Il y a trois ans, Josiane Le Roy a ouvert une agence Unicentre (franchise) à Alençon (rue de Verdun). Un pari fou, à l’heure où le célibataire séduit sur Meetic, Attractive wolrd ou Adopteunmec. com ? « Non, il y avait une vraie demande dans le département de l’Orne » répond la « conseillère relationnelle », qui exerce depuis 1999 dans la Sarthe (elle gère aujourd’hui deux agences Unicentre : Le Mans et Alençon).
« Sérieux, motivés, libres »
La professionnelle ne s’est pas trompée : chaque semaine, elle enchaîne les rendez-vous avec de nouveaux inscrits. Des hommes et des femmes à la recherche de relations pérennes, solides. Et souvent déçus des sites de rencontres : « Sur le web, tout le monde est allé s’inscrire, le meilleur… comme le pire ». Beaucoup de femmes ont vécu des « mésaventures », et les romantiques en quête du grand amour se sont fait duper par ceux qui ne sont là que pour « chasser », multiplier les flirts. Finalement, les sites en ligne ont profité à l’agence :
« On a eu très peur en 2005, au moment où ces sites se sont développés. Mais on se rend compte aujourd’hui que le web a permis de faire le tri. Il y a quinze ans, on perdait un temps fou avec des gens qui ne savaient pas ce qu’ils voulaient ».
Désormais, ceux-ci vont s’inscrire sur Match.com et compagnie. À la porte de l’agence, ne frappent que des gens « sérieux, motivés et libres » (exit les hommes ou femmes marié(e) s). Josiane Le Roy les reçoit tous en entretien (1 h 30, en moyenne) et exige, entre autres, pièce d’identité et justificatif de domicile. Des formalités garantes de « sérieux » : les inscrits ont la certitude de se rencontrer dans un cadre « sécurisé ».
Autre avantage : pas de surprise au moment du face à face. Impossible de mentir en amont sur sa taille, son poids, ou de fournir une photo vieille de 20 ans.
L’empathie et le professionnalisme de la conseillère permettent d’affiner les critères, percevoir les affinités. « Je mets en lien les profils qui pourraient se correspondre. Je conseille aux adhérents de ne pas passer des heures au téléphone, mais de vite organiser une première rencontre ». Ensuite, la magie opère… ou pas.
Mais, en matière de sentiments, il faut savoir être patient. « L’attirance peut naître au second rendez-vous. L’important, dans un premier temps, est de se sentir à l’aise avec l’autre ».
Danièle Méreau, responsable de l’agence Unicis (depuis 1990) à Alençon, dresse elle aussi un constat positif.
« Les agences matrimoniales attirent de nombreux célibataires et ont encore de belles années devant elles », augure-t-elle.
L’avènement des sites de rencontres ? « Une chance ! », assure-t-elle. L’agence Unicis a surfé sur le phénomène et a elle aussi créé son site : « Il permet aux gens intéressés de remplir un petit formulaire qui nous est envoyé ». La promo de ce site, particulièrement efficace grâce à un bon référencement, génère 100 à 200 nouvelles demandes par mois dans l’Orne (contre 20 à 30 nouvelles demandes il y a quinze ans).
Souvent, l’internaute est attiré par les messages matrimoniaux qui parlent « engagement », « stabilité », et tranchent avec la légèreté des sites de rencontres. « 80 % des personnes qui nous contactent étaient auparavant inscrites sur un site et n’ont pas réussi à y trouver quelqu’un de fiable ».
600 à 2 400 €
Avec l’agence, elles sont prêtes à puiser dans le portefeuille (chez Unicis, l’abonnement va de 600 à 2 400 € et dure jusqu’à ce que l’inscrit trouve la personne qui lui convienne) et faire confiance aux « recherches » de la conseillère.
Un investissement pour « rompre l’isolement affectif » : « Les gens sont de plus en plus seuls », observe la professionnelle.