce sont eux qui ont défini les entrées sur le centre routier », expliquent Florence et Vincent Vicaigne.
Le couple a notamment, à la demande de la collectivité, inclu dans ses plans une patte-d’oie de 30 mètres pour l’arrivée des camions. Lors de l’obtention du permis de construire, « aucune réserve n’avait été émise ». Ni lors de l’enquête publique, en 2013 : le directeur adjoint en charge des infrastructures au Conseil général avait précisé au commissaire enquêteur que « la création du centre routier ne nécessitait aucun aménagement de sécurité spécifique ».
Pourtant, après de longs mois d’attente sans réponse – le couple affirme avoir envoyé cinq lettres recommandées au président du Conseil départemental – les Vicaigne viennent d’apprendre (courrier du directeur des services, daté du 10 novembre) qu’un nouvel examen venait d’être prescrit.
La raison ? « Des interrogations, liées à la sécurité », rapporte le couple.
« Incompréhension »
Une réponse inattendue :
« Notre projet a été conçu en fonction des prescriptions techniques de la collectivité. Celle-là même qui vient nous dire, un an plus tard, que ça ne va pas ».
Florence et Vincent Vicaigne ne « comprennent pas » :
« Ce ne sont pas des questions techniques qui semblent poser problème, mais notre projet de développement sur ce site. Alain Lambert avait clairement manifesté son hostilité au projet dans la presse, en affirmant qu’il préférerait voir un hôtel quatre étoiles se construire à cet endroit ».
“Choix de terrain non pertinent”
« En l’absence d’information sur la fréquentation de l’établissement et la gestion des eaux pluviales, le Département a formulé un avis défavorable adressé à la CUA le 8 août 2014. Le permis de construire a néanmoins été accordé le 3 novembre 2014 aux époux Vicaigne. Prenant conscience de la situation délicate dans laquelle l’autorisation délivrée allait placer les demandeurs, le Département leur a écrit le 19 décembre 2014 pour leur signifier son avis négatif.
Malgré cette alerte, les demandeurs ont persisté dans leur projet. M. et Mme Vicaigne ont fourni depuis des précisions sur leur projet dans le cadre de l’instruction de la permission de voirie nécessaire pour créer un accès”, signale le Conseil départemental.
“L’ampleur du projet conduit les services du Conseil départemental à un examen complémentaire qui n’est pas encore achevé, notamment sur les aspects liés à la sécurité routière. Cette information a été portée à la connaissance des demandeurs par courrier du président du Conseil départemental du 5 novembre 2015 ».
Alain Lambert confirme que le choix du terrain pour le projet ne lui parait pas pertinent :
« Une récente étude paysagère – conduite par le CAUE- met en exergue le caractère stratégique de ce nœud routier, véritable « Porte de l’Orne » où se croisent les flux nord-sud (A28) et ceux entre Paris et la Bretagne (RN12). Le secteur de l’aire de la Dentelle pourrait constituer un point de découverte des paysages et une vitrine pour notre Département pour autant que les cônes de vue et la qualité des espaces soient préservés ».
Lire dans l’Orne Hebdo du 24 novembre