Pour écouter du disco, il fallait aller voir ailleurs. « Eux, on les envoyait à la discothèque Le Tempo, à Montchevrel », assume Dan Richard.
En 1979, cet ancien commercial décide de stopper son activité pour ouvrir une discothèque.
« J’ai toujours rêvé de faire ça. »
Plus jeune, il faisait la fête à La Lisière de Neufchâtel-en-Saosnois et au Pont percé, un bar « un peu folko » d’Alençon qui lui a donné envie de monter son affaire.
Scène du rock ornais
Lassé par les nombreux déplacements inhérents à son emploi, il ouvre La Forge en 1980 dans l’ancienne épicerie de Marchemaisons.

« C’était l’ancienne bâtisse du maréchal-ferrant, d’où le nom de La Forge. »
À l’intérieur, Dan transforme l’endroit en lieu branché : tags fluo sur les murs, banquettes et scène de concert. Chaque mois, il fait venir un groupe de musique connu du secteur. Il cite notamment ceux de Joël Pellegrini, de Loïc Lecomte, aujourd’hui patron de La Luciole ou encore celui de Stéphane Artois, Face B. « J’ai aussi fait venir le groupe Mes souliers sont rouges, notamment pour les 20 ans de la boîte qui correspondait à l’année de sa fermeture. »
Mais « l’image de La Forge, c’était le rock ! », revendique-t-il. Cette image, c’est le DJ Benoît Vedi qui l’a peu à peu construite, avec l’accord du patron. « Lui était vraiment branché rock. »
« C’est parti gentiment et peu à peu, la discothèque a trouvé une clientèle à son image. Nous avions vraiment un style différent des autres qui attirait du monde. Je me souviens de Parisiens qui louaient une maison pas loin pour passer ces week-ends à La Forge. »
Cette marque de fabrique lui « convenait bien car ceux qui aiment le rock ne sont pas des personnes à problèmes. »

Son voisinage non plus. « Il n’y avait qu’un couple de personnes âgées qui vivait à côté. »
« Quand on demandait à la mamie si la musique la dérangeait, elle répondait : « sûrement pas ! J’aime écouter la musique des jeunes, ça me berce. » »
Refuge des jeunes
D’une capacité de 200 places, la boîte de nuit coule des jours tranquilles pendant 20 ans.
« À l’époque, ce genre d’établissement fonctionnait partout. Les jeunes avaient besoin de se réfugier un peu dans ces clubs privés, avec du confort et la musique à la mode. »
« Les 25 discothèques de l’Orne tournaient bien en ouvrant deux jours par semaine pour la plupart. Aujourd’hui, c’est fini, c’est une profession morte. Il n’y a plus de place pour tout le monde. »
De ces 20 ans de gérance, Dan Richard n’a « rien vu passer », mais en 2000, à 51 ans, il décide d’arrêter. « J’ai toujours dit que j’arrêterais de travailler à 50 ans. » Il remplace la discothèque par un bar-pub, le Broc Café, mais ne tient qu’un an avant de céder la gérance à d’autres personnes.
Aujourd’hui, l’établissement qui dispose également d’une cuisine professionnelle, est inoccupé et « à vendre ». De l’époque de La Forge, il ne reste que la cabine du DJ, et les 1 000 vinyles qui animaient les soirées marchemaisonaises que l’ancien patron conserve précieusement.
Le dossier “discothèques” de l’Orne Hebdo :
- Le Singe : la fête en cage de père en fils
- La Forge : la touche Rock à Marchemaisons
À venir :
- Le Bayokos : l’Arc-en-Ciel alençonnais
- Le Tempo : le bal devenu branché
- La Lisière : quand la forêt de Perseigne dansait
- Le Diapason : La Parisienne en campagne sarthoise
- Le Klubb : le bolide suspendu de La Hutte
- Le Lipstick : le rêve de six bâtisseurs à Livaie