Le cinéaste alençonnais Erik Fretel est plutôt du genre à voir le verre de cidre à moitié plein. Pourtant, avec Heulà ! Ça chauffe ! sa dernière réalisation, il se penche sur le phénomène du réchauffement climatique en version 100 % jus de pomme.
Un résultat qui est le fruit d’une collaboration avec l’Association Faune et Flore de l’Orne avec laquelle il a déjà travaillé sur de précédents projets car sa casquette de cinéaste se double d’un militantisme écolo chevillé au corps, « et plus ça va, plus je suis inquiet du monde qui se profile ».
Pas Al Gore ni Di Caprio mais 100 % Normand
Heulà ! Ça chauffe ! c’est déjà un titre qui claque bien, fruit d’un sacré brainstorming sur un réseau social où les internautes ont fait preuve d’une imagination débordante. On est d’emblée dans le ton du moyen métrage de quarante-deux minutes.
En 2010, j’avais eu l’occasion de travailler avec Serge Lesur de l’AFFO sur Pesticides mon amour et on avait envie de rebosser ensemble » résume Erik Fretel. « C’est chose faite, on voulait aborder la notion de climat mais sans avoir la prétention de concurrencer Al Gore ou Di Caprio. L’idée générale est de se dire qu’à côté de chez soi ça chauffe déjà ».
Les symboles normands impactés
Sur ces terres longtemps pastichées pour la pluviométrie abondante, admirées pour la verdure omniprésente, enviées pour une gastronomie conquérante… le réchauffement climatique est pourtant en train de changer la donne.
Les pommes, les plages du Débarquement, le camembert, les falaises… tout ce qui représente un symbole de la Normandie est désormais impacté » évoque le réalisateur non sans émotion. « L’érosion des falaises les faits dégringoler, le caractère maritime du Mont Saint-Michel va intervenir inévitablement il n’y avait pas besoin d’un projet pharaonique pour ça, les pommiers ou les hêtres n’auront bientôt plus leur place en Normandie car si les arbres sont là pour plusieurs décennies comme le climat change et bien ils meurent… »
Le tsunami se profile avec des conséquences sur le tourisme, l’économie, la vie agricole. Cela arrive et plutôt rapidement désormais. « On blablate et, quand on agira il sera trop tard… comme la parabole de la grenouille que l’on met dans une casserole d’eau en augmentant progressivement la température ».
Le film
Comme pour ses précédentes réalisations (Quand la nature reprend le dessus, Pesticide mon amour, Vélotopia, Bye-bye pesticides) Erik Fretel se veut sérieux sans se prendre au sérieux et distille son humour histoire de mieux faire passer les messages. Une manière bien plus subtile et efficace sans approche moralisatrice ou pompeuse.
■ Pratique
Heulà ! Ça chauffe ! sera projeté en avant-première le jeudi 9 mars 2017 à 20h30 au cinéma Le Rex à Sées dans le cadre de la promotion du festival Ciné Environnement.
► Trois enseignements
Erik Fretel, en réalisant son dernier film dit avoir appris trois enseignements :
■ L’impact majeur du réchauffement climatique en Normandie n’est pas tant la chaleur que le manque de pluie.
■ Il existe énormément de climatosceptiques qui sortent de vraies invraisemblances entre les « fusées qui font des trous dans le ciel », « les Chinois qui polluent », « la faute aux bouses de vaches » ou « la couche d’ozone qui se rebouche ».
■ On parle davantage de s’adapter au réchauffement climatique que de lutter contre ce qui est déjà un aveu d’échec mais traduit au moins une certaine prise de conscience.