Quand les productions moyennes hexagonales avoisinent les 2 M€, le réalisateur normand Francis Wolff s’est payé le culot de réaliser son premier long métrage avec tout juste 5000 € de budget. 5000 € pour les billets direction le Burkina-Faso, le matériel, les comédiens… Une gageure mais au final un résultat fort, La main blanche, prenant pour thème l’albinisme en Afrique noire, qui a été présenté en avant-première vendredi 25 mars à Sées, en guise de préambule au festival Ornécourts qui se tiendra les 17-18 et 19 juin 2016.
Les albinos persécutés par superstition
Le réalisateur a tourné en 2013 au Burkina-Faso à Ouagadougou en collaboration avec l’association ABIPA qui lutte pour l’insertion des enfants touchés par l’albinisme. Le choix de cet Etat est volontaire car c’est l’un de ceux qui se montre les plus “ouverts” tandis que d’autres territoires africains sont extrêmement peu tolérants vis-à-vis des albinos.
Francis Wolff est un amoureux de l’Afrique noire qu’il sillonne depuis une bonne quinzaine d’années.
J’ai eu l’occasion de découvrir le problème de l’albinisme voilà dix ans maintenant. J’ai tenté de réaliser quelque chose à Yaoundé au Cameroun mais ça n’était pas franchement concluant. Et puis, je me suis rapproché du mouvement Kino qui regroupe des réalisateurs déterminés, sans toujours de grands moyens. J’ai rencontré Kino Ouaga et là, j’ai remis le couvert sur mon sujet et j’ai attaqué le scénario.”
Le réalisateur normand a reçu le soutien de la comédienne Nolwenn Daste qui l’a suivi dans son périple africain.
Tous deux évoquent un tournage parfois compliqué, leur laissant peu de temps, devant jongler avec des contraintes techniques, administratives, humaines. Le sujet étant des plus sensibles :
Les albinos ont peu accès à l’éducation, ils sont souvent rejetés, considérés comme apportant le malheur ou, au contraire pouvant porter bonheur. Au mieux, les enfants sont chahutés par leurs camarades. Au pire, ce sont des nouveaux-nés qui sont jetés à la mer ou dévorés par les fourmis, on les mutile pour prélever des membres et s’en servir comme fétiches ou pour faire des potions. Au Burundi un petit bras d’albinos accroché est un talisman !”
Une ethno-fiction
Le réalisateur espère un bon accueil pour son long-métrage qui devrait être diffusé dans des festivals un peu partout en France. Il signe une “ethno-fiction” qui se veut un mélange entre le documentaire et la présence de personnages fictifs dans des environnements non-maîtrisés. On suit une jeune photographe parisienne, lassée de son métier dans la capitale et de sa relation tendue avec son compagnon.
Son break, elle décide de le faire en Afrique, auprès des hippopotames. Mais le hasard de son périple va l’amener où elle ne s’y attendait pas.
Ornécourts sur de bons rails
Le premier festival de courts-métrages de l’Orne, Ornécourts, a été présenté par Ludovic Pois qui, non sans émotion, a rendu hommage à la mémoire du parrain de cette initiative, Patrick Floersheim, récemment décédé.
Nous avons lancé les Rencontres du septième art l’an dernier, un coup d’essai qui nous a permis de voir si cela prenait. Est alors venue l’idée de lancer le premier festival ornais de courts-métrages. Un jury de professionnels va sélectionner cinquante films en compétition. 492 pré-sélectionnés ont déjà été reçus ! C’est un festival international qui va accueillir notamment l’Espagne, le Kosovo, l’Allemagne, l’Angleterre, les Etats-Unis… L’idée est de mettre au premier plan le cinéma en Normandie, de fédérer toutes les initiatives et ce projet pilote pourra rassembler à terme plusieurs villes et cinémas du département.”