L’imprimerie lonréenne a beaucoup fait parler d’elle en 2016. Bien sûr, il y a eu la série des prix littéraires, à l’automne. En tout, quatre ouvrages primés sortent des rotatives ornaises : Le Garçon (prix Femina), Lætitia ou la fin des hommes (prix Medicis), Comment Baptiste est mort (prix Décembre) et, le plus prestigieux : Chanson douce, prix Goncourt.
Qualité, savoir-faire
Des distinctions qui ont permis à Normandie Roto Impression de doper sa production. Le Goncourt, par exemple, a généré l’impression de 200 000 exemplaires supplémentaires du roman de Leïla Slimani en dix jours. Et ce n’est pas fini : le directeur général, Patrick Manteigueiro, estime que Chanson Douce a l’étoffe d’un best-seller et table sur 400 000 exemplaires vendus.
Au-delà des retombées économiques, chacun de ces prix renforce l’excellente image dont jouit Normandie Roto Impression. La qualité de son travail, son savoir-faire, sa rigueur, lui permettent de se démarquer dans un marché durement frappé par la crise. L’usine, qui emploie 150 salariés, a ainsi décroché deux contrats remarquables : les impressions d’Harry Potter et l’enfant maudit et de Lettres à Anne.
Les deux ouvrages, édités chez Gallimard, ont été les événements de la rentrée littéraire. Lettres à Anne, qui rassemble les lettres écrites par François Mitterrand à Anne Pingeot, a notamment été fabriqué dans le plus grand secret : « Personne n’était au courant qu’un tel livre était en préparation », confiait Patrick Manteigueiro, quelques jours après la sortie du recueil. Dans l’entreprise, les règles étaient strictes : téléphones portables et appareils photos interdits, déchets broyés, palettes enrobées d’un film opaque.
Mais les commandes à gros volumes sont exceptionnelles. Pour tirer son épingle du jeu, Normandie Roto Impression a su, aussi, prendre le virage du numérique.
Fin stratège
Sur un marché qui s’érode (0 à -2 % depuis six ans), le directeur général a su repositionner l’imprimerie : en mai 2015, il a investi dans une rotative numérique (3 M€), et peut désormais répondre aux commandes inférieures à 1 500 exemplaires. Des demandes « de plus en plus fréquentes », observe le patron. Fin stratège, Patrick Manteigueiro sait qu’il tient là une des clés pour maintenir l’activité à un niveau correct.