« Content de vous avoir nourri ». C’est le titre choisi par les JA et la FDSEA pour désigner la mobilisation des agriculteurs dans tout le grand Ouest, mercredi 27 janvier. À Alençon, les éleveurs se sont donné rendez-vous sur les ronds-points menant à l’A28 et à l’aire de la Dentelle.
Les tracteurs et convois agricoles sont arrivés en fin de matinée, mais les accès ne sont pas bloqués : « Nous avons mis en place un barrage filtrant, et distribuons des tracts afin de sensibiliser les automobilistes », informe Guillaume Larchevêque, président des JA de l’Orne.
Sur cet axe très fréquenté, les agriculteurs contrôlent également les camions frigorifiques transportant de la viande. « Nous vérifions l’étiquetage et la traçabilité des produits. En fin d’année, nous avons constaté un relâchement du côté des grandes surfaces sur ce point », alerte le président.
Ce que les syndicats pointent : la viande importée (notamment d’Italie et de Belgique) vendue à des prix défiant toute concurrence et pénalisant les éleveurs locaux. « Avec les normes que l’État nous impose, on ne peut pas être compétitifs », déplore Fabien Durand, secrétaire général des JA 61.
À peine arrivés, les syndicats ont mis la main sur de la viande à l’origine inconnue : « Elle est destinée à Buffalo Grill », signalent-ils. « Nous allons conserver ces échantillons pour les montrer aux élus, et au préfet ».
Sénateurs et députés de l’Orne étaient en effet attendus à midi, sur le rond-point, à la sortie de l’A28. L’occasion pour les éleveurs de rappeler leur principale revendication : l’adoption de la loi de compétitivité des filières agricoles et agroalimentaires (elle sera soumise au vote de l’Assemblée nationale le 4 février). « Elle permettra une reconstruction pérenne des filières, mais aussi d’imposer des prix rémunérateurs », indique Fabien Durand.
Des prix qui, malgré les actions d’ampleur menées l’été dernier, n’ont pas grimpé pour les filières d’élevage. Au contraire. « Sur une bouteille d’un litre de lait 1/2 écrémé vendue 82 centimes, le producteur ne touche que 27 centimes. C’est très bas – en face, le coût de production est de 33 centimes – et les prix continuent de chuter ». Quid du fonds d’allégement des charges, promis par le ministre de l’Agriculture ? « Dans l’Ouest, on n’en a pratiquement pas vu la couleur ». Pourtant, il y a urgence : « Les trésoreries des exploitations sont dans le rouge, tandis que les marges des transformateurs, des distributeurs et des intermédiaires ne cessent de gonfler ».
Pour sortir de la crise, les agriculteurs attendent des mesures fortes. Et veulent des moyens, pour valoriser leur image. « Le made in Normandie devrait bénéficier de meilleurs outils de communication. Cela permettrait de mieux écouler nos productions localement ».
La « journée noire » pourrait se poursuivre face à la préfecture.