Rester derrière un ordinateur durant six heures d’affilée, c’est pour elle impossible. Il lui faut faire du sport. « C’est pour moi nécessaire, sur le plan physique, spirituel, psychique. Le sport est une nourriture et un médicament ».
« Hyperactive compulsive », Myriam Charbonnier ne le cache pas : elle est addict au sport. On appelle ça la bigorexie. « On le nie parfois, comme l’alcoolique nie son addiction, une bouteille à la main ».
Course, foot, basket, natation, etc.
Celles et ceux qui font de la course à pied la connaissent. Elle trotte avec le maillot jaune et vert de Condé-sur-Sarthe ou le maillot des pompiers d’Alençon, où elle est secrétaire.
Mais elle joue également au foot avec l’US Alençon (trois fois par semaine, sans compter le match), joue au basket (loisir) avec l’UBCUA, fait ses « deux kilomètres de natation chaque jour », grimpe sur un vélo, joue au volley et fait de la musculation chez les pompiers, etc. « J’aime cette pluralité de sports », confie celle qui a naguère pratiqué l’équitation, le tennis et la danse.
Pompier (très) volontaire
Elle ne se contente pas d’être secrétaire au SDIS *. Elle est également pompier volontaire : « j’aime aller vers les autres. Cela ne me dérange pas de me lever à trois heures du matin pour aller relever une petite dame qui est tombée de son lit ».
Se lever au milieu de la nuit qui, chez elle, ne compte que six heures.
Un minimum et un maximum pour une femme qui est également maman de neuf enfants âgés de 7 à 23 ans. Trois garçons et six filles.
Elle déclare se sentir au milieu du triangle vie familiale-vie professionnelle-vie sportive. Grâce sans doute à une organisation et à un mental.
Soignée mais pas « guérie »
Mais cela ne va pas sans soucis et notamment un passage à vide, cet automne et cet hiver : « j’ai joué avec ma santé. Le corps a ses limites qu’on n’écoute pas toujours. Pas grand-chose m’arrête. C’est un tort ».
Elle a donc poursuivi le sport « même sans plaisir ». Et fait un burn-out qu’on devine logiquement pas très bien vécu.
Mais « j’ai donc continué à faire du sport durant mon arrêt car c’est un type de traitement » Elle a « soigné l’addiction par sa source mais en étant aidée et accompagnée.
Apprendre à courir, nager, pédaler, jouer pour soi, sans challenges morbides ou inaccessibles, est loin d’être atteint mais le temps, les alertes du corps et la raison seront implacables ».
Même dans la douleur
Mais pourquoi l’effort ? « Pour aller au bout de soi-même. Même dans la douleur, on y trouve un certain plaisir. Quand on est parti, on n’a pas le droit de s’arrêter ».
Une pause durant les vacances ? Certainement pas : « dans la voiture, il y a toujours un ballon de foot, un boomerang, des palmes… ».
Myriam Charbonnier mérite bien la palme de la sportive émérite.
Elle dont la course rêvée est un triathlon ironman, grand format : 3,9 km de natation, 180 km de vélo, 42 km à pied. La bientôt quinquagénaire est prête, au moins dans sa tête.
Comment « guérir » ?
Mais elle aimerait aussi changer de travail rapidement : « cela reste mon ultime chance d’équilibre », souligne celle qui confie « une incapacité à rester en place et une douleur psychologique et physique à devoir rester assise devant un ordinateur dans le cadre professionnel ». Il lui faut un boulot physique…
JMF
* Service départemental d’incendie et de secours.
Age : 48 ans. Taille : 1,73 m. Poids : 55 kg. Fréquence cardiaque au repos : 55.