Pour atteindre son but et poursuivre sa progression, l’Ornais avait quitté son club de cœur, l’AJ61, pour celui, plus professionnel, de Sucy Judo en région parisienne. Si ce changement intervenu l’été dernier était un crève-cœur pour celui qui a toujours combattu sous les couleurs alençonnaises, il devait lui permettre de prendre son envol pour les Jeux Olympiques 2020, son grand objectif.
« La tête a dit stop »
Mais les ailes du judoka ont été coupées en plein vol. Quelques mois après son arrivée à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), une grave blessure à la cheville gauche l’a éloigné des tatamis pendant presque un an. Une rechute en réalité puisqu’il avait déjà dû être opéré au printemps précédent. Cette période a été « extrêmement difficile à vivre » pour celui qui espérait profiter de cette année pour engranger des points en compétitions européennes et mondiales en vue des JO de Tokyo. Il le reconnaît lui-même :
« J’ai douté sur le fait de pouvoir revenir au plus haut niveau. La tête a dit stop. »
Un combat contre la balance
Or, le corps et l’esprit sont toujours très liés, surtout dans le sport de haut niveau qui demande autant de capacités physiques qu’une tête solide. Et Joseph Terhec a payé cette baisse de moral sur la balance. « D’octobre à janvier, je n’ai plus pratiqué de sport. Forcément, je l’ai payé en prenant 19 kg. J’ai donc atteint 119 kg avant de reprendre courant janvier par de la musculation et de la préparation physique. »
Une grosse épine dans le pied pour celui qui combat dans la catégorie des – 100 kg.
« Depuis ma reprise, je m’attelle à retrouver mon poids normal. »
Aujourd’hui à 107 kg, l’Ornais espère revenir à la centaine d’ici ce week-end, où il doit participer à une compétition internationale en Slovénie. « Pendant une semaine, je serais vraiment à la diète. Il faut manger le moins possible, boire très peu et courir. »
« La pesée risque de se jouer à quelques grammes prêts. »
Mais cet état d’esprit volontaire est signe que son moral de gagneur est revenu.
« Retrouver le titre »
Désireux retrouver les tatamis au plus vite, Joseph Terhec n’a pas attendu la fin de son régime pour reprendre la compétition. Durant le mois de mai, il n’a toutefois pas repris dans les meilleures conditions. « En Russie, pour ma première compétition (en + 100 kg) depuis mon retour, cela ne s’est pas bien déroulé. » Il tombe sur de « beaux bébés » et les sensations ne sont pas encore présentes.
« La forme, la condition physique mais surtout le souffle… Je sens que ce n’est plus comme avant. »
Il souffre, mais ne rompt pas.

Fin mai, il décide de participer aux demi-finales du championnat de France dans la catégorie des lourds. « Grâce à ma perte de poids, les sensations étaient plutôt bonnes et je n’ai pas ressenti de difficultés lors de mes cinq combats », explique-t-il.
Offrir un titre à Sucy
Surtout, cette compétition lui fait forcément du bien au moral. Il s’est en effet imposé et a donc obtenu sa qualification pour la finale des championnats de France 1re division, dans une catégorie qu’il ne connaît pourtant pas. Mais il ne devrait « pas y participer », s’empresse-t-il de corriger. Pour lui, l’objectif est ailleurs. « Je suis automatiquement qualifié pour la finale des championnats de France des – 100 kg. » Et il annonce la couleur :
« Je veux retrouver le titre que je n’avais pas pu défendre l’an dernier. »
« Je ne regrette pas du tout »
La motivation est donc bel et bien de nouveau présente et l’Ornais va, enfin, pouvoir profiter pleinement de son changement de club. « Cela a été difficile car je n’ai pas encore pu m’exprimer en tant que judoka à Sucy », regrette-t-il. « Mais je sais déjà que ce nouveau club va beaucoup m’apporter. Les partenaires d’entraînements ne sont pas les mêmes, le suivi est important.
« Je suis déjà très bien à Sucy judo et je ne regrette donc pas du tout mon choix. »
Un œil sur l’AJ61
D’autant plus que l’ancien pensionnaire de l’AJ61 reste très lié à ses racines. « Il ne se passe pas une semaine sans que je parle à Tony Rouxel (président de l’AJ61) au téléphone. Je reste aussi en contacts avec les copains du club. Cela m’a d’ailleurs beaucoup aidé dans ma période de convalescence. » Il n’oublie pas non plus ceux qui ont pris sa relève dans la Cité des Ducs.
« Je garde un œil sur Timothé Gouin, je lui donne des conseils et je le prends un peu sous mon aile lorsqu’il vient en stage à l’INSEP. »
Loin des yeux, près du cœur.