Le télétravail : une façon de travailler qui concernerait en France 17% des actifs en France. Depuis un an la CCI des Portes de Normandie mène une étude auprès de 23 entreprises de la région avec des résultats encourageants.
Toute l’année 2015, la délégation d’Alençon de la CCI Portes de Normandie (fusion des CCI d’Alençon et de l’Eure) s’est inscrite dans un programme national lancé par le gouvernement permettant de dresser un état des lieux du télétravail.
Trois régions ont été retenues : l’Alsace, Champagne-Ardennes et la Basse-Normandie. Et, pour notre région, l’Orne a représenté… 61% (ça ne s’invente pas !) des dossiers, 39% pour le Calvados, la Manche brillant par son absence. Au total 1344 entreprises ont été sensibilisées au télétravail ; 122 ont été informées des enjeux et bénéfices de cette forme de travail par Nicolas Tessier, chef de projet à la CCI. Et au final, 23 d’entre-elles ont bénéficié d’un diagnostic détaillé.
La boîte à outils du télétravail
« Nous nous sommes positionnés dans une optique d’écoute dans un premier temps car nous ne connaissions pas les métiers de ces entreprises, des univers très diversifiés » relate Nicolas Tessier. Partant de cette base, le diagnostic est allé directement vers les attentes de ces sociétés allant d’un aspect juridique à des souhaits de recrutement, d’organisation du travail, etc.
Au final, la CCI a fait appel à l’expertise de pionniers du télétravail : Xavier de Mazenod (ZeVillage) et Franck Gault (LBMG Worklabs) pour établir une « boîte à outils » au service de ces entreprises et préconiser des pistes de développement.
Un séminaire de clôture a permis de restituer les résultats de l’étude en mettant l’accent sur les avantages du télétravail et en luttant contre les idées reçues qui sont nombreuses.
Au-delà, l’accompagnement réalisé a été l’occasion pour les entreprises de réfléchir à l’usage et aux bénéfices du numérique, de repenser l’organisation du travail, les pratiques managériales ou les nouvelles approches de développement commercial et d’innovation.
En filigrane bien évidemment se pose l’attractivité du territoire, surtout rural et la vision de demain pour y ramener des compétences, des actifs en recherche d’une qualité de vie.
Des attentes très diverses
Ce qui frappe en premier lieu dans cette étude est la diversité des attentes des entreprises retenues et surtout leurs domaines d’activité. Là où l’on s’attendrait retrouver une majorité de sociétés du tertiaire on a aussi pas mal d’industries.
A l’image de Manuplast à La Ferté-Macé, spécialisée dans les pièces plasqtiques, dont son responsable, Martin-Pierre Rapeaud, juge le télétravail comme une vraie piste de développement :
Le déclic a été un accident de football ! Mais la réflexion a été menée chez nous auprès du bureau d’études, de la partie commerciale, des ressources humaines, de la comptabilité… L’objectif est de proposer le télétravail aux salariés qui le souhaitent et qui en ont les compétences. Nous nous inscrivons dans une démarche de développement durable et d’innovation et cette piste nous a ouvert de nouvelles perspectives. Onze salariés ont été ciblés à ce jour ».
Même approche pour Charlène Lebannier de la Sasic à Putanges. Assistante ressources humaines dans cette société spécialisée dans les pièces automobile, le télétravail est pour elle une découverte. Et elle fait partie des deux salariés intéressés pour tenter l’expérience :
En fait, certaines tâches pourraient être données en télétravail qui concernerait une journée par semaine » car, bien évidemment, difficile de délocaliser totalement un poste de RH qui nécessite une proximité avec les salariés. Mais cette journée « maison » lui permettrait de pallier des soucis de déplacements lointains notamment.
Un outil de croissance important
Dans un univers plus conventionnel, François Garnier est responsable de la société Alticap à Caen, dédiée à l’informatique de gestion. Autant dire que la délocalisation y est plus aisée que dans l’industrie car tout l’aspect technique est déjà optimal. « Avec ce diagnostic nous avons essentiellement abordé les aspects juridiques. Sept salariés sur les 140 sont intéressés ». François Garnier voit surtout dans ce développement une excellente occasion de bénéficier d’un outil de croissance important : « Grâce au télétravail nous bénéficions d’une tête de pont dans une région loin de notre base, sans trop de frais, nous avons un territoire de conquête sans prendre trop de risques ».
► En chiffres
2407 entreprises constituaient le fichier de base pour la région
1344 ont été sensibilisées par téléphone
90 rendez-vous planifiés pour le chef de projet
122 entreprises rencontrées
23 entreprises inscrites
► Le télétravail et ses idées reçues
Xavier de Mazenod (fondateur de ZeVillage) et Franck Gault (LBMG Worklabs) ont été retenus pour diagnostiquer les entreprises et leur proposer des solutions de développement vers l’univers du télétravail.
« On a le plus souvent une approche assez négative en France du télétravail mais on recense 97% de taux de satisfaction. Si le télétravail est bien géré il y a très peu de contentieux social » relèvent-ils.
Isolement, inoccupation, management à distance, rupture avec le collectif, équilibre difficile entre vie privée et professionnelle… font partie des craintes liées au télétravail. « Des craintes légitimes mais de fausses objections, tout tient dans la manière de manager ».
Recruter des talents
Bien évidemment, à l’heure actuelle, l’un des freins les plus importants tient parfois dans l’absence d’un réseau informatique fiable et performant, notamment en milieu rural. D’où l’importance de développer les structures.
« Car, au final, les entreprises qui tentent le télétravail sont plutôt satisfaites avec des gains de 15% en productivité de leurs salariés et parfois l’occasion de recruter des talents qui ne veulent pas quitter leur région ! »