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A Alençon, la Police-Secours sur tous les fronts

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Vacation funéraire, interventions sur la voie publique et rédaction de procès-verbaux pour tous leurs déplacements : telles sont notamment les missions de la Police secours à Alençon.
Vacation funéraire, interventions sur la voie publique et rédaction de procès-verbaux pour tous leurs déplacements : telles sont notamment les missions de la Police secours à Alençon.

Vendredi 3 février, 13 h, au commissariat d’Alençon. Sylvie, Antoine et Kévin prennent leur service. Ces trois policiers (respectivement sous-brigadier, brigadier et gardien de la Paix) forment une patrouille de police-secours. À cet instant, ils relaient l’équipe en place depuis 4 h 50 ce même matin.

Leur journée s’ouvre par l’audition d’un quinquagénaire « interpellé ivre sur la voie publique dans la nuit » et placé, jusqu’alors, en cellule de dégrisement. « Dans tous les cas d’ivresse publique et manifeste, notre mission consiste à soustraire l’individu de la vue du public. On doit le conduire à l’hôpital pour s’assurer de sa bonne santé avant de le placer en cellule de dégrisement, le temps que son alcoolémie baisse. Puis il est entendu », confie Sylvie, policière de 42 ans en poste à Alençon depuis 2008.

« La chance du débutant »

Par entendu, il s’agit essentiellement de savoir si l’adulte fait l’objet d’une mesure de protection (curatelle ou tutelle) et s’il sortait d’un bar « ce qui pourrait se solder par une fermeture administrative de l’établissement ». S’ensuivent les conditions de l’alcoolisation de la personne (festive, occasionnelle, habituelle, etc.) et l’évocation d’une démarche de prise en charge.

Pour cet Ornais de 52 ans, il sera prescrit trois rendez-vous à l’Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) d’Alençon. « S’il s’y rend bien, on classera la procédure. C’est la chance du débutant car c’est la première fois que ça lui arrivait », annonce Antoine, en poste dans la préfecture de l’Orne depuis 2009.

14 h. La patrouille quitte le commissariat. Direction l’entrée ouest d’Alençon puis Saint-Germain-du-Corbéis. « Pour surveiller mais aussi se montrer ».

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14 h 25 : Sylvie appose le sceau de la Police sur un cercueil qui doit sortir de la circonscription d'Alençon.
14 h 25 : Sylvie appose le sceau de la Police sur un cercueil qui doit sortir de la circonscription d'Alençon.

14 h 25. Hôpital d’Alençon. La Police est attendue pour une vacation funéraire à la morgue. « La personne décédée doit être incinérée à Sées. On vérifie l’identité du défunt sur le bracelet qu’il porte au bras. Puis on scelle le cercueil puisqu’il quitte la circonscription d’Alençon ». Ce vendredi, c’est Sylvie qui appose le sceau de la Police sur de la cire fondue, de part et d’autres du cercueil. Un geste effectué en présence des seuls agents des Pompes funèbres. « Parfois, la famille nous demande d’assister. On accepte évidemment ».

Interpellation immédiate

14 h 41. La patrouille rebrousse chemin vers le commissariat pour consigner par écrit son intervention. « Comme toutes celles que l’on fait. C’est la tâche la plus fastidieuse de notre boulot : mais c’est obligatoire ! ». Elle sera différée car à peine sortie du parking de l’hôpital, la radio interne de la voiture se fait entendre : « Quatre hommes ont volé des paquets de cigarettes dans un bar-tabac près de la gare. Ils ont pris la fuite à pied », fait savoir l’opérateur de l’hôtel de Police. Le gyrophare est allumé. Kévin, au volant, enchaîne les vitesses. Antoine, à l’avant, baisse sa vitre et immobilise les véhicules doublés d’un geste de la main. Le carrefour Grande-Rue/de Lattre-de-Tassigny est franchi au son du « deux tons ». Direction : la gare via la gare du Champ-Perrier… vide de bus à ce moment.

La voiture enquille les rues sans feux tricolores. Preuve d’une bonne connaissance de la ville. Aux abords de la gare, la vitesse est réduite pour rouler au pas, sans tambour ni trompette. Les trois têtes balaient l’environnement du regard. Kevin emprunte le parking de la gare. Deux hommes longent le bâtiment. Ils se retournent à la vue du véhicule. Ils correspondent au signalement.

« Toutes nos interventions doivent être consignées par écrit »

Antoine est le premier à descendre à la voiture, suivi de Sylvie et de Kevin. Contrôle d’identité. Une autre patrouille vient à leur rencontre. Elle sort du bar-tabac où les policiers ont entendu les patrons.

« Ça correspond ! », confirme l’un d’eux. Un des paquets de cigarettes dérobés est retrouvé sur l’un des deux hommes. Invités à embarquer dans chacune des voitures de Police, ils obtempèrent sans sourciller. « On apprend à aborder les gens et à se positionner face à eux pour que le contrôle s’effectue dans le calme », souligne Antoine.

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14 h 45 : deux hommes sont interceptés su rle parking del gare SNCf d'Alençon après le signalement d'un vol de tabac dans un café tout proche.
14 h 45 : deux hommes sont interceptés su rle parking del gare SNCf d'Alençon après le signalement d'un vol de tabac dans un café tout proche.

14 h 50. Un officier de police judiciaire est avisé de l’arrivée des deux hommes dont l’identité est passée au fichier des personnes recherchées. Néant. L’alcoolémie de celui sur qui le paquet de cigarettes a été retrouvé est mesurée : 0,95 mg/l d’air expiré. Soit près de deux grammes par litre de sang.

« J’ai bu deux bières ! », lance le ressortissant russe dans un français plutôt bien maîtrisé. Pendant que son copain est invité à quitter l’Hôtel de Police, « puisqu’il n’a rien fait », lui, doit se préparer à une visite médicale à l’hôpital. « Pour vérifier que votre état de santé est compatible avec une garde à vue », lui précise Sylvie. Il est menotté dès la sortie du bureau.

15 h 50. Aux Urgences de l’hôpital d’Alençon, c’est la queue. La Police fait connaître le motif de son déplacement. Coup de chance : le médecin légiste est disponible. L’homme interpellé est vu immédiatement. Son état est compatible avec une garde à vue.

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15 h 50 : l'homme interpellé en état d'ivresse est ausculté par le médecin légiste avant son placement en garde à vue.
15 h 50 : l'homme interpellé en état d'ivresse est ausculté par le médecin légiste avant son placement en garde à vue.

16 h 15. Retour au commissariat où le Russe de 49 ans est invité à rejoindre une cellule. Il marmonne un certain mécontentement, fait part de son souhait d’être sorti avant le soir. « Il faut que vous ayez digéré l’alcool ! », lui explique Sylvie. Il acquiesce et gagne la cellule.

Enquête de voisinage

17 h. Une convocation devant un juge est à faire parvenir à un Alençonnais. Direction son domicile, à l’ouest d’Alençon. L’homme n’est pas chez lui. « Manifestement, il est absent depuis quelques jours », confient les policiers à la vue du courrier qui s’amoncelle dans la boîte aux lettres.

Une enquête de voisinage est lancée. Elle confirme le constat de la patrouille. L’information est transmise au capitaine de la brigade de sûreté urbaine. Et comme tous les déplacements de la patrouille, fera l’objet d’une notification à son retour au commissariat. Avant cela, les trois policiers reprennent la route pour une nouvelle ronde.

18 h 10. Nouveau message en provenance du commissariat : « Des panneaux de chantier sont tombés sur la route au niveau du rond-point de La Luciole ». Deux grilles empiètent effectivement sur la chaussée. Elles ont chu sous la force du vent qui se lève. « Ce devrait être aux services techniques d’intervenir ! », notent les policiers qui s’appliquent néanmoins à la tâche. Face aux rafales, ils sécurisent l’espace en lestant les grilles au sol. Puis reprennent la route.

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18 h 10 : des panneaux sont tombés sur la voie publique.
18 h 10 : des panneaux sont tombés sur la voie publique.

Direction Perseigne puis Courteille avant un retour en centre-ville. Un arrêt est marqué à hauteur d’un automobiliste tous feux éteints pour lui rappeler de s’éclairer en ce début de soirée de février. Il est 19 h 20, la nuit est tombée.

Une maison à vendre visitée

20 h 10. Les derniers tubes de pop-rock diffusés à la radio sont interrompus par un nouveau message en provenance du commissariat. « Une Alençonnaise vient de signaler que la maison en face de chez elle est à vendre depuis quelques mois mais que la porte d’entrée est ouverte ! » La patrouille prend le chemin du quartier Saint-Léonard.

De fait : la serrure de la porte d’entrée de la jolie bâtisse a volé en éclat. Munis de leur lampe, les policiers arpentent les pièces vides du rez-de-chaussée. « Il y a des traces de chaussures dans l’escalier », annonce Sylvie. En file indienne, les policiers montent à l’étage. Pas la moindre trace d’individu dans les lieux. L’agence immobilière sera prévenue dans la foulée. Et la serrure réparée.

20 h 30. Retour au commissariat pour dresser des procès-verbaux de tous ces faits. « Même si parfois, on fait moins de choses, c’était une journée plutôt calme ! », résument les policiers.

Leurs signatures apposées sur leurs écrits, la patrouille de nuit fait son entrée. Elle prendra la relève jusqu’à 4 h 50, heure à laquelle Kévin, Antoine et Sylvie devront, à nouveau, être opérationnels. « On enchaîne deux après-midis puis deux matins avant deux jours en repos ».

Ainsi va la vie des fonctionnaires de la police-secours d’Alençon qui veille sur la ville H24, 7 jours sur sept.

Par la voie des ADS
Si leurs parcours scolaires sont assez différents (Antoine et Sylvie sont issus de la fac de Droit de Montfoulon à Damigny, Kevin est titulaire d’un bac technologique de commerce), tous trois sont entrés dans la Police par la porte des ADS comme Adjoints de sécurité.
« L’occasion de voir si ce métier plaît », assurent-ils. « J’ai commencé par des tâches ingrates mais ce que je percevais de celles de mes collègues policiers me plaisait », poursuit Sylvie. Comme Antoine et Kévin, elle s’est présentée au concours d’entrée de la Police. Tous trois y ont été reçus avec brio.
À l’issue d’une année de formation ( notamment validée par un bac pro « métier de la sécurité »), Sylvie a décroché son premier poste à Chartres. Elle y est restée sept ans avant de regagner sa ville natale : Alençon. Antoine avait testé le milieu de la Police pendant son service militaire. Il a fait ses armes à la Police des Puces de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis. Kevin a, lui, débuté dans le Calvados avant de rejoindre Alençon « pour des raisons familiales ».

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"Toutes nos interventions doivent être consignées par écrit", déclarent les policiers.
"Toutes nos interventions doivent être consignées par écrit", déclarent les policiers.

« Du social et de la psychologie »
Plutôt très discrets et peu diserts, Sylvie, Kévin et Antoine, les trois policiers de la patrouille de Police-Secours, suivie ce vendredi 3 février (lire page 6), n’ont guère eu besoin de se répandre en paroles pour laisser entendre leur motivation. Ce métier, ils l’ont choisi. « Pour chasser l’incivisme et la violence ».
Et, à ce jour, ils ne le troqueraient contre aucun autre. Cela, malgré les amplitudes horaires et les contraintes (« On peut être rappelé en renfort sur nos jours de repos ou de congés »), qui ne facilitent pas la vie de famille (« C’est clair qu’il faut un conjoint ou une conjointe conciliant(e) »), malgré aussi les risques encourus énoncés dès la formation (« Subir la violence, recevoir des coups et des patates font partie de la panoplie du policier ! »).
Le terrain, la proximité avec les gens, l’absence de routine les requinquent chaque jour. « En réalité, on fait beaucoup de social. Parfois, on fait face à des situations très difficiles sur le plan humain. Certaines personnes sont à bout, n’en peuvent plus. Alors il suffit parfois de peu de chose pour que la situation explose et qu’ils cassent tout chez eux. Et quand on arrive sur les lieux, il nous faut faire preuve de psychologie et de compassion pour calmer les choses ». Et faire ainsi du dialogue, l’arme de paix.

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Gilbert Grinstein, le directeur départemental de la sécurité publique dans l'Orne
Gilbert Grinstein, le directeur départemental de la sécurité publique dans l'Orne

Dans l’Orne,  163 policiers pour 5 000 plaintes annuelles

Dans l’Orne, la Police compte 163 fonctionnaires répartis sur trois circonscriptions : Alençon (88), Flers (34), Argentan (41).
La mission de la Police-secours ? « Régler tous les soucis du quotidien : conflits familiaux, de voisinage, les chiens errants, la sécurité, etc. », détaille Gilbert Grinstein, le Directeur départemental de la sécurité publique (DDSP). Mais la Police a également en charge « la petite délinquance, les cambriolages et des affaires criminelles ».
Sa particularité ? « On n’attend pas d’être appelé pour intervenir. Les patrouilles en tenue, comme en civil, sont tout le temps dehors, de nuit comme de jour, 24 heures sur 24, sept jours sur sept ».
En moyenne, sur une année, ce sont 5 000 plaintes qui sont enregistrées dans les bureaux de Police de l’Orne. Une délinquance « en baisse », constate le patron de la Police dans le département non sans rappeler qu’un service « de préplainte en ligne et de plainte sur rendez-vous » est désormais en place dans l’Orne.
« Il n’est plus nécessaire d’attendre dans nos locaux pour déposer une plainte ou une main courante. Des rendez-vous sont possibles selon les disponibilités du plaignant. On prend rendez-vous avec la Police comme on prend rendez-vous chez le médecin ! », sourit Gilbert Grinstein.

La Centrale génère de l’activité judiciaire

Si le nombre et la nature des faits constatés sur la circonscription d’Alençon n’en font pas une zone « sensible », l’activité de la Police n’en est pas moins soutenue en raison de l’implantation, à Condé-sur-Sarthe, du centre pénitentiaire. « La configuration de la maison centrale, très sécurisée, fait qu’il n’y a pas beaucoup de faits entre détenus. En revanche, les relations entre détenus et surveillants sont tendues et génèrent une activité judiciaire pour les officiers de police. Entre la garde à vue du détenu, son audition et sa comparution devant le tribunal correctionnel, un détenu, selon son profil (souvent particulièrement surveillé : DPS) peut mobiliser jusqu’à douze policiers à lui seul, notamment pour sécuriser les lieux où il se trouve et la voie publique quand il est déplacé ».
Depuis l’ouverture de la maison centrale en mai 2013, l’effectif de la Police d’Alençon est stable.


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