Ils ont refusé de se laisser abattre, et ont fait le pari de continuer à exploiter leur savoir-faire, en devenant patrons. Avec « Peinture alençonnaise », Claire Puyfaucher, Yohann Boisaubert et Emmanuelle Harrault ont su rebondir. Ils ont rejoint une Scop (Société coopérative et participative) de portage – « Les chantiers de demain », en attendant de monter leur propre Scop, en septembre prochain.
Prospection, communication
« C’est pas facile, de passer du statut de salarié à celui de représentant d’une société », confie Yohann Boisaubert. Prospecter le client, travailler la communication, l’image de l’entreprise… « Tout ça c’est nouveau ». Mais grisant. Le quadragénaire, qui a passé 31 ans chez la société Kempf avant d’être licencié brutalement (les salariés avaient appris, le 2 juin dernier, que l’entreprise qui les employait était placée en liquidation judiciaire), est déterminé à valoriser son savoir-faire.
Avec deux autres salariées licenciées (Claire Puyfaucher, 34 ans, et Emmanuelle Harrault, 42 ans), il a de suite eu l’idée de monter une Scop, spécialisée en peinture extérieure et intérieure, le ravalement et le revêtement.
Mais, sans finances ni carnet de commandes, difficile de se lancer.
« On a suivi des conseils, ici et là, mais on ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Les organismes aidant à la création nous ont tous demandé de commencer par faire un emprunt. Mais les banques sont frileuses et le procédé est risqué », explique Claire Puyfaucher.
Les trois ex-Kempf ont finalement croisé la route de Christiane Passard, ex-chef d’entreprise (Peinture Rousseau) et conseillère au « Point création » (service proposé par le cabinet d’experts-comptables In Extenso). Elle a su les guider personnellement, et intelligemment : « Pour que nous puissions nous lancer en toute sécurité, nous avons opté pour une Scop de portage spécialisée dans le bâtiment : Les chantiers de demain », dévoile Yohann Boisaubert.
Concrètement : la Scop de portage gère les aspects juridiques et administratifs (n° siret, gestion comptable, assurance décennale…), tandis que les ex-Kempf se concentrent sur la prospection de clients et la réalisation de chantiers. Avec ce système, Claire Puyfaucher et Yohann Boisaubert peuvent continuer à profiter de leur CSP (Contrat de sécurisation professionnelle, qui permet aux salariés licenciés de percevoir 75 % de leur salaire brut pendant un an). « Les chantiers que nous réalisons nous permettent donc de capitaliser, puisque nous ne dégageons pas de salaire », expliquent-ils.
Pendant ce temps, Emmanuelle Harrault, ex-secrétaire Kempf, suit une formation en gestion-comptabilité. Les trois associés espèrent ainsi être prêts à lancer leur propre Scop en septembre.
Lire dans l’Orne Hebdo du 16 février