Du samedi 21 au jeudi 26 janvier, la qualité de l’air était très mauvaise à Alençon et dans toute la Normandie
Christophe Legrand, directeur-adjoint d’Air Normand, démêle le vrai du faux.
L’épisode de pollution a été provoqué par un nuage venu des pays de l’Est. Faux :
« L’épisode de pollution traversé s’explique par deux facteurs : les polluants émis localement, et la taille de la boîte dans laquelle on les met. Les polluants proviennent essentiellement des gaz d’échappement, et du chauffage résidentiel. Quant à la taille de la boîte, c’est la météo qui la pilote. Lorsqu’il y a une stabilité atmosphérique, de hautes pressions et une absence totale de vent, alors la boîte est considérablement réduite. Les particules fines restent en suspension, sans aucune dispersion ».
Dès qu’il fait beau, l’air est pollué. Faux :
« Les épisodes de pollution vont souvent de pair avec les anticyclones d’hiver. Ils sont aussi fréquents au printemps. Mais le beau temps peut être accompagné de vents, de mélange vertical. Dans ce cas-là, la qualité de l’air n’est pas dégradée ».
Même à la campagne, la pollution sévit. Vrai :
« Pendant plusieurs jours, tout le territoire normand a affiché des indices Atmo (prenant en compte la mesure de quatre polluants) très élevés : 9 voire 10. Soit le maximum. Cela correspond à une qualité de l’air très mauvaise. Partout où l’on roule, où l’on se chauffe, les particules fines ont été piégées dans l’atmosphère. À Alençon comme dans le Bocage carrougien, ou dans le Perche ».
Partout où l’on roule, où l’on se chauffe, les particules fines ont été piégées dans l’atmosphère (sourse : http://www.airnormand.fr)
Les seuils d’alerte ne sont pas les mêmes qu’à Paris. Faux :
« L’indice Atmo est un indice réglementé, utilisé dans toutes les stations de l’Hexagone. La base de calcul est là même à Paris, Lyon, ou Alençon. Aux systèmes de mesures, s’ajoutent les outils de modélisation : ils permettent de géolocaliser l’information, la prévoir. Toutes ces données sont transmises aux préfectures qui décident ensuite d’enclencher ou non les procédures. Face à la persistance du dernier épisode, la préfecture de l’Orne a par exemple préconisé de réduire la vitesse sur le réseau national et autoroutier de 20 km/h par rapport à celle autorisée habituellement ».
L'indice Atmo mesure les taux de quatre polluants (sourse : http://www.airnormand.fr)
Chaque citoyen peut agir contre la pollution atmosphérique. Vrai :
« Les industriels, principaux émetteurs, ont fait de gros efforts pour dépolluer leurs rejets gazeux. Mais chaque citoyen a aussi un rôle à jouer. De bons réflexes sont à adopter : ne pas surchauffer son logement, bien isoler sa maison, éviter de prendre la voiture pour les petits trajets, privilégier les transports en commun, investir dans une voiture électrique, etc. »
La qualité de l’air se dégrade d’année en année. Faux :
« Contrairement aux idées reçues, la qualité de l’air que l’on respire est globalement meilleure qu’il y a 15 ans. La conséquence, notamment, de la désindustrialisation. Les usines sont aussi plus propres qu’il y a 20 ans. En revanche : les pics de pollution sont plus fréquents. Un paradoxe qui s’explique : la mesure des particules fines est très récente – elle date de 2008. Et, en 2012, les seuils d’alerte ont été abaissés. Cela veut dire qu’auparavant, l’air était autant voire plus pollué, mais nous ne le savions pas ».
La pollution tue massivement. Vrai :
« L’impact sanitaire est considérable : si nous pouvions bénéficier, chaque jour, du taux de pollution le moins élevé enregistré sur le territoire national, nous sauverions 45 000 vies par an. La pollution atmosphérique est la troisième cause de mortalité en France (48 000 morts chaque année), après le tabac et l’alcool. En Normandie, elle tue 2 600 personnes par an, dont 600 en zone rurale ».
Air Normand : un œil sur l’atmosphère Air Normand est une association agréée de surveillance de la qualité de l’air. Elle emploie 35 spécialistes (techniciens, ingénieurs, docteurs) et ses instances se composent de quatre collèges : l’État, les collectivités territoriales, les industriels et les associations de défense du consommateur et de l’environnement, personnalités qualifiées et professions de santé. Air Normand dispose de 45 stations de mesure de la qualité de l’air en Normandie et est implantée sur trois sites : Caen, Le Havre et Rouen.