Lorsqu’elle crée Signer ensemble il y a sept ans, elle était loin d’imaginer l’engouement que son association connaît aujourd’hui et qui la fait sortir d’un univers confidentiel.
Fabienne Chartier a découvert ce monde par le biais d’une formation « Signer avec moi » au cours de laquelle elle a appris des signes permettant d’enrichir le vocabulaire gestuel naturel des… bébés ! « Une approche qui permet d’éviter des cris et des pleurs de la part des bébés qui n’arrivent pas à se faire comprendre ».
De nombreuses formations
Pour arriver à mettre en place des ateliers payants, il lui fallait une vraie structure, ce que l’association lui apportait. « Mais très vite on s’est rendu compte que c’était trop limitatif car nous voulions proposer plusieurs formations ».
Fabienne Chartier fait partie des rares personnes qui n’ont pas de sourd dans la famille. Le déclic chez elle a été assez original : « Enfant, lors d’un voyage scolaire, j’ai vu deux filles parler par signes et je me suis dit qu’un jour je saurai ».
La vague Famille Bélier
Avec soixante-six adhérents cette année, c’est une très belle progression pour Signer ensemble. Même sa fondatrice n’en revient pas. Et pour leur spectacle final, ils sont quarante-et-un participants, un réel succès.
Fabienne Chartier et Véronique Lechat, membre du conseil d’administration, avancent des pistes pour expliquer ce succès :
Nous avons bénéficié c’est certain des films La famille Bélier et Marie Heurtin. Nous avons aussi un… bouche-à-oreille qui fonctionne extrêmement bien, nous sommes désormais dans les beaux locaux de la Maison de la vie associative. Tout cela conjugué, c’est sûrement la raison du succès ».
Signer ensemble s’est illustrée dans un Café des signes mais aussi au Printemps des poètes qui lui offrent des vitrines appréciées.
Un spectacle onirique le 18 mars
C’est dans ce cadre que s’inscrit son spectacle bilingue du 18 mars. Prenant pour cadre les auteurs du XXème siècle qui est celui du Printemps des poètes, les membres de l’association vont prendre comme fil conducteur la venue de E.T. qui explore le système solaire. Une thématique qui va apporter un grain de folie, permettre d’aborder la rencontre avec l’inconnu, la notion d’échange… Avec un suspense : E.T. va-t-il « téléphoner maison » ?
Ce spectacle permet aux étudiants de développer réellement et en conditions réelles toutes les techniques de la langue car signer c’est utiliser ses mains mais aussi son visage en amplifiant les expressions.
Et là-dessus, Fabienne Chartier est dythirambique : « Mes étudiants sont franchement bluffants, certains ont commencé en septembre et sont déjà capables de monter sur scène et de tenir une chanson, c’est exceptionnel ! »
Car la langue des signes est particulièrement complexe à appréhender, il faut d’abord désapprendre l’oralité et la construction classique des phrases : la LSF s’articule en fait comme un “décor de cinéma” avec quand, où, quoi, qui, comment. Pour s’en souvenir on utilise alors ses doigts.
► A savoir
■ Sourd, avec une majuscule, c’est une vraie identité. Un malentendant a une surdité différente, un langage différent
■ On ne dit pas sourd et muet, les personnes ne sont pas muettes physiologiquement, elles ont les outils pour communiquer.
■ On ne parle pas de langage mais de langue
► Pratique :
Spectacle De tes mains à mon cœur, spectacle bilingue français / langue des signes, le vendredi 18 mars à la Halle aux toiles d’Alençon à 20h30. Accessible à tous.
Renseignements et réservations : asso-signerensemble@hotmail.com. 07 61 41 04 94 ou 02 33 26 31 65. 2 € sur réservation.