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Disparition d'Edouard Podyma, vétéran de la Bataille de Normandie

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Edouard Podyma est décédé ce vendredi 28 décembre 2018 à l'âge de

Edouard Podyma est décédé ce vendredi 28 décembre 2018 à l’âge de 96 ans. (©Les Nouvelles de Falaise)

La Normandie vient de perdre un de ses derniers vétérans. Installé à Gouvix, entre Falaise et Caen, depuis son plus jeune âge, Edouard Podyma est décédé ce vendredi 28 décembre 2018, à quelques mois à peine du 75e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie. Une grande figure vient de nous quitter.

« Ne les oubliez jamais. Ces moments ont laissé trop de traces indélébiles… ». C’était en 2014 devant les élèves de Terminale logistique du lycée professionnel Jean-Mermoz de Vire. Edouard Podyma racontait son histoire dans la grande Histoire.

Durs combats dans la poche de Falaise-Chambois

Conducteur de char, il a combattu en Normandie en août 1944, « dans la poche de Falaise-Chambois », précise-t-il.

Exsangue en ressource humaine après l’hémorragie qui toucha 10% de la population active au lendemain de la Grande guerre, la France lança un appel pour recruter de la main d’œuvre étrangère afin de remettre en route la machine économique.

LIRE AUSSI : Un canon de la Bataille de Normandie volé au coeur de la poche de Falaise : un appel à témoins lancé

C’est ainsi qu’Edouard Podyma arrive en France avec sa famille. Comme des milliers de Polonais dans les années vingt. Le jeune polonais va d’ailleurs à l’école élémentaire à Gouvix. Près de 90 ans plus tard, il y habite toujours. « Je ne me vois pas vivre ailleurs », dit-il malicieusement.

Bio express
– 26 août 1922 naissance en Pologne
– 1939 mobilisation
– 1940 rejoint l’Angleterre
– 17 septembre 1946 démobilisé
– 1947 entre à la Société Métallurgique de Normandie à Colombelles
– 2010 Légion d’honneur

Edouard Podyma a 17 ans lorsque la guerre éclate.

Au printemps 1940, tout le monde a été surpris de la rapidité avec laquelle les Allemands sont entrés en France. Sauf que les Allemands étaient préparés.

C’était l’Angleterre ou les camps en Allemagne

Après la débâcle, alors qu’il se trouve en Loire-Atlantique, Edouard Podyma se porte volontaire pour aller en Angleterre :

Je n’avais pas d’autre solution. L’Angleterre était le seul pays capable de résister aux Allemands. L’essentiel, pour nous Polonais, était de ne pas nous faire prendre par les Allemands. Je n’avais pas le choix. C’était l’Angleterre. En tant que Polonais c’était cela ou aller dans les camps en Allemagne, je ne sais pas comment cela se serait terminé.

Il reste quatre ans d’abord en Angleterre puis en Ecosse. « Quatre ans ça peut paraître long mais le débarquement n’est pas une mince affaire. Il ne fallait pas s’y prendre à deux fois, les Anglais auraient fini par être envahis si cela avait échoué ».

Devant les élèves, impressionnés par les médailles accrochées au revers de sa veste, l’ancien conducteur de char de la 1re division blindée polonaise reste humble :

les médailles je les ai parce qu’on me les a données. Je préfère parler avec les jeunes comme vous pour évoquer le passé que beaucoup ne connaissent pas.

« J’attendais le coup fatal, et puis l’espoir remplace la peur »

Quand on lui demande s’il ne fallait retenir qu’une chose de toutes ces années de guerre. Comme beaucoup de ceux qui sont passés par là, Edouard Podyma n’hésite pas une seconde.

Ce que j’ai vécu sur les hauteurs de Montormel, près de Chambois ».

Devant les fanatiques des divisions SS, déjà prêts à tout quand il faut combattre, et encore plus quand il faut sauver sa peau, Edouard Podyma a connu l’enfer pendant plusieurs jours :

Nous étions isolés, sans nourriture, sans eau, sans médicament, et sans munitions… Il paraît qu’il y a eu huit attaques successives, peut-être mais moi je n’ai pas eu le temps de compter. Les canons allemands étaient sans arrêt en action. Allez faire la guerre quand vous n’avez plus de munition, c’est pas facile. Il fallait se battre, parfois au poignard ou à la baïonnette.

Les Allemands perdent 10 000 hommes en une seule journée

Preuve de la violence des combats les Allemands ont perdu 10 000 hommes en une seule journée avant la fermeture de la poche le 20 août 1944.

Edouard Podyma reconnaît avoir vraiment eu peur une seule fois, lorsque les deux chars qui étaient de chaque côté du sien ont été touchés de plein fouet par des obus allemands.

Je me suis dit, le prochain c’est le mien. J’ai enclenché la marche arrière. Mais qu’est-ce que ça peut être long une marche arrière dans un char d’assaut… Dans ces cas-là, certains font des prières, d’autres refont le film de leur vie. Moi j’attendais le coup fatal et puis l’espoir remplace la peur. Ce n’était pas terminé pour autant. L’infanterie allemande est passée à l’attaque. La guerre c’est terrible. Si j’avais un message à faire passer aux jeunes générations, je leur dirais de ne pas oublier et de tout faire pour que cela ne recommence jamais. La guerre c’est la ruine, ce sont des pères et des enfants qui ne reviennent pas. Soyez prudents et méfiants. Rien n’est jamais acquis d’avance, la paix c’est quelque chose d’essentiel… 

En lui remettant les insignes de chevalier de la Légion d’honneur, en 2010 à Caen, le préfet lui avait d’ailleurs dit : « vous êtes de ces hommes authentiques dont la vie mérite  d’être portée en exemple à la jeunesse. »

Frédéric LETERREUX


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