Le domaine et même l’ « empire » Plantagenêt, après 1204 et la prise de Château-Gaillard, va être constamment réduit sous les coups de butoir des rois de France et de sa chevalerie.
Pour le Roi Philippe-Auguste (dont l’un des fidèles s’appelait de Gaulle) la conquête de la Normandie était l’un des objectifs majeurs de ses visées !
Elle avait notamment pour heureuse conséquence de lui ouvrir un large accès à la mer et il brisait également cette menace qui pesait en permanence sur son royaume.
Le choix de la noblesse normande
L’une des première décisions du souverain fut d’obliger la Noblesse normande à choisir entre ses possessions en Normandie et outre-Manche.
Cela eut pour conséquence l’émigration d’un grand nombre de seigneurs dans la grande île.
La période de paix qui allait suivre pendant environ un siècle, allait permettre aux Normands, devenus Français, de développer leurs activités traditionnelles à commencer par la pêche et l’agriculture.
Les rois de France qui succédèrent à Philippe-Auguste, le pourfendeur de Jean Plantagenêt, le « maudit Prince Jean », que ce soit les Louis VIII, Philippe III et IV dit aussi « Le Bel », ne vont avoir de cesse de chasser des terres normandes ces « imbuvables »Anglais.
Au royaume de France les Lys ne filent point
Philippe « Le Bel » donna naissance à trois fils qui s’emparèrent successivement de la couronne de France mais sans engendrer d’héritiers. Faute de successeur de la même branche, le royaume passa alors à des cousins, les Valois !
La fille de Philippe IV, Isabelle de France, qui avait épousé Edouard II d’Angleterre, revendiqua alors le royaume de France pour son fils, Edouard III.
Aucune solution n’étant apparue lors des discussions, en 1337 une guerre éclate ! Les chroniqueurs allaient appeler ce conflit : « La Guerre de Cent Ans » !
La Normandie fut naturellement l’un des principaux théâtres d’opération de cet interminable et cruel affrontement. Ce territoire fut pour les deux royaumes un enjeu important !
Trois courants politiques
Trois courants politiques étaient identifiés en Normandie :
- Un parti « pro-anglais »,
- En opposition un autre « pro-normand »
- Et enfin un troisième qu’on pourrait qualifier de « pro-français » !
Plusieurs rois d’Angleterre, empruntant les ports de leurs ancêtres normands, débarquèrent à La Hougue, Barfleur, Touques qu’ils considéraient comme des « portes naturelles » de la province.
Pendant ce temps, les troupes françaises tentent une approche sur les côtes anglaises et arment, pour réussir ce débarquement, neuf vaisseaux et un millier d’hommes dont le départ s’effectue à partir de Barfleur.
Cette opération s’avère désastreuse !
Disette et peste
Le 3 juillet 1346, le roi d’Angleterre, Edouard III débarque à SAINT-VAAST-LA-HOUGUE et s’empresse d’établir en ce lieu une solide tête de pont avec l’aide de Geoffroy d’Harcourt.
Seigneur de Saint-Sauveur-Le-Vicomte, Edouard met à sac Barfleur, assiège Valognes et encercle, le 20 juillet, la cité de Carentan. Au passage, le roi d’Angleterre a dévasté Montebourg et Sainte-Mère-Eglise.
Les combats sont acharnés et la période est marquée de plus par des épidémies, renforcées par des catastrophes naturelles, qui entrainent des décès et une chute démographique sans précédent en Normandie.
Dans le Cotentin, la disette et la maladie, liée à la peste, vont provoquer la mort de la moitié des habitants.
Au lieu-dit : « La Vallée de la Misère », dans les marais de Sainte-Mère-Eglise, existait un hameau dont la population fut anéantie par les combattants anglais. Ceux qui restaient moururent de la peste.
Ce même pays, en 1355, dut supporter l’occupation du Fort du Houlme et des marais de Chef-Du-Pont par Charles de Navarre, allié du roi d’Angleterre. Après avoir conquis le Cotentin, celui-ci se rendit à Cherbourg avec 10.000 hommes !
En 1338, les forces anglaises commandées par le comte d’Arundel tentent une nouvelle percée au départ de Cherbourg, où se trouve leur garnison, à destination de la presqu’île.
Après la célèbre défaite d’Azincourt,en 1415, la Normandie, dont beaucoup de places fortes et de cités ont été massacrées, subit à nouveau l’occupation anglaise.
En 1417, plusieurs centaines de navires anglais jettent l’ancre sur la plage de Trouville.
Deux ans plus tard, la cité d’Honfleur (que Charles V a fait fortifier) est prise par les Anglais qui l’occuperont jusqu’en 1450. Ils construiront plusieurs bâtiments et notamment l’église Sainte-Catherine.
En 1450, Charles VII libère la cité et quelques années plus tard, une opération de représailles est menée en Angleterre. Les Français attaquent la ville de Sandwich (aujourd’hui jumelée avec Honfleur).Les maisons sont attaquées et détruites.
Le Cotentin, terre de batailles
Pendant ce temps, les rois d’Angleterre et notamment Henri V et le régent Duc de Bedford, voulant flatter les élites normandes, créent des institutions commerciales, administratives mais aussi l’Université de Caen ! en 1432.
Peu à peu, les troupes anglaises refluent sous la pression des Français. La Guerre de Cent Ans s’achèvera là où elle avait commencée : dans le Cotentin !
Elle se terminera en effet au « Grand Vey » : Thomas Kyriel s’engagea dans le franchissement de la célèbre baie et les troupes françaises résistèrent en s’immobilisant au milieu du gué ! Ils réussirent à tenir jusqu’à la montée des eaux ! Le lendemain, les Anglais forcèrent le passage.
Les survivants reculèrent vers cet endroit stratégique à marée montante mais nombre d’entre eux furent emportés par la mer.
Les rescapés furent attirés vers les rivages par les paysans qui avaient accourus au son du tocsin. Les Anglais seront anéantis à Formigny en avril 1450. Un humble monument rappelle encore l’horreur des combats dans ce hameau paisible situé aujourd’hui dans le département du Calvados. Les anglo-saxons survivants reprendront le bateau à Cherbourg.
Souvenons-nous qu’en 1341 se déroulèrent le procès puis la mort sur le bûcher, dans la capitale normande : ROUEN, de Jeanne, dite « La Pucelle » !… Episode de l’histoire de France que l’on ne peut comprendre que si l’on connait le passé de la Normandie et… l’histoire de l’Empire Plantagenêt !
L’évêque Cauchon qui présidait le tribunal ecclésiastique chargé de juger la jeune fille repose dans l’une des chapelles abyssales de la Cathédrale de Lisieux… dont il fut l’Evêque !
Gérard ROGER.