A l’heure du « Bio », comme on prétend en de nombreuses boutiques vendre du vinaigre balsamique, on revendique aujourd’hui la commercialisation des fameux agneaux de prés-salés presque partout en Normandie !
Tradition pascale
Les bouchers normands, quelques semaines avant Pâques, se rendaient jadis sur les marchés du Cotentin où ils achetaient de véritables produits élevés au grand air marin et nourris exclusivement sur les herbus qui entourent le Mont-Saint-Michel. Abattus, ils étaient ensuite fièrement exposés à la vue de leur fidèle clientèle
Les marchés s’ouvraient à quatre ou cinq heures du matin et la viande était encore vendue à la livre dans les années 1950 (On ignorait volontairement le kilogramme qui rappelait trop l’hexagone !) Pour compliquer les affaires, les transactions se faisaient en pistoles, écus et sous dans un patois incompréhensible pour la plupart de nos artisans de l’Orne ou du Calvados! Autant dire qu’il fallait être rompu à ce commerce pour espérer repartir du foirail avec la bétaillère pleine d’animaux !
Dans la petite ville de Brécey (aujourd’hui « Station Verte de Vacances ») située à environ 25 kilomètres du célèbre rocher, les éleveurs s’agitaient quand venait l’anniversaire de la mise au tombeau du Christ.
Le champ de foire était connu sur tout le territoire et rempli dès les premières lueurs de l’aube.
Rite immuable
Entre deux crêpes au sarrazin garnies de saucisses, marchands et éleveurs étaient nombreux à vanter les mérites de leurs bestiaux ! Lors du printemps, il était de coutume de manger un gigot ou une épaule avec des fayots et les abatteurs de la région, carême passé, se rendaient en délégation dans ce pays réputé pour y faire leurs achats.
Comme nous l’avons précisé, ce commerce était l’occasion d’un rite immuable !
La vente se terminait souvent par une tasse de « cafeu » et un verre de calvados dans l’un des nombreux bistrots du village qui était équipé, précisons-le, d’une étable pour accueillir provisoirement les animaux laineux !
Au cœur de ce hameau s’écoule paisiblement « La Sée », rivière de 1ère catégorie, où les amateurs de pêche à la truite ou au saumon s’égayent !
Cette paisible bourgade est le berceau natal de la famille de VASSY qui s’illustra aux côtés de Guillaume dit « Le Bâtard »en Angleterre.
Gérard ROGER.