La « Baie des Veys » n’est autre que le prolongement maritime du « col du Cotentin » érigé entre les plateaux du Plain et du Bessin. Elle constitue un espace profond de plus de 37 kilomètres où se croisent les eaux vives et douces venant d’un large bassin de 3.500 km et les eaux salées en provenance de la mer. Cette fusion en fait toute son originalité et toute sa richesse au plan biologique.
Le Grand Vey
Aussi, est-ce une zone de sédimentation, formée comme un gué qui évoque la possibilité de la franchir à dos de cheval entre le « Grand Vey » et Saint-Clément, avant le passage des chenaux majeurs. Dans les archives paroissiales, ce golfe entre le Cotentin et le Bessin est couramment désigné « La Grande » ou « Le Grand Vey ».
Avant la construction du franchissement routier du « Petit Vey », c’était un lieu très fréquenté, un passage obligé qui reliait la façade orientale à la côte occidentale de la Normandie. Maintes voies romaines (ou « grandes voies ») d’origine gauloises pour la plupart, existaient en cet endroit. En patois, les Normands les appelaient « vaies » ou « vays » qui ont aboutis au vocable utilisé désormais.
2000 hectares de polders
Des herbus ont gagné progressivement sur les vasières. De 1856 à 1972, plus de 2000 hectares de polders ont été mangés par le domaine agricole derrière les digues qui ferment l’horizon de ce plat pays fait d’herbages sur lesquels se sont développées de rares exploitations.
Du côté occidental, le courant de la mer engraisse la partie sablonneuse de « La Madeleine » qui s’épaissit et relève l’estran devant Sainte-Marie-Du-Mont. C’est en ce lieu qu’a été identifiée au début du XXe siècle la « Spartine de Towsend »avant qu’elle ne se propage sur les rivages continentaux.
Les coquillages (huitres sauvages, moules, coques et palourdes) étaient nombreux et suffisaient à alimenter une centaine de pêcheurs à pied professionnels. Les poissons trouvaient également dans ces eaux adoucies par le courant un espace de prolifération.
Nouvel arrivé, le phoque dit « veau marin » vient se reproduire en cet endroit depuis le début des années 1990.
La diversité de ces biotypes est surtout une réponse à l’importance de ces espèces au plan international. Plus de 20.000 oiseaux s’y rencontrent pour une simple escale (bernache bravant) ou une halte plus longue (pluvier argenté, l’huitrier-pie, le grand Gravelot, le Courlis Cendré, la Barge Rousse ou encore le Chevalier Gambette)
Ce parc ornithologique de Beaugillot offre une protection aux animaux sur plus de 150 hectares désertiques et dédié à cette vocation. Ces roches, couvertes de landes, étaient jadis recouvertes par la mer. Elles constituaient d’anciens « schorres » gagnés sur les flots et 350 hectares sur le domaine public maritime.
Cette réserve assure le suivi des mammifères marins dans un projet global de développement des populations.
L’hiver, quand la mer est très haute, elle reçoit quelques 40.000 oiseaux.
Gérard ROGER.