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RENCONTRE. Un bosseur nommé Jérôme Delorme

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Au marathon de Laval, en septembre 2016 (photo Didier Guesdon)
Au marathon de Laval, en septembre 2016 (photo Didier Guesdon)

Plus jeune, le sport, c’était quoi ?

« Des essais : judo, gym, tennis de table, badminton et même pétanque. Je n’étais pas trop « sport co » et je n’avais pas de prédisposition.

J’étais frêle et plutôt petit, avec une croissance tardive. Et fortement asthmatique ».

Pourquoi le sport ?

« Mes parents ont toujours voulu que je pratique. Ça leur paraissait important pour mon développement (physique, psychologique et social). Ils n’étaient absolument pas sportifs et ne recherchaient pas la performance ».

Dernier cadet

Pourquoi la course à pied ?

« Je crois que j’ai voulu essayer de pratiquer la seule activité dans laquelle mon frère aîné ne brillait pas, pour me démarquer.

Et puis, cadet, j’ai fait la rencontre de Joël Verrier. Il m’a proposé de faire la saison de cross FSGT. Nous étions une quinzaine de cadets, et je suis arrivé dernier à chaque fois ».

La performance dont vous êtes le plus fier ?

«De l’ensemble de mon parcours. J’ai démarré à très bas niveau et à force de travail et de persévérance, j’ai progressivement gravi les échelons.

Il y a évidemment bien meilleur. Mais ce qui est important, c’est de regarder le chemin parcouru. Et certainement pas de se comparer.

Dans la vie, les “sommets” ne sont pas réservés aux talentueux. Les besogneux y ont aussi leur place !

C’est ma philosophie, même si je ne prétends pas être au sommet, loin de là ».

Un échec ?

« Ma 105e place aux France de cross au Mans l’an passé, que j’ai dû courir avec un virus qui m’a mis à plat. Je limite bien la casse à l’expérience et au mental, mais ma forme du moment me laissait espérer la 60e place.

Les déceptions sont aussi probablement les meilleures expériences. Il y a des moments fastes et des moments difficiles. Cette alternance est importante dans la construction de chacun ».

Records

Votre record sur 10 km ?

« 31’26 ».

Sur Médavy ?

« 53’51 en 2015 (sur 15,8 km) ».

Sur semi ?

« 1h 08’44 ».

Sur marathon ?

« 2h 26’ 57 ».

Les bons ingrédients

La recette pour progresser ?

« Le potentiel de base ne suffit pas. Il faut du travail, de la patience, de la persévérance, de la motivation.

Et puis derrière tout athlète, il y a un coach qui doit trouver les bons mots et le bon équilibre d’entraînement pour chacun et composer avec sa vie personnelle ».

Votre entraînement hebdomadaire ?

« En moyenne, je cours cinq fois par semaine. S’ajoutent à cela 2 à 3 séances de renforcement musculaire et une à deux séances de vélo dans les phases dites de “volume” pour éviter les chocs liés à l’accumulation des km à pied.

Fin 2013, j’ai eu une hernie discale qui m’a contraint à huit mois d’arrêt et à revoir ma saison : moins d’entraînement, des périodes de repos total, en étant plus fin sur ma façon de m’entraîner. Un mal pour un bien ».

Manque de vitesse

Vos points forts ?

« Un très gros mental, une grande régularité. Une très bonne connaissance de mes moyens. Un bon foncier ».

Vos points faibles ?

« Ma foulée, vraiment pas économique. Ma pointe de vitesse car je ne l’ai pas travaillée lorsque j’étais jeune ».

Ce qui vous plaît dans le monde de la course à pied ?

« Simplicité, partage, convivialité. La course à pied est le sport le plus démocratique qui soit.

N’importe qui peut courir, n’importe quand, par n’importe quel temps, avec très peu d’équipement. Tout le monde franchit la même ligne de départ pour ensuite rallier la même ligne d’arrivée. La douleur de l’effort passée, c’est le sourire qui l’emporte. Dans une société où l’apparence, l’individualisme et la méfiance de l’autre ont de plus en plus de prise, cette bouffée d’oxygène fait un bien fou » .

Ce qui vous déplaît ?

« Le marketing grandissant qui s’empare des coureurs lambda comme des événements, pour en faire des foires à la consommation ».

Des sportifs, coureurs ou non, admirés ?

« Madame ou Monsieur tout le monde qui prend du temps pour pratiquer sa passion dans des conditions parfois pas faciles.

J’ai cependant une petite pensée pour les athlètes de haut niveau qui s’entraînent très dur, des années, sans céder aux sirènes du dopage facile, pour tenter d’accrocher le professionnalisme, sans y parvenir. Ils restent souvent dans l’anonymat et lorsqu’ils raccrochent les baskets, la chute est souvent bien difficile, psychologiquement et professionnellement ».

Verrier et Vannier

Des rencontres marquantes ?

« Joël Verrier qui m’a mis le pied à l’étrier. Pierre Vannier et son équipe de médavystes. Lorsque notamment, pour la première fois en 2006, il me fait confiance et me permet d’accéder au sas élite ».

La piste, le cross, le trail ?

« Ne pas faire la saison de cross, probablement la meilleure école de la course à pied, c’est passer à côté d’une préparation fondamentale.

La piste reste une discipline assez élitiste, mais cependant très intéressante lorsqu’on est jeune, pour acquérir une qualité de foulée et développer sa vitesse.

Le trail est devenue une discipline incontournable avec la notion de défi personnel. Malheureusement, cette discipline est régie par la loi du “Toujours plus” qui pousse de nombreux athlètes à se détruire, faute de lucidité, sans compter le marketing exaspérant.

Pour l’heure, je n’ai pas mordu à cette discipline car j’ai besoin de quantifier mes performances (chrono sur distance fixe). J’ai aussi besoin d’avoir de vraies sensations de course et non pas de marche-course ».

À l’âge de 105 ans, vous ferez encore Alençon-Médavy ?

« Aussi longtemps que mon corps et mon esprit m’en laisseront la possibilité, je courrai Alençon Médavy. Il convient pour cela de se ménager.

Mais personne n’a dépassé les 100 ans dans ma famille. Et quand bien même j’atteindrais cet âge, je doute être simplement capable de me lever d’un lit d’hôpital. Il faut rester lucide. Nous ne sommes pas tous Robert Marchand. On parle d’hygiène de vie… mais physiologiquement et génétiquement nous ne sommes pas tous égaux ».

JMF

Âge : 36 ans. Taille : 1,86 m. Poids : 74 kg. Fréquence cardiaque au repos : environ 40 (exceptionnellement 36).


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