De l’aéroport de Roissy, l’homme habillé simplement a pris la route de Radon où, jeudi 14 janvier, il a été accueilli par Léonce Thulliez, maire, avec lequel il a déjeuné au restaurant des Ragottières.
Mais que venait faire ici cette sommité du monde des Affaires et Relations internationales ?
Eh bien, Jenik Radon voulait fêter ses 70 ans à Radon. Et il est venu spécialement des États-Unis pour découvrir la commune éponyme.
Bien loin de New York
L’homme aime l’insolite. Il avait fêté ses 60 ans en voyageant 44 heures en avion, de Tokyo à Honolulu.
Dix ans plus tard, il a découvert une bourgade de mille âmes au pied de la forêt d’Ecouves, aux antipodes de New York, où il réside.
C’est il y a une dizaine d’années, avec Google, qu’il a découvert l’existence d’une commune portant son nom. Et c’est un honneur pour Radon d’avoir accueilli cette sommité qui se bat pour le respect des Droits de l’Homme.
« Un monde meilleur »
Pourquoi ce combat ? « A l’âge de 8 ans, une religieuse m’a dit que le paradis se méritait. J’ai réfléchi et je me suis dit qu’on devait passer notre vie sur Terre à rendre le monde meilleur ».
L’homme avait 10 ans lors de la révolution hongroise écrasée dans le sang par l’armée soviétique, et il s’est mis en colère lorsque la même armée a annexé l’Afghanistan, le pays où il avait vécu sa lune de miel. Aujourd’hui, il pose la question éthique : « le développement, oui, mais pour quoi et pour qui ? ».
Jenik Radon est fier d’être Américain, originaire d’un pays où règne une culture de la philanthropie : « aux Etats-Unis, Bill Gates, Georges Soros, etc. donnent une partie de leur fortune. En Europe, on estime que c’est à l’État d’intervenir ».
Être responsable
Le trait américain qu’il souhaite exporter ? « Tout est possible, ça ne dépend que de toi ».
Le trait européen qu’il souhaite importer ? « Vous appréciez davantage la vie quotidienne ».
Une phrase qu’il entend trop souvent en Europe ? « On n’a jamais fait comme ça ». Les États-Unis ont 240 ans d’âge et ne connaissent pas le fardeau du passé. Savoir que le vocable Radon est apparu il y a environ un millénaire le laisse de marbre.
Les gens
C’était la seconde fois que Jenik Radon venait en Normandie. La première fois, il y a dix ans, c’était du côté du Mont-Saint-Michel. Il n’a jamais arpenté les plages du Débarquement : « je préfère rencontrer les gens d’ici. Et il y aura toujours un lendemain ».
Jeudi soir, pile le jour de ses 70 ans, Jenik Radon a dormi aux Ragottières, avant de passer deux jours dans le Val de Loire, puis de repartir, dimanche, à Manhattan, là où il vit après avoir passé sa jeunesse dans le Bronx.
JMF