C’est la maman de la victime qui a porté plainte à la gendarmerie. « J’ai reçu un coup de fil de l’Esat (Etablissement et service d’aide par le travail), un soir de mars 2014, me demandant de venir chercher mon fils à la suite d’une agression par un autre salarié », a-t-elle déclaré à la Cour d’Assises ce mardi matin. « Quand je suis arrivé, on m’a dit que je pouvais le ramener chez moi et qu’il pourrait revenir quand il irait mieux ». La maman a obtempéré.
« En discutant avec mon fils, j’ai appris qu’il connaissait l’auteur des faits depuis quelques années puisqu’ils avaient été ensemble à l’IME. Il m’a aussi dit qu’il avait porté un bracelet électronique ». Fait qu’elle s’est fait confirmer le lendemain lors d’une conversation avec le directeur de l’Esat « qui appelait pour prendre des nouvelles de mon fils ». Elle a alors décidé de porter plainte.
“Il reconnaît les faits mais nie les menaces”
Placé en garde à vue, l’auteur présumé des faits, un Alençonnais de 23 ans, placé sous curatelle, a reconnu « les attouchements, la pénétration, les fellations » mais « conteste les menaces ». À la barre, la victime l’affirme : « Je n’étais pas d’accord mais il m’a dit que si je le dénonçais, il me tuerait ». Le frêle jeune homme alors âgé de 25 ans s’est donc confié à un copain de l’Esat qui l’a encouragé à divulguer les faits à son moniteur.
Si l’accusé comme la victime appréhendent difficilement les notions de temps, les deux évoquent deux séries de faits sur deux jours différents. « Le mardi et le vendredi car nous étions dans la même équipe de travail », déclare la victime. À l’heure de la pause de midi, l’accusé a abusé de la victime dans les vestiaires de l’établissement.
L’accusé, grand jeune homme enveloppé, a reconnu qu’il « préfère les garçons » tout comme il avoue ne « jamais avoir eu de vie sentimentale ».
Analphabète
Son casier judiciaire laisse apparaître deux condamnations en 2010 et 2011 pour des faits d’agression sexuelle sur des jeunes enfants de 11 ans. Condamné à six mois de prison ferme, lors de son second procès, il avait effectué sa peine en portant un bracelet électronique. « Vous vous en étiez vanté de ce bracelet ? », l’interroge le président. « Non mais tout le monde se change dans le même vestiaire donc les autres l’avaient vu », répond l’accusé.
Analphabète, placé sous curatelle « en raison de dettes », l’accusé est placé en détention provisoire depuis le mois d’avril 2014. « Je fais du scolaire pour apprendre à lire et à écrire, et des soins. Ça me passe le temps et ça me sort de ma cellule », confie-t-il au président. Lors de la commission des faits, en 2014, l’accusé faisait l’objet d’une mesure d’injonctions de soins.
Sa curatrice décrit « un jeune sans difficulté » et reconnaît qu’il est « très isolé ».
“Petit, il était mignon”
Son père, venu témoigner devant la Cour, ne l’avait pas vu depuis deux ans. « La première fois, je lui avais dit d’arrêter ses conneries. La deuxième fois, j’en ai eu marre et je suis parti de chez moi », lance-t-il au président. Il nie toute différence entre ses enfants mais a déclaré, à la barre, qu’il aurait préféré que son fils accusé de faits de viols et d’agressions sexuelles « reste le petit enfant qu’il était. Petit, il était mignon ».
En réponse à l’avocat de son fils, le père convient cependant que si son fils avait besoin d’aide, il l’aiderait. Et, en pleurs, il s’est retourné vers lui pour lui dire « qu’il lui manquait ».
“Mère poule”
La mère de l’accusé a, elle, décrit « un garçon très bien », qui « doit absolument se faire soigner et revenir vers nous. Il faut être clément avec lui », a souligné celle qui se décrit comme « une mère poule » qui « aime son fils même si on ne sait pas trop ce qui se passe dans sa tête ».
L’après-midi est consacré aux témoignages du directeur d’enquête et d’experts.
L’Alençonnais de 23 ans, jugé devant la cour d’assises de l’Orne, pour des faits de viols et agressions sexuelles sur une personne vulnérable, encourt vingt ans de réclusion criminelle. Le verdict de la Cour est attendu pour demain en fin de journée.