« Je ne suis pas un héros. J’ai fait ce que l’on doit faire dans ces cas-là : secourir. J’aimerais qu’on fasse la même chose pour moi ». Jolan Pottier ne veut pas entendre parler de bravoure, et se passerait bien d’un article avec photo dans le journal. Pourtant, le jeune interne de l’Epide (Établissement public d’insertion de la Défense) a bien accompli un acte héroïque, mercredi 30 mars.
« Personne ne bougeait »
Ce jour-là, il chemine rue du Pont-Neuf, dans le centre-ville d’Alençon, lorsque quelqu’un le hèle : « Il y a une dame dans l’eau ! ». Le jeune homme, originaire de Bayeux, croit d’abord à une mauvaise blague : « La rivière était calme, je ne voyais personne ». Soudain, le corps inerte d’une femme surgit de l’autre côté du pont. Il dérive à grande vitesse. « On était une dizaine à voir la même chose. Personne ne bougeait. Je me suis dit : faut y aller ». Le rouquin se débarrasse de sa parka, descend sur le côté du pont, et se jette dans l’eau glaciale.
« Il y avait beaucoup de courant, mais j’ai réussi à rattraper le corps. Je l’ai tourné sur le dos. La femme était inconsciente mais vivante : elle crachait de l’eau ».
Ensuite, il a fallu lutter pour regagner la berge. « J’étais en chaussure, pas facile pour nager. Et j’étais frigorifié ».
Alerté grâce aux images de la vidéo-protection, un policier municipal vient alors prêter main-forte à Jolan Pottier : « Il a pu hisser le corps hors de l’eau ». Le jeune homme est, lui, aidé par « une petite dame » qui lui tend la main.
« Les policiers et les pompiers m’ont félicité. Ils m’ont donné une couverture et transporté à l’Epide, où j’ai pris une douche bien chaude ».
Dès l’après-midi du 30 mars, Jolan Pottier a repris les cours. « Normal. J’ai juste fait ce qu’il fallait », répète-t-il, ne comprenant pas pourquoi son geste suscite tant d’admiration. « Ce n’est pas la première fois que je viens en aide à quelqu’un en détresse. Je me suis déjà occupé de personnes faisant des malaises, et dont la vie était en danger ». N’empêche que, cette fois-ci, il a risqué la sienne, de vie.
« À un moment, le courant m’a emporté. Heureusement, j’ai pu me raccrocher à une branche », confie-t-il. « À cet instant, je me suis dit que j’avais peut-être merdé. Qu’au lieu d’une vie sauvée, il y aurait deux vies de perdues ».
« Éviter un drame »
A-t-il pris des risques inconsidérés ? « Peut-être. Mais il fallait agir. Si j’ai pu faire en sorte d’éviter un drame à une famille, je suis satisfait ». Quelques heures après les faits, mercredi, Jolan Pottier a pu avoir des nouvelles de celle qu’il a sauvée : « Son fils et son mari sont venus me voir à l’Epide. Ils m’ont dit qu’elle était hors de danger ».
Un soulagement pour le jeune interne qui a conclu sa journée avec ses activités habituelles : « Ce soir, j’ai taï-chi ».