La sculptrice Danielle Zerd propose une exposition autour du thème « La transmission » réalisée par des résidentes du centre maternel d’Alençon. À voir vendredi 23 et samedi 24 juin à la maison de la vie associative. Interview.
Pourquoi un tel projet avec le centre maternel ?
« Chloé et Cassandra, anciennes résidentes accueillies, sont, sans l’imaginer, à l’initiative de ce projet. À la suite de leur visite avec une éducatrice, à mon exposition à l’Hôtel du Département en 2015, elles ont laissé un message dans le livre d’or en sollicitant ma venue pour que je fasse un projet comme celui présenté lors de cette exposition. Il a fallu quelques mois pour que je rencontre Marylaine, l’éducatrice, qui est à la retraite depuis et à qui il tenait à cœur de faire entendre l’envie qu’elles avaient exprimé. La chef de service du centre maternel a été emballée par cette idée. Le projet s’est alors mis en route. »
Comment est née l’idée de cette exposition “La Transmission” ?
« Dès la première rencontre, elles ont fait entendre leur grand désir de transmettre à leurs enfants ce qu’elles n’auraient pas eu, une autre enfance, une autre vie, et elles ont choisi un thème : la transmission. »
Que dit-elle ? Quel est son message ?
« La Transmission avec ses valeurs ses qualités : aimer, créer, avoir du cœur, rêver, avoir un idéal et de la force, sont autant d’occasions de réaffirmer sa place au travers d’un lien entre monde imaginé et monde réel. Ce projet a été une occasion de s’exprimer et de transformer ce qu’elles mettent dans ce mot qui fait entendre une projection dans l’avenir. Vanessa propose une œuvre qui aborde la recomposition avec une recherche sensible d’assembler le tout. Aimer est le mot qui vient quand on regarde cette petite famille. Natacha, avec ses maisons manuscrites, nous livre sa passion. Elle aborde la terre comme un architecte, elle parle de projet, de voyage en Italie où la famille n’est pas oubliée. Diana nous livre une mère ronde qui peut accueillir ses enfants. Ils pourront confortablement s’installer sur un coussin et se cacher à l’intérieur ou sortir regarder le monde. Cœur énorme et généreux qui relie la mère à ses enfants. Melvina nous fait rentrer dans cette tête et nous propose de nous asseoir sur ce banc à côté d’un nourrisson pour lire un livre. Rêver grâce à la créativité où des images vaporeuses et poétiques nous permettent d’aborder autrement le quotidien. Delphine a utilisé une peine pour progressivement rassembler d’autres éléments au cœur de sa vie et nous confier le contenu de ces boîtes mystère. Idéal pour s’autoriser à ce que tout puisse arriver. Samantha nous propose de réfléchir autour d’un visage multifacettes qui suggère des choix divers où plusieurs réponses sont possibles. »
Comment s’est déroulé l’engagement des sculptrices volontaires ?
« L’atelier a représenté un espace-temps contenant où elles ont pu exprimer verbalement et artistiquement leurs émotions et préoccupations.Elles ont eu des choses à montrer, à raconter, à partager, et la terre a été transformée tout en respectant la disposition, l’attitude, l’aptitude, la capacité de chacune à s’imaginer. L’activité de création est un va-et-vient entre le geste qui laisse une trace et le regard qui contrôle le résultat et anticipe le prochain geste : les créatrices sont passées de la pensée qui construit l’image à une action concrète pour pouvoir expérimenter son pouvoir d’agir, processus qui permet le changement. »