Dans un communiqué de presse envoyé jeudi 6 octobre, le directeur du CHIC (Centre hospitalier intercommunal) Alençon-Mamers, Yves Geffroy, signale que la mise en œuvre de la nouvelle organisation des missions du Smur (Service mobile d’urgence et de réanimation), initialement programmée le 1er janvier 2017, est « repoussée ». Réorganisation à l’origine de la grève des personnels du Smur (15 personnes), entamée le 19 septembre.
Yves Geffroy « invite à la tenue de réunions de travail associant tous les acteurs professionnels concernés ».
« Nouveau contexte budgétaire »
Ces réunions auront pour objectif « d’examiner les modes horaires, les organisations, les impacts financiers et l’évolution professionnelle des conducteurs ambulanciers découlant, d’une part, des conclusions de l’audit demandé par l’Anap – Agence nationale d’appui à la performance – et ayant donné lieu à un plan en dix points arrêté par le directoire du Chic, le 27 juin 2016 ; et d’autre part intégrant le nouveau contexte financier issu de la mise en œuvre d’une modélisation du financement du Smur qui s’impose depuis l’été 2016 à la Normandie », indique le directeur.
« À compter du lundi 10 octobre et jusqu’à l’émergence de cette nécessaire nouvelle organisation, tributaire du nouveau contexte budgétaire imposé, les conducteurs ambulanciers vont continuer à exercer leurs missions dans le même cadre en vigueur avant le déclenchement de leur grève, si ce n’est que le Chic va se mettre en conformité quant à la composition de son équipage (présence systématique d’un(e) infirmier(e) formé(e) jusqu’alors inexistant(e)) lors de la sortie du 2e Smur », poursuit-il.
« Maintenant, l’heure doit être à une réflexion constructive de tous les acteurs concernés, et dans l’intérêt général de la qualité et de l’efficience de l’offre de soins offerte à la population, mais dans une autre vision, départementale et régionale ». La réflexion devra « tenir compte de l’environnement financier plus contraignant qui s’impose dorénavant à tous les dispositifs Smur des centres hospitaliers de Normandie. Elle devra donc émerger dans un calendrier assez pressant ».
Quant à l’évolution du Samu 61, la direction précise que les travaux « relèvent et ont toujours relevé d’un autre niveau que celui du Chic Alençon-Mamers ».
« Rien de concret »
Le personnel du Smur (qui a pu rencontrer Joaquim Pueyo – président du conseil de surveillance – et la direction du Chic lors de deux rendez-vous distincts, lundi 3 octobre), estime que les annonces du directoire ne représentent « aucune avancée ». « L’organisation de réunions de travail est un point positif, c’est peut-être à ce moment que l’on va pouvoir commencer à réfléchir sur la réorganisation du service, en étant pleinement associés », espère Jean-Marc Chompton, cadre technique chargé de la gestion des ambulances du Smur. Mais le personnel concerné avait demandé « un calendrier précis, des propositions concrètes, chiffrées », et il estime n’avoir obtenu « qu’une feuille de route reprenant les éléments du conflit ».
Selon les équipes du Smur, l’annonce de la direction ne « répond à rien ». Exemple : « On nous informe que la réorganisation est repoussée. Mais à quand ? Au 2 janvier ? On veut des dates », insiste Jean-Marc Chompton. Le personnel du Smur poursuit donc la grève. Tout comme les assistants de régulation médicale du Samu 61 (Service d’aide médicale urgente ? 14 personnes). Les deux services ont recueilli près de 3 000 signatures de soutien sur le piquet de grève, au centre hospitalier d’Alençon. Et 686 internautes ont également apporté leur signature numérique.
« Otage sanitaire »
Le Conseil départemental de l’Ordre des médecins de l’Orne et l’Association des praticiens pour la permanence des soins d’urgences (Appsum 61) soutiennent les personnels du Samu-Smur qui « défendent et demandent que soient respectés les engagements du Schéma régional d’organisation sanitaire », annoncent-ils.
« Détruire le modèle institué en 2008 en partenariat avec l’État, l’ARS – Agence régionale de santé, les hôpitaux, le Samu et la médecine ambulatoire, c’est prendre les Ornais en otage sanitaire et c’est condamner la démographie médicale ornaise ». Et d’interroger : « Pourquoi tant d’acharnement sur l’Orne ? ».