BD, quoi de neuf ? Franquin ! Franquin encore et toujours !
Franquin que l’on connait humoristique et gentil avec Spirou, gentil et tendre avec le Marsupilami, gentil et irrévérencieux avec Gaston (qui fête ses 60 ans cette année). Mais aussi Franquin, lucide mais qui fait toujours rire (noir) en montrant des scènes et des idées de la même couleur.
Les idées noires de Franquin paraissent pour la première fois dans le Trombone illustré, un supplément pirate officiel encarté dans le Journal de Spirou, c’était en 1977. Trente numéros et la suite parait dans le Fluide glacial de Gotlib. Quarante ans plus tard, on en rit toujours (jaune) et pourtant ces idées sont toujours d’actualité et aussi sombres.
André Franquin nous a quitté en 1997, il y a vingt ans. Cet album en forme d’hommage permet de le retrouver au travers de ses dessins les plus mûrs, des dessins qui donnent à réfléchir et taillent dans le vif d’une réalité pas toujours rose si elle n’est pas noire. La vie n’est pas un univers bisounours mais Franquin sait lever le voile qui recouvre certaines horreurs sans tomber dans le cynisme ou la vulgarité.
Les monstres existent et Franquin sut les mettre en image, monstres plein de poils ou tout en œil, aliens bizarres ou généraux jouant à la pétanque avec des grenades, patrons exploiteurs ou poulets de batterie, tout est bon pour que le poète relâche une pression inhumaine qui conduit à la catastrophe. Dans cet album, Franquin n’est pas seul, des amis, des familiers l’entourent et témoignent de sa profonde humanité. Ils disent aussi qu’avec lui, le noir n’est pas signe de tristesse mais un avertissement.
Un chef-d’œuvre visionnaire à travers des hommages, inédits, interviews et bien sûr de très nombreux extraits. Du très bon boulot !
François Membre