« Jamais le Père Denis n´a été mêlé d´aucune façon aux questions politiques ou militaires. C´était une âme toute simple. Tout simplement, il a donné sa vie ».
Qui parle ainsi ? Mgr Urkia, en évoquant Marcel Denis, un prêtre né à Alençon, mort en martyr l’été 1961, au Laos, là où il était parti quinze ans plus tôt.
À l’école publique
Marcel Denis est un gars de Montsort : il est né rue du Mans, devenue avenue Leclerc. Il a été baptisé en l’église du quartier. Il a habité chemin Saint-Gilles. Il a fréquenté les chapelles Saint-Gilles et Notre-Dame-de-Lorette, et l’école publique du quartier.
À l’âge de 6 ans, ce fils d’un employé de la SNCF veut devenir prêtre. À 13 ans, il entre au petit Séminaire de Sées, puis au Grand Séminaire. Puis au séminaire des MEP : Missions Étrangères de Paris.
En avril 1945, il est ordonné prêtre. Onze mois plus tard, il quitte la France pour le Laos, pays qui va connaître une guerre civile.
« Il a dû se traîner »
En avril 1961, il est arrêté. On ne le reverra plus. Il sera exécuté. Quand précisément ? Officiellement le 31 juillet.
En avril 2011, Thérèse Despierres, sa sœur née en 1927, évoquait son frère dans l’Orne Hebdo :
« là-bas, les missionnaires étaient considérés comme des espions. C’était la guerre et les soldats venaient chercher mon frère pour l’emmener dans un camp. Comme il était malade et affaibli, il a dû se traîner. Les soldats (communistes) n’ont pas voulu s’embarrasser et l’ont supprimé ».
Une hypothèse qui tient la corde.
Marcel Denis avait 42 ans.
Dernière messe
Thérèse Despierres évoquait la dernière messe célébrée en 1946 par son frère avant son départ en Asie, dans l’église Notre-Dame d’Alençon, plus précisément dans la chapelle Sainte-Thérèse, sa compatriote qui l’a toujours accompagné : « j’étais la seule dans l’assistance. J’avais froid et j’étais malade pour lui. Il avait les mains gelées sur son calice ».
Semence enfouie
Autre souvenir, celui laissé par Marcel Signale qui l’a côtoyé. Morceaux choisis :
« Marcel était un homme simple et droit, d´une humilité parfaite ne laissant pas la place à la moindre forfanterie ».
Le Laos ? « Un pays dur, fruste, où les conditions d´existence étaient rudimentaires ».
Marcel Denis « sut s´adapter, avec un certain amusement, à cet environnement très naturel, sans jamais se plaindre de la vie qu´il menait. Maigre de la pauvreté du régime quotidien, barbu, jaunâtre des fièvres accumulées et des dysenteries persistantes, il allait, imperturbable, là où son devoir l´appelait ».
Et de conclure : « Quinze ans durant, il a répandu l´Évangile. Au bout de quinze ans de labeur, le 17 avril 1961, Marcel disparut pour toujours. Son œuvre demeura inachevée. Dieu saura, en son temps, faire lever la semence enfouie ».
JMF