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Georges Pénelon, lanceur d’alertes

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Né il y a 62 ans à Grenoble, où il a vécu en HLM, Georges Pénelon est un petit-fils d’agriculteurs. Son père était enseignant.
Il pose ses valises au pays d’Alençon en 1976, s’installe cidriculteur à Saint-Ellier-les-Bois puis Rouperroux. Puis il passe « de l’agriculture au rural », et crée en 1992 l’association « d’Ecouves verte », pour offrir aux jeunes des perspectives de vie en milieu rural. Il est aujourd’hui retraité.
Ce qui a changé par rapport à hier ?
« On a vachement perdu le contact avec certaines choses : cuisiner un oeuf par exemple. Et faire son jardin : c’est presque devenu une science alors que c’est quelque chose de naturel ».
Quel genre d’Humain êtes-vous ?
« Quelqu’un qui a des valeurs, avec un côté anarchiste dans le bon sens du terme, dans le cadre d’un ordre établi par le peuple, pour le peuple ».
Ecologiste ?
« Le terme est trop réducteur pour me convenir, de par sa connotation politique politicienne. Je préfère humaniste car cela englobe tout ce qui permet à l’humain d’évoluer vers du mieux ».
Vos références ?
“Gandhi, Mandela, Martin Luther King,  Edgar Morin, Hubert Reeves… et tous ceux qui se sont opposés à des pouvoirs en place pour sauvegarder des valeurs humanistes”.
« On n’est pas des saints »
En quoi Georges Pénelon est-il exemplaire ?
« Je n’aime pas ce mot. Mais   je défends des valeurs dans ma vie de tous les jours : faire son jardin, composter ses déchets, ne pas acheter des produits sur-emballés, consommer bio et surtout local, privilégier les circuits courts, acheter au marché et dans les petits commerces, ne pas consommer hors saison, limiter au maximum les achats en grands surfaces (une aberration écologique), éviter les grands complexes commerciaux   qui nécessitent de bétonner, goudronner, produire et vendre de la mauvaise qualité, perdre de la terre de production vivrière… ».
Mais encore ?
“Se chauffer au bois , utiliser en hiver les braises pour la cuisine, privilégier des loisirs actifs créatifs et non consommateurs comme la rando, le VTT, la musique, les rencontres conviviales, le bricolage. Restaurer sa maison avec des matériaux naturels, faire travailler des petits artisans locaux, échanger des services avec les copains, etc ».
Et non exemplaire ?
« On n’est pas des saints. On fait des concessions au sytème. Je roule encore au gazole et on voyage beaucoup, ce qui nécessite d’utiliser des moyens de transports consommateurs d’énergie fossiles. Pour me «  déculpabiliser”, je me dis que c’est le rythme de vie qui nous est imposé par le système libéral qui nous contraint à vivre en accéléré ,et cela est à mettre en perspective avec   la richesse des rencontres interculturelles et la découverte  de nouveaux horizons qui contribuent à la recherche d’un meilleur équilibre mondial . On ne fait rien sans sens».
Vous vous chauffez à quoi ?
« Au bois, un peu au gaz mais ce sera bientôt fini ».
Vous vous sentez coupable ?
« Non : on a suivi un chemin tracé, on a subi ».
Responsable ?
« Oui : on  laissé faire ».
L’urgence des urgences ?
« Résoudre le paradoxe entre le pouvoir des lobbies (agrochimie, pharmacie, pétrole, travaux publics) qui nient la réalité du problème et entravent les réformes pour préserver leur pouvoir économique, et la nécessité urgente de prendre les mesures qui s’imposent pour sauver la planète et l’avenir de nos enfants ».
Pourtant, les évolutions du climat, ça a toujours existé…
« Oui mais est-ce que cela allait aussi vite, avec des conséquences aussi graves ? ».
On va devoir aller habiter sur une autre planète ?
« Je ne sais pas comment et je n’ai pas trop envie. J’aime la Terre. Et puis on ne va pas se barrer et laisser une grosse poubelle ! ».
Lanceur d’alertes
La COP21 , c’est un cirque ?
« Les grand-messes, je n’y crois pas».
C’était le énième sommet de la dernière chance ?
« Oui. Il va falloir quelque chose de contraignant : on n’a pas le choix ».
Intégriste vert ?
« Sûrement pas. Je préfère être un lanceur d’alertes. Il faut comprendre l’autre plutôt qu’imposer ses vues ».
L’écologie est de droite ou de gauche ?
« L’écologie n’est pas trop la préoccupation de gens de droite dès lors qu’elle heurte les intérêts économiques ».
Le meilleur ministre de l’Environnement depuis quarante ans ?
« Il y a eu une évolution. Lalonde était militant. Barnier a instauré un débat public. Puis le poste a été occupé par des gens qu’il fallait placer mais à condition qu’ils ne fassent pas trop de bruit. Delphine Batho a démissionné, courageusement ».
Ministre de l’Environnement, votre première décision ?
« Faire comprendre aux lobbies que les intérêts économiques ne sont pas prioritaires par rapport à l’avenir du monde ».
Le monde politique ?
« Plus on accède haut, plus on perd en efficacité et maintenant en valeurs ».
D’où viendront les solutions ?
« D’en bas. Il existe un paquet d’initiatives locales citoyennes. Mais on a de moins en moins voix au chapitre. On éloigne de plus en plus le citoyen des centres de décision. Roue capitale de la Normandie, ça m’inquiète ».
La gauche a  trahi ?
« Le PS a trahi et je l’associe de plus en plus difficilement à la gauche ».
Politiquement, vous vous situez où ?
« Mélenchon m’a naguère plu… Le Rassemblement Citoyen Normand, ça a foiré. Avoir une carte politique ? Je ne peux pas ».
Nicolas Hulot et Yann Artus-Bertrand et leurs hélicos : un comportement de charlots ?
« Yann Artus-Bertrand en a fait un commerce. Nicolas Hulot me semble honnête, son discours est clair. L’hélico ? Si ça peut permettre de comprendre ce qui se passe, sans en abuser… ».
La Nature a toujours raison ?
« Non. Pas dans certains pays comme le Sahel. Mais elle aura toujours le dernier mot si on ne la respecte pas ».
Parler local
Un coin d’ici qui vous plaît ?
« La forêt d’Écouves et notamment le bois de Goult, les Alpes mancelles… ».
Un projet local qui vous botterait ?
« Rouvrir la voie ferrée Alençon/Pré-en-Pail ».
Mais encore ?
« Un lieu où l’on pourrait fédérerait et expérimenterait des idées qui pourraient être reprises par les décideurs.
Trop souvent, il y a dispersion : on craint que l’autre concurrence, pique les idées, marche sur ses terres… Un réflexe capitaliste ».
Des travaux inutiles, ça existe ici ?
« Oui : le centre commercial des Portes de Bretagne à Alençon ».
JMF
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