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Elle rêvait d’ouvrir sa boutique de vêtements et d’en faire « un lieu non aseptisé, riche en contacts humains et dédié aux clientes que j‘appellerai par leur nom ou leur prénom ». En 2008, Delphine Leboucher franchit le pas et crée Yumé. « Ma belle-sœur est japonaise et elle m‘a soumis plusieurs propositions de noms. Dans la liste, il y avait yumé qui signifie rêve ! C‘était forcément celui-là ! », sourit l’Alençonnaise de cœur qui pose alors son enseigne au 109 de la Grande-Rue, dans le quartier Saint-Léonard.
70 heures par semaine
La boutique s’étoffe en marques et se diversifie avec des accessoires. Le succès est au rendez-vous. Pourtant neuf ans plus tard, Delphine Leboucher raccroche. Ou plutôt se met en veille. Épuisée.
« Je travaille 70 heures par semaine et je consacre mon week-end du dimanche et du lundi à la gestion informatique de ma boutique et à l‘administratif », lâche la dynamique chef d’entreprise, le regard empli de larmes. « Je ne prends que deux semaines et demie de vacances par an et jamais plus de quatre jours d‘affilée pour être ouverte le vendredi et le samedi ». Tout cela, seule aux commandes.
Car son chiffre d’affaires ne lui permet pas de recruter une salariée. Tout juste de se dégager un salaire mensuel de mille euros. « Mais être à la tête de ma boutique et d‘y faire ce dont j‘ai envie, c‘est ma passion et je préfère gagner moins que le Smic en faisant cela plutôt que de gagner plus en tant que salariée ailleurs ! », convient-elle.
Elle refuse de stagner
Mais à ce rythme et dans ces conditions, à 42 ans, elle craque. « Depuis trois ans, je constate une baisse de mon chiffre d‘affaires. C‘est un phénomène national mais le centre-ville d‘Alençon est aussi moins fréquenté depuis l‘ouverture des zones et je le ressens encore plus depuis le mois de décembre, avec la fermeture de boutiques de vêtements de la rue aux Sieurs. Depuis trois ans aussi, il fait trop doux l‘hiver et trop froid au printemps pour vendre les collections dans les temps. Du coup, je vends essentiellement aux soldes et ma marge se réduit ! » Autant d’éléments qui font que Delphine « s‘essouffle ». Or, elle refuse « de stagner », de faire de « son rêve un cauchemar ». « J‘aime quand ça booste et là, je ne vois plus l‘horizon ».
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Elle a donc décidé de cesser son activité. « Mon magasin est en liquidation depuis vendredi (28 avril) et pour deux mois maximum ». Pour favoriser l’épuisement de son stock, elle effectue des journées en continu (de 10 h à 19 h du mardi au samedi) ces deux premières semaines de liquidation.
Elle rendra les clés de la boutique qu’elle loue « et de l‘appartement au dessus qui me sert de réserve » à l’été. Non sans projets plein la tête.
« J‘aime le centre-ville d‘Alençon et mon métier, j‘ai donc l‘intention d‘y revenir en fin d‘année, pour y rouvrir Yumé mais dans un espace plus grand et dans la rue piétonne. Parce que j‘ai envie d‘une rue piétonne qui bouge, d‘un centre-ville redynamisé. J‘aimerais aussi revenir aux sources de Yumé avec sa friperie mais tout en gardant mes marques de vêtements et les accessoires. Je voudrais également recréer des événements. Je rêve d‘organiser un défilé de mode dans la rue aux Sieurs ! »
Dans la boutique éphémère ?
Or, pour mettre ses nouveaux plans à exécution, Delphine a besoin de refaire le plein d’énergie, « de tout effacer » de ce premier épisode de la vie de Yumé pour en écrire le second. Elle a déjà contacté la Ville d’Alençon pour lui soumettre son projet de déménagement. « Ils m‘ont parlé de la boutique éphémère et ce serait un bon compromis pour moi », se réjouit-elle. D’autant qu’à l’avenir, elle entend se faire accompagner d’un salarié ou d’un associé.
D’ici là, elle va se concentrer sur la fermeture de sa boutique, non sans, comme à son habitude, s’enquérir des souhaits de sa clientèle. « Un questionnaire sera à disposition pour connaître ses attentes dans la future boutique Yumé », annonce Delphine pour qui les trois prochains mois vont prendre l’apparence de grandes vacances qu’elle va enfin pouvoir partager avec ses filles. « Et réfléchir à mon nouveau projet ».
Pas sûr au final que l’hyperactive créatrice se mette totalement au repos donc !