Professeur de Lettres au lycée Alain, entre autres, Bernard Baillaud a donné une conférence le vendredi 16 mars 2017 à Alençon et il a ainsi baptisé celui qui fut l’imprimeur d’un chef-d’œuvre de la littérature française : « les Fleurs du mal », de Charles Baudelaire, publié il y a 160 ans. Et en partie censuré.
Mais l’enseignant a surtout évoqué l’imprimeur sans citer son célèbre auteur.
Discrète impertinence
Imprimeur certes mais aussi érudit qui, à l’âge de 21 ans, dans « le Journal d’Alençon », rendait compte de l’inauguration du collège royal devenu communal, en octobre 1846, « avec ironie et impertinence ». Ce jour-là, le préfet parle et se cite : Poulet-Malassis s’en aperçoit. De même qu’il répare les oublis du maire et les erreurs du proviseur à « l’érudition hasardeuse ». Il dit les choses sans tout à fait les dire : « il est armé pour affronter Napoléon III », celui qui habitait « Alençon quand ça va bien, Paris quand ça va mieux, Bruxelles quand ça va mal ».
Car l’imprimeur Poulet-Malassis avait du caractère : « il vaut mieux des livres qui ne se vendent pas que des auteurs qui se vendent », disait celui dont la devise était « pauci, boni, nitidi » (peu, bons, en bon état).
Courageux
Un imprimeur qui eut le courage intellectuel de publier des livres voués à la destruction comme une biographie de Saint-Just, signée Hamel : « Poulet-Malassis n’a jamais été favorable à la Terreur ».
En 90 minutes, Bernard Baillaud a ainsi éclairé un phare de la liberté, avec humour et érudition. Exemple avec ce rappel utile : « le titre « les Fleurs du mal » aurait été suggéré par Hippolyte Babou ».