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Drog’Aide 61 : 30 ans de militantisme

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Philippe Duperron, le président de la Sauvegarde de l'Orne, aux côtés d'une partie de l'équipe accueillante de Drog'Aide 61 : Myliane Huet, psychologue, Cécile Vadrot, éducatrice spécialisée et Laurence Roger, infirmière qui présente une boîte scellée de récupération du matériel usagé. -
Philippe Duperron, le président de la Sauvegarde de l'Orne, aux côtés d'une partie de l'équipe accueillante de Drog'Aide 61 : Myliane Huet, psychologue, Cécile Vadrot, éducatrice spécialisée et Laurence Roger, infirmière qui présente une boîte scellée de récupération du matériel usagé. (Absente sur la photo : Françoise Lerat, coordonatrice).

Après quatre années de turbulences, Drog’Aide 61 se refait une santé. Ou plutôt une visibilité. Notamment depuis sa fusion avec la Sauvegarde de l’Orne. Et son installation, en janvier 2016, dans l’ancien centre de soins en alcoologie « Bocquet », au 38 place du Bas de Montsort à Alençon.

« Les aider à ne pas se mettre en danger »

« Quand l’ARS (Agence Régionale de Santé) a pris la décision de retirer le centre de soins à Drog’Aide pour le réaffecter à l’Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie), ce fut un coup sévère pour Drog’Aide. On a cru que c’était la mort de l’association Apsa qui compte deux activités : Drog’aide et le centre de soins en addictologie. La faire fusionner avec la Sauvegarde permettait de consolider le tout », confie Philippe Duperron, le président de la Sauvegarde de l’Orne.

Le centre « Bocquet » de soins en addictologie ayant migré à Mamers, ses locaux ont été proposés à Drog’Aide où chaque jour de la semaine, une équipe de professionnels médico-sociaux accueille désormais le public qui se présente spontanément ou sur rendez-vous.

Drog'Aide 61 met à disposition des toxicomanes du matériel de réduction des risques dont des seringues stériles à usage unique.
Drog'Aide 61 met à disposition des toxicomanes du matériel de réduction des risques dont des seringues stériles à usage unique.

Ce sont des usagers de « produits psychoactifs » comme « les stupéfiants, les drogues mais aussi l’alcool ou des médicaments dont ils font mauvais usage » et des parents ou proches d’usagers de drogues.

Les professionnels leur apportent à tous une écoute et des conseils. Aux premiers, ils distribuent aussi du matériel de réduction des risques (kit d’injection, pipe à krack, éthylotest, préservatifs, bouchons d’oreilles, etc.)

« L’idée, c’est de recréer du lien, de les reconnecter avec leurs droits sociaux et de faire, parfois de la bobologie », confie Cécile Vadrot, éducatrice spécialisée. « Nous ne sommes pas là pour les juger sur leur consommation mais plutôt pour les aider à consommer sans se mettre en danger. En ne partageant pas le même matériel, par exemple », ajoute Laurence Roger, infirmière.

« On privilégie l’empathie à la sympathie »

« On privilégie l’empathie à la sympathie. Notre approche est citoyenne car ce sont des citoyens avant tout qui frappent à notre porte. On les reçoit en tant que sujets pensants, avec des désirs et des demandes », détaille Myliane Huet, la psychologue de l’équipe. « Le toxicomane est une personne en souffrance à la base et qui a souvent maltraité son corps. La consommation de produits a pu flouter des choses. On lui demande donc d’être à l’écoute de ce qu’il a à l’intérieur de lui, d’être attentif à l’ici et maintenant, à ce qu’il vit dans l’instant, sans anticiper les choses. On lui demande de s’écouter, d’écouter ses sentiments ».

Kit d'injection, bouchons d'oreille, garot, champ stérile...  Divers ustensiles sont à disposition des toxicomanes chez drog'Aide 61.
Kit d'injection, bouchons d'oreille, garot, champ stérile... Divers ustensiles sont à disposition des toxicomanes chez drog'Aide 61.

La loyauté est le fil directeur de ses entretiens. « La question de la distance est importante. D’où la nécessité d’être dans l’empathie, c’est-à-dire à l’écoute de l’autre pour l’autre, tout en lui montrant que l’on a bien compris ce qu’il disait et souhaitait. Alors que dans la sympathie, on est à l’écoute de l’autre pour soi, pour s’aimer ou se faire aimer. Ce n’est pas ce dernier but qui est recherché ici ! », signale Myliane Huet.

Depuis le début de l’année 2016, trente usagers réguliers toquent à la porte de Drog’Aide. « Trois quarts d’entre eux sont de nouvelles personnes qui ont connaissance de l’existence de l’association par le bouche-à-oreille », se réjouissent les professionnelles qui aimeraient désormais « aller vers » l’usager. Elles avaient monté un projet de « Caarud mobile ». Retoqué ! « Le budget nécessaire a servi à la création d’un Caarud dans la Manche. Ce qui est important aussi », conviennent celles, pas peu fières d’annoncer que Drog’Aide a fait figure d’avant-gardiste en la matière, il y a 30 ans.

« La prévention est bénéfique dans la durée »

Et si l’équipe a été « réétayée » depuis la fusion avec la Sauvegarde, elle est plutôt très stable depuis près de vingt ans. Il suffit de la laisser parler de ses actions, d’évoquer ses rencontres pour conseiller et soutenir les usagers et leurs proches ou la formation des « usagers relais » afin qu’ils puissent, à leur tour, « diffuser la bonne parole », pour très vite percevoir qu’elle est composée de passionnées au militantisme bien chevillé au corps.

La fusion avec la Sauvegarde les a « rassurées » et leur a donné envie de « créer des passerelles » pour élargir leur champ d’action au-delà de mutualiser les moyens et les aides.

Reste, pour atteindre ces objectifs, à régler la sempiternelle question des moyens financiers. Et ce n’est pas la moindre. « C’est parfois difficile de comprendre que certaines actions de répression vont être financées alors qu’on sait que la prévention est plus bénéfique et qu’elle demande une vision à long terme. Car c’est dans la durée que l’on mesure ses effets », martèlent les professionnelles de Drog’Aide 61 et le président de la Sauvegarde. Message transmis.

Quoi, où et quand ?

Drog’Aide 61 est un service de prévention et d’éducation pour la Santé qui propose des rendez-vous individuels de prévention aux jeunes consommateurs de produits, des entretiens d’aide à la parentalité, des interventions collectives de sensibilisation mais aussi de la formation auprès des professionnels médico-sociaux et bénévoles. Ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30.
C’est aussi un Caarud (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues) qui propose un accueil, des douches, des informations et conseils personnalisés, du matériel de réduction des risques (kit d’injection, préservatif, pipa à crack, bouchon d’oreilles, etc.), la récupération du matériel usagé, des soins infirmiers et un soutien psychologique. Ouvert le mardi de 13 h 15 à 17 h, le mercredi de 9 h à 12 h et le vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h 15 à 16 h 45.
Où ? 38 place du Bas de Montsort à Alençon. Accueil confidentiel, anonyme et gratuit.
Accueil téléphonique du lundi au vendredi au 02 33 32 00 11. Mail : drogaide@wanadoo.fr
Du matériel est également disponible au distribox à l’entrée de l’hôpital d’Alençon, rue de Fresnay.

Dorg'Aide assure aussi la mise à disposition du matériel dans le distribox à l'entrée de l'hôpital d'Alençon.
Dorg'Aide assure aussi la mise à disposition du matériel dans le distribox à l'entrée de l'hôpital d'Alençon.

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