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Les pierriers, trésors inutiles mais très utiles

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Florian Fiévet (technicien), François Barbier (ingénieur géologue) et Isabelle Aubron (conservatrice du patrimoine géologique au Parc Normandie-Maine)
Florian Fiévet (technicien), François Barbier (ingénieur géologue) et Isabelle Aubron (conservatrice du patrimoine géologique au Parc Normandie-Maine)

C’est l’un des plus beaux trous perdus de l’Orne.

Ici, à La Lande-de-Goult, les poules déambulent sur le bitume, et les chevaux et bovins arpentent les sous-bois, comme jadis.

Et puis, à deux cents mètres de la voie publique, un pierrier. Tellement beau que tout le monde passe à côté.

Sauf François et Florian, venus de Belgique. Ils déroulent du câble, ils plantent des électrodes…

En réalité, le cabinet BCG a été missionné par le Parc Normandie-Maine pour en savoir davantage sur ce tas de cailloux « qu’on appelle le pierrier des Montgommeries », confie Isabelle Aubron, la géologue du Parc *.

Dure et fragile

Objectif principal de la mission : « déterminer l’épaisseur du pierrier », un rectangle d’environ 250 sur 20 mètres.

De quoi est-il constitué ? « De petits blocs de quartzite, des grains de sable soudés par un ciment ». Une roche très dure, peu poreuse, mais fragile. Un paradoxe ? Non : « un cheveu est fragile mais ne casse pas. Un os est dur mais se brise ».

Ce pierrier est « témoin des climats passés, lorsqu’il faisait froid ». La végétation comprend notamment le lichen des rennes, aliment de cet animal. Et la roche a des allures de ce que l’on trouve habituellement à 2000 mètres d’altitude. Ici, c’est 340.

Quel âge ont ces pierres ? « L’âge du grès armoricain est estimé à 470 millions d’années ». Peut-être six millions de plus.

Il résiste

Pourquoi, sur ce terrain privé, là où la forêt n’est pas exploitée, ce pierrier résiste et semble n’avoir pas rétréci depuis un demi-siècle (contrairement à celui de la Butte Chaumont) ?

D’abord parce que ce pierrier s’étend sur une pente d’environ 30 %.

Les géologues apportent une seconde réponse : au vu des premières investigations, « ce pierrier est épais d’au moins dix mètres ».

« Plus épais qu’on le supposait », précise I. Aubron.

Les données vont être analysées par le duo qui a regagné la Belgique, le plat pays qui est le leur.

Ceinturé par des fougères aujourd’hui caramélisées mais qui vont bientôt relever la tête, le pierrier a retrouvé le silence lunaire et gris comme la roche.

On peut entendre une araignée marcher.

On peut entendre le printemps pousser.

JMF

* Pierrier parfois désigné localement comme « le blanc perré ».


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