Depuis le 15 décembre, il y a du nouveau à la tête de la CME – Commission médicale d’établissement - du CHIC (Centre hospitalier intercommunal) Alençon – Mamers : Benoît Tiphagne, 55 ans, médecin urgentiste, succède à Sabine Pédaillès au poste de président. Et Frédérik Briand, 32 ans, a été élu vice-président. Le rôle du président de la CME ? « Être l’interface entre la communauté médicale et l’administration, jouer les courroies de transmission entre direction et collège médical », résume Benoît Thiphagne.
Moderniser les pratiques
Deux mondes dont les intérêts peuvent parfois diverger, et entre lesquels la communication peut être brouillée.
« Ma tâche est de rendre compréhensibles les visions des uns et des autres, de jouer les interprètes. Car, une fois que l’on parle le même langage, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’intérêts convergents ».
Élu pour quatre ans, Benoît Thiphagne va poursuivre les actions initiées par Sabine Pédaillès (qui ne souhaitait pas briguer de deuxième mandat). « Elle a entrepris un gros travail pour moderniser l’établissement. En posant les fondations de ce vaste chantier, elle a bien amorcé le virage du changement », salue le successeur.
Le centre hospitalier s’est notamment doté d’un véritable pôle mère – enfant (maternité et nouveaux services de gynécologie-obstétrique et néonatalogie), et a obtenu des financements pour la création d’un nouveau centre d’hémodialyse, d’un service de réanimation et pour la reconstruction de l’Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) « Les Pastels ».
La réorganisation inscrite dans le projet médical vise aussi à développer sensiblement l’ambulatoire (en chirurgie, il devra concerner 57 % des interventions fin 2016). Depuis le début d’année, quatorze lits ont fermé en chirurgie, et le nombre de salles de bloc opératoire est passé de six à 4,5. Un bouleversement en interne : « 70 à 80 agents ont changé de service : ça demande un temps d’adaptation. Mais les cadres ont veillé à ce que chacune des nouvelles affectations ait été choisie et non imposée. Dans l’ensemble, la réorganisation s’est bien passée », assure le président.
N’est-ce pas un paradoxe de réduire le nombre de lits alors que l’on veut développer l’activité de l’établissement ? « Non, il s’agit de l’évolution de la médecine : avant, pour une opération de la vésicule biliaire, on restait huit à dix jours. Aujourd’hui, on arrive le matin et on sort le soir ».
« Soigner plus vite et mieux »
La qualité des soins n’est pas altérée, mais ces derniers sont « mieux ciblés ». Soigner autant de patients avec moins de lits permet bien sûr de faire des économies. Et réduire le déficit budgétaire du CHIC (3 M € en 2015). Toutefois, le déploiement de l’ambulatoire ne répond pas seulement à une logique financière.
« C’est un changement de philosophie. On ne consomme plus d’hôtellerie hospitalière mais des soins, et la sortie et le devenir du patient sont définis d’emblée ».
En septembre, un nouveau challenge attendra le président de la CME : la réorganisation de la médecine, avec la suppression de sept lits. Un service où développer l’ambulatoire sera plus ardu : « La population y est souvent âgée, multipathologique et isolée ». Mais où la redistribution des lits permettra un projet à haute « technicité » : la création d’une unité « neurovasculaire » au sein du service neurologie. Ainsi qu’une meilleure gestion du flux de patients aux urgences : « L’objectif : qu’il n’y ait plus d’hospitalisés aux urgences, ces derniers devront être réorientés vers les services adéquats ».
Des défis qui n’effraient pas B. Thiphagne : « J’ai la volonté de défendre un hôpital public de qualité, c’est un enjeu important, qui concerne l’ensemble des concitoyens ».