L’Alençonnais de 46 ans avait sympathisé avec Lucas (prénom d‘emprunt) en août 2016 alors qu‘il se trouvait devant le domicile de son père. Rapidement, le quadragénaire avait échangé son numéro de portable avec celui de l‘adolescent de 15 ans. Avant de lui confier un Pass de son immeuble. L‘ado affirme cependant ne jamais être allé dans l‘appartement de l‘Alençonnais de 46 ans.
« Monte sinon je vais te faire du mal »
Les mois qui ont suivi, l‘homme s‘est rendu devant le lycée du jeune pour le reconduire chez lui. Il a également retrouvé l‘ado en forêt, dans le village où vit sa mère. Là, sur les petites routes de campagne, il a fait conduire Lucas, en prévision du permis de conduire qu‘il avait annoncé lui payer à sa majorité.
Mais ces « conduites » se sont, pour une vingtaine de fois, soldées par une agression sexuelle du jeune homme. « On a fait la chose qu‘on n‘aurait pas due. À mon grand regret », avoue le prévenu devant le tribunal correctionnel d‘Alençon, mercredi 26 avril.
Face à l‘impatience du président qui souhaite davantage de détails, le prévenu lâche : « On a fait du sexe». Mais selon le prévenu, les faits étaient consentis par l‘adolescent.
Celui qui compte deux précédentes condamnations pour des faits similaires nie donc toute agression sexuelle. Et minimise le nombre de faits.
Lors de l‘enquête, le jeune homme avait précisé que le prévenu « a fermé les portes de la voiture à chaque fois et m‘a déshabillé ». Il confirme à la barre. « J‘étais assis côté passager et il me disait : « Si tu ne le fais pas, je te laisse dans la forêt ». Pourquoi acceptait-il d‘y aller ? « Il venait à la sortie du lycée », répond le jeune homme. Le prévenu s‘est-il montré menaçant ? « Oui, il me disait « Monte dans la voiture sinon je vais te faire du mal ».
« Le prévenu présente un réel danger pour les mineurs », annonce le procureur de la République. « Les faits sont réalisés dans un contexte nauséabond, il n‘y a pas de pulsion sexuelle, c‘est la raison qui commande. Les faits sont froids et commis par un prédateur qui rôde et va chercher sa proie en fonction de ses vulnérabilités ».
« Mode opératoire glaçant »
Selon le Parquet, « l‘infraction est grave et le prévenu manque de décence en s‘enfermant dans son mensonge et en niant systématiquement les faits ». Or, « tous les indices montrent la culpabilité du prévenu » et « les répercussions chez la victime montrent que les actes étaient non consentis et subis : cauchemars, boules au ventre, etc. Et puis l‘emprise d‘un ado de 15 ans sur un homme de 46 ans, c‘est impossible ! »
Il pointe du doigt « la récidive », « le mode opératoire glaçant, bien rodé et qui vise systématiquement de jeunes ados ». À l‘encontre de cette « personnalité inquiétante », le procureur de la République requiert cinq ans de prison ferme, son maintien en détention, l‘interdiction définitive de tout contact avec des mineurs dans le cadre professionnel ou bénévolat, et un suivi sociojudiciaire de deux ans avec obligation de soins et interdiction de tout contact avec mineurs.
Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du Parquet et a condamné l’Alençonnais de 46 ans à cinq ans de prison ferme, à l‘interdiction définitive d‘entrer en contact avec des mineurs dans le cadre professionnel ou de bénévolat, à trois ans de suivi sociojudiciaire et à la peine de deux ans de prison en cas d‘irrespect de ce dernier et à l‘inscription de son nom au fichier des auteurs d‘infractions sexuelles. Il a été maintenu en détention.