Qu’est-ce que la gale ?
« C’est une infection cutanée causée par un parasite invisible à l’œil nu appelé « sarcopte ». Il se loge sous la peau en creusant des petits tunnels appelés sillons. »
Est-elle contagieuse ? Et comment se transmet-elle ?
« Oui, c’est une maladie contagieuse. Mais on n’attrape pas la gale en se serrant la main ! Tout comme on ne peut pas la transmettre à son chien ou à son chat ! Elle se transmet par contacts humains directs (peau à peau), prolongés et rapprochés comme ceux qu’ont les membres d’une même famille, par exemple. Elle peut s’attraper via le linge et la literie. C’est aussi une infection sexuellement transmissible. »
« Des lésions de grattage particulières »
En existe-t-il plusieurs formes ?
« La plus courante est la gale commune. C’est aussi la moins contagieuse. La gale profuse est, elle, beaucoup plus contagieuse, et se voit plus souvent chez les patients immuno-déprimés ou chez les personnes âgées. Enfin, la gale nocosomiale est celle qui est contractée dans un établissement de santé ou une structure sanitaire. Elle nécessite une prise en charge spécifique, surtout si elle est profuse ou dite « hyperkératosique ». »

Quels sont les symptômes pour la détecter ?
« Les démangeaisons ! Et particulièrement le soir et la nuit et sur tout le corps. C’est un signe d’alerte constant, en particulier chez les jeunes. Après quelques jours ou semaines, apparaissent des signes cutanés comme des lésions de grattage particulières dans les espaces interdigitaux (sillons), les poignets, les aisselles, les fesses, l’abdomen et les régions génitales. On peut aussi voir des vésicules perlées au bout des sillons. Si un doute subsiste, on effectue un prélèvement en grattant la peau pour un examen parasitologique qui confirmera le diagnostic. Mais même si l’examen est négatif, cela n’élimine pas le diagnostic. On part du principe clinique que c’est la gale jusqu’à preuve du contraire, car l’examen n’est pas suffisamment sensible ! Donc il faut traiter ! »
« Désinfecter le linge de tout le monde »
Et comment la traite-t-on ?
« Dans la gale commune, la plus fréquente, on utilise soit un traitement local (Perméthrine crème, benzoate de benzyle en émulsion), soit un traitement oral (comprimés d’ivermectine). Mais il ne faut pas associer les deux. Il faut choisir l’un ou l’autre. Et depuis 2015, les traitements locaux sont désormais remboursés. Leur non-remboursement pouvait constituer un frein auparavant. On recommande actuellement un deuxième traitement à 8 jours pour le traitement local, et à 14 jours pour les comprimés d’ivermectine. Et surtout, il faut traiter, en même temps, tout le premier cercle de contact du patient atteint : le partenaire et les membres de la famille. Parallèlement, il faut désinfecter le linge de tout le monde mais aussi les draps et les serviettes. Ce qui peut se laver en machine à 60° doit l’être, c’est la température à laquelle le parasite est détruit. Le reste doit être traité avec un insecticide (acaricide précisément) qui se pulvérise sur les manteaux, les écharpes, les doudous, etc. Le tout doit ensuite être placé dans un sac plastique pendant trois heures avant d’être lavé normalement. Une autre solution peut consister à enfermer le linge contaminé dans un sac plastique sur une durée de trois jours, car le parasite ne survit pas en dehors de tout contact humain. »

La gale effectue un grand retour ces derniers temps ?
« Oui depuis une quinzaine d’années, on la voit réapparaître. À l’hôpital, il n’y a pas une semaine sans que je ne sois confrontée à un cas de gale, notamment parce qu’il y a des pièges dans son traitement, ce qui explique beaucoup d’échecs ! Et ce n’est pas parce qu’un premier traitement n’a pas marché qu’il faut en conclure que ce n’est pas la gale ! L’étape de désinfection du linge est contraignante et nécessite une grande rigueur. Il est aussi très important de traiter tout le monde le même jour. En cas d’oubli d’une des étapes, le traitement peut être un échec, expliquant la persistance des démangeaisons au-delà de 15 jours après le traitement. L’autre cause d’échec du traitement peut être la recontamination du patient par une personne atteinte qui n’a pas été traitée. Une dernière raison d’échec, c’est la gestion compliquée du traitement dans les familles recomposées car, dans ces cas, il faut traiter les deux familles ! »
« Une maladie à banaliser »
Est-elle associée à un manque d’hygiène ?
« Elle est aujourd’hui plus liée à la promiscuité qu’à la précarité. Avec la mobilité des gens, aujourd’hui, tout le monde peut attraper la gale quelle que soit la catégorie sociale à laquelle on appartient, quel que soit son âge ou son sexe ! La gale des gens propres est très fréquente. Et elle n’est pas facile à diagnostiquer précocement car le patient n’y pense pas. C’est pourtant une maladie à banaliser et bénigne dans la majorité des cas »

Peut-on l’attraper plusieurs fois ?
« Oui, on peut en faire plusieurs dans sa vie ! Il n’y a pas d’immunité contre la gale. Et le délai d’incubation est plus court quand on la refait : il est de quelques jours contre trois à six semaines pour une première gale. On peut être porteur de la maladie et ne voir arriver les premières démangeaisons qu’après quinze jours ! Mais des démangeaisons intenses le soir et la nuit doivent nécessairement alerter : c’est le signe principal de contamination de la gale ! »
« Pas de solutions hydro-alcooliques »
Touche-t-elle également le nourrisson ? Dès lors, comment la détecter ?
« Oui la gale peut toucher tout le monde ! La topographie des lésions de la gale du nourrisson est plutôt sur les paumes et la plante, le visage peut être atteint et on peut voir des nodules sur le corps, sous les bras (nodules scabieux)».
Est-elle source d’éviction ?
« Oui dans les établissements scolaires et chez les assistantes maternelles, elle peut faire l’objet d’une éviction du patient pendant trois jours à compter du début du traitement ».
Comment éviter la gale ?
« Il faut respecter les précautions d’hygiène, comme se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon. Il ne faut pas utiliser de solution hydro-alcoolique pour se préserver de la gale car le sarcopte y est résistant ! Il faut aussi utiliser des essuie-mains à usage unique, ne pas échanger les vêtements lors des soirées entre jeunes par exemple. Et utiliser des gants et une blouse pour la manipulation du linge et les soins d’une personne infectée».
Témoignage. « Mon médecin a cru à une infection de piqûre d’insecte »
Louise (prénom d’emprunt), une Alençonnaise de 19 ans, a été contaminée par la gale, cet été. « Je ne m’en suis pas aperçue aussitôt car je croyais que c’était de l’eczéma », confie-t-elle. Elle a néanmoins consulté son médecin généraliste. « Il a pensé que c’était une infection due à une piqûre d’insecte ». Et lui a prescrit des antibiotiques. « Mais mes démangeaisons ne se sont pas arrêtées avec les antibiotiques. Elles sont mêmes devenues insoutenables la nuit au point que je ne dormais plus ! »
La jeune fille a donc décidé de consulter sa dermatologue. « Elle a tout de suite diagnostiqué la gale ! »
Un verdict qui a pour le moins surpris la jeune étudiante. « Au départ, je ne me sentais vraiment pas bien. J’avais le sentiment d’être sale même ! Et finalement, je me suis convaincue du contraire car j’ai appris qu’on appelait cette gale : « la gale de la propreté » ! », sourit l’Ornaise pour qui l’hygiène est importante.
Elle reconnaît que le traitement « est lourd », notamment parce qu’il faut « tout laver à 60 et 90 degrés, désinfecter tous les linges, le lit et celui de notre entourage… C’est à devenir paranoïaque ! ».