Passionné par le football, Jeff, un Alençonnais de 30 ans, avait acheté son billet pour le match France-Allemagne de vendredi 13 novembre au stade de France depuis quelques semaines.
« On devait y aller à trois et un copain n’a pas pu venir. On est donc parti à deux ». Avec un ami du Mans, ils ont gagné la tribune Sud du Stade de France vers 20 h. « On était à l’angle de la tribune Est. À un moment, on a entendu une déflagration puis une deuxième. On pensait que c’était des pétards. On a vu des spectateurs monter jusqu’en haut de la tribune pour voir ce qui se passait à l’extérieur. On a aussi vu quelques personnes partir mais on n’a rien su ».
Bousculade
Arrivé à Paris avec « peu de batterie » sur son téléphone portable, Jeff l’avait passé « en mode avion pour être sûr qu’il me reste de la batterie sur le chemin du retour ». Et ce n’est qu’à la fin du match qu’il a pris connaissance de la vague d’attentats. « En rallumant mon téléphone, j’ai vu que j’avais plein d’appels et de messages. Des amis avaient cherché à me joindre ».
Alors qu’il gagnait la sortie du stade, « un homme pris de panique s’est mis à courir à contresens. Du coup, tout le monde est reparti vers l’intérieur du Stade. Il y a eu une bousculade, des gens se sont fait piétiner. Et on s’est retrouvé sur la pelouse du Stade ». Jeff et son copain ont finalement quitté l’enceinte à minuit « alors que le match s’était terminé à 22 h 45 ».
“Un bruit sourd qui nous a soulevés”
De retour à Alençon à 3 h, il a découvert les images depuis la télé. « C’est choquant ! », annonce-t-il tout en s’avouant « perturbé par cette vision d’apocalypse » à la sortie du Stade de France. « Il y avait un cordon impressionnant de sécurité. Un homme a tenté de forcer une barrière, il a été immédiatement mis en joue par les gendarmes ».
À l’évocation des déflagrations, lui revient en mémoire « un bruit sourd dans le stade qui nous a soulevés ». A-t-il eu peur ? « Oui à la sortie, quand tout le monde s’est mis à courir dans l’autre sens, vers la pelouse du stade. J’ai eu peur d’être piétiné et j’ai eu peur que l’homme qui a été pris de panique soit un kamikaze ».
Mais Jeff ne cédera pas : « Je retournerai au Stade de France voir d’autres matchs ».
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