Au 40 rue de Lancrel, l’antenne de l’ASE (Aide sociale à l’enfance) de Paris assure la prise en charge de 76 enfants (0-21 ans) et emploie 16 agents (travailleurs sociaux, accompagnateurs, agents administratifs, agents d’entretien, directeur adjoint et directeur). Mais la Ville de Paris veut mutualiser les trois services de placements familiaux de la région (Alençon, Bellême et Écommoy : soit 56 agents, 187 assistants familiaux, 288 enfants) sur un seul site, au Mans (à proximité de la gare).
Les locaux alençonnais seront donc vendus et, à compter de septembre 2017, le personnel exercera au Mans : « Nous sommes contre cette délocalisation mais nous n’avons pas le choix, elle est désormais actée », déplore un agent d’Alençon.
Maintenir des locaux à Alençon
Mardi 29 novembre, l’équipe était dans la rue pour manifester son désaccord avec le conseil d’administration. Un mouvement très suivi : quatorze agents ont fait grève. Les demandes adressées (dont obtenir que la fermeture des trois sites des services d’accueil familiaux de l’Ouest soit reconnue officiellement à la place du terme « réorganisation » ou obtenir un accord en faveur d’un aménagement du temps de travail pour permettre aux agents de travailler sur quatre jours) ont toutes été refusées lors d’une audience syndicale accordée mercredi 23 novembre.
Les agents mobilisés poursuivent tout de même le combat sur un point : le maintien de locaux (type appartement avec plusieurs bureaux) à Alençon pour « continuer à suivre les enfants à proximité ».
Une demande appuyée par les familles d’accueil, également présentes lors de la manifestation : « Il est clair que les enfants ne pourront bénéficier du même soutien et du même accompagnement si les éducateurs sont au Mans », déplore Nathalie, qui accueille deux enfants. Domiciliée à 2 h 15 du Mans, elle redoute la future organisation : « Ce sera beaucoup d’heures passées sur la route, plusieurs fois par semaine, pour une rencontre d’une heure avec les parents. Comment l’enfant accueillera-t-il cette visite ? A-t-on pensé à son bien-être ? », interroge-t-elle.
La crainte, aussi : se voir retirer les enfants placés, parfois depuis de nombreuses années, afin de les rattacher à une famille plus proche du Mans. « On nous a promis que cela n’arrivera pas, mais aucun document écrit ne le confirme », explique Martine, domiciliée elle aussi à plus de deux heures du Mans.
Pour permettre aux éducateurs de « poursuivre leur mission localement », et obtenir le maintien de bureaux à Alençon, les grévistes envisagent de boycotter les ateliers dédiés à la construction du projet manceau.